Chaque semaine, Perspective Europe, l'association du master "Affaires
européennes" de Sciences Po Bordeaux, revient sur l'actualité
bruxelloise et européenne sur euradio.
«
Quoi de neuf en Europe ? », c’est le nom que porte la chronique
hebdomadaire réalisée par l’association Perspective Europe. Les
étudiants du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux se
sont donnés pour mission de décoder pour vous, chers auditeurs,
l’actualité des Etats européens. Alors quels ont été les
moments forts de la semaine qui vient de s’écouler ? On en discute
tout de suite avec Fiona Paulin.
Alors Fiona, dites-moi : quoi de neuf en Europe ?
Ursula von der Leyen s’est rendue ce samedi 4 novembre à Kiev, en Ukraine, pour la sixième fois depuis le début de la guerre en février 2022. Elle y a rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, afin d’aborder la possible adhésion de l’Ukraine à l’Union Européenne. Lors d’un discours à la gare de Kiev, elle a notamment souligné les progrès réalisés par le pays depuis juin dernier, les qualifiant d’”excellents” et apportant son soutien à la candidature du pays. Elle s’est dite “impressionnée par les réformes entreprises par l’Ukraine en pleine guerre”. Ces propos précèdent la publication d’un rapport de la Commission Européenne ce mercredi 8 novembre au sujet des avancées ukrainiennes dans le cadre du processus d’adhésion à l’UE.
Y-avait-il d’autres raisons à la venue d’Ursula von der Leyen en Ukraine ?
Oui, alors que la guerre continue de faire rage sur le territoire ukrainien, la présidente de la Commission européenne voulait également discuter du soutien financier apporté à l’Ukraine par l’Union Européenne et des futures sanctions envisagées contre la Russie, affirmant que le douzième paquet de sanctions de l’UE est en cours de préparation.
En quoi cette visite est-elle symboliquement importante pour l’Ukraine ?
Il y a deux raisons qui expliquent le fort retentissement de cette visite, surtout côté ukrainien. Tout d’abord, en affirmant avoir confiance en l’Ukraine pour progresser afin d’adhérer à l’UE, elle affiche une position favorable qui pèsera certainement dans la balance au moment de la décision finale. Ensuite, le contexte international a provoqué des inquiétudes profondes chez Zelensky quant au soutien des occidentaux. En effet, avec le conflit entre Israël et le Hamas, les yeux des pays occidentaux sont dorénavant rivés sur cette région du monde plutôt que sur l’Ukraine. Les Etats-Unis souhaitent soutenir massivement leur allié israëlien, tout en essayant difficilement de s’accorder sur les aides financières allouées aux autres pays étrangers, notamment à l’Ukraine.
Cela peut donc expliquer ce soutien moins franc qu’auparavant de la part des Etats-Unis ?
Absolument. Si l’aide à Israël fait consensus dans le pays, c’est parce qu’Israël est un partenaire de longue date et un allié majeur des Etats-Unis. Ainsi, les deux camps, démocrates comme républicains, n’ont eu aucun mal à se mettre d’accord pour adopter une aide militaire sans tarder pour l’Etat juif. Cependant, il n’en va pas de même pour l’aide apportée à l’Ukraine, qui divise le Congrès américain. La Chambre des Représentants, désormais majoritairement dominée par les conservateurs, avec à leur tête le nouveau “speaker” Mike Johnson, se montre moins favorable au soutien militaire de l’Ukraine. Dans cette période de doute, la présence d’Ursula von der Leyen permet donc de rassurer le président ukrainien et de réaffirmer le soutien de l’Union Européenne.
Quelle a été la réaction de Volodymyr Zelensky ?
Alors que la conflit avec la Russie ne faiblit pas, le président ukrainien a appelé les Etats-Unis à apporter un soutien financier encore plus important pour contrer définitivement la Russie. Il estime également que cette aide est vitale pour empêcher les soldats américains de se retrouver impliqués directement dans le conflit, déclarant : “Si la Russie nous tue tous, elle attaquera les pays de l’OTAN et vous devrez alors envoyer vos fils et filles pour combattre”.
Le président ukrainien a également tenu à répondre à Donald Trump.
Effectivement, l’ancien président américain avait déclaré plus tôt dans la semaine pouvoir mettre fin à la guerre en moins de vingt-quatre heures s’il était réélu. Volodymyr Zelensky l’a donc invité à se rendre sur place afin d’évaluer de lui-même la situation. Il a ensuite affirmé qu’il rejetait formellement des discussions avec la Russie à ce stade, déclarant n’être “pas prêt à parler avec les terroristes”. Il a finalement rappelé que l’adhésion à l’Union européenne est l’un des objectifs géopolitiques les plus importants de son gouvernement.
Quelle est la suite du processus d’adhésion pour l’Ukraine à ce jour ?
Volodymyr Zelensky doit poursuivre les réformes entreprises il y a quelques mois au sujet du système judiciaire et de la corruption, véritable épine dans le pied du président ukrainien. Il affirme que son pays sera “aussi prêt que possible” pour l’entame des négociations. Mais ce seront les 27 Etats de l’Union européenne qui décideront en décembre de l’ouverture ou pas de négociations formelles avec l’Ukraine pour son adhésion. Attention, cela ne signifie pas pour autant une adhésion dans les prochains mois, mais le début d’un long processus qui peut durer jusqu’à dix ans, comme cela fut le cas avec la Croatie.