Quoi de neuf en Europe ?

Quoi de neuf en Europe ? - Leila Lefevre

Quoi de neuf en Europe ? - Leila Lefevre

Profitez de la chronique "Quoi de neuf en Europe ?" chaque semaine sur euradio. Retour sur l’actualité européenne avec Perspective Europe, l’association du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux.

Dans cet épisode, revenons sur les moments forts de la semaine qui vient de s’écouler avec Leila Lefevre

Alors, dites-moi : Quoi de neuf en Europe ?

Rendons-nous d’abord au Luxembourg, où le glyphosate, l’herbicide controversé le plus utilisé au monde, fait son grand retour après avoir été interdit en février 2020.

Surprenant, alors que l’UE paraît être en phase de l’interdire. Le Parlement européen avait d’ailleurs demandé sa suppression progressive dès 2017.

Oui et non ! Le Parlement avait effectivement voté cette résolution, qui demandait la suppression définitive de l’herbicide en 2022 juste avant le vote des États pour renouveler son autorisation sur le territoire européen. Mais elle n’a pas été prise en compte, puisque les États ont finalement voté pour le renouvellement jusqu’à 2022.

Cette date limite est donc dépassée. Où en est-on de ce processus ?

Eh bien, il n’est toujours pas abouti, puisque l’autorisation du glyphosate a été temporairement prolongée par la Commission jusqu’en 2023. Selon Le Monde, c’est pour donner le temps à l’Agence européenne de sécurité des aliments de rendre ses conclusions sur l’étude des risques du produit. En-tout-cas, la décision du Luxembourg n’est absolument pas en contradiction avec l’Union européenne.

Mais ce revirement n’intervient pas à la suite d’un rappel à l’ordre de l’exécutif européen, qui en est à l’origine ?

Ouest France nous explique qu’il s’agit de la cour administrative, qui a mis en avant l’absence d’argumentation juridique et le non-respect des normes européennes. Elle rend ce jugement après avoir été saisie par le géant Bayer, qui a déposé un recours. Sans surprise, le groupe se félicite de cette décision, qui empêche l’interdiction de ses produits, notamment le très célèbre Roundup.

Il n’y a pas que le glyphosate qui a fait polémique cette semaine : on a beaucoup entendu parler de la police en France.

Oui, le maintien de l’ordre « à la française » a fait grincer des dents, dans un contexte de forte colère vis-à-vis de l’impopulaire réforme des retraites, mais aussi face au projet de construction de mégabassines à Sainte-Soline.

Qu’est-ce qui provoque la controverse dans ces rencontres ?

C’est la forte accumulation de témoignages de violences policières, parfois confirmés par des vidéos, depuis le début des mobilisations. Un militant éborgné, un étudiant menacé et giflé, voilà deux exemples parmi une longue liste. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, estime que ce sont des cas isolés.

Cette opinion ne semble pas faire l’unanimité.

Loin de là, plusieurs organisations internationales, comme Human Rights Watch, Amnesty International et le Conseil de l’Europe expriment une forte inquiétude face à la violence et aux dérives du maintien de l’ordre en France.

Et c’est pour ça que certaines préconisent de s’inspirer des bonnes pratiques observées à l’étranger.

Exactement, en commençant par l’équipement utilisé : l’usage de gaz lacrymogène est interdit en Belgique, en Allemagne, et en Suède. Le lanceur à balles de défense, le fameux « LBD » qui a suscité de nombreux débats depuis la crise des Gilets jaunes, est loin d’être une norme. Son usage est interdit dans les pays nordiques, en Irlande, et en Belgique.

Et en dehors de l’équipement, de quoi pourrait-on s’inspirer chez nos voisins européens ?

Sur la gestion des rassemblements en général, certains pays n’adoptent pas du tout la même approche qu’en France. D’après libération, les champions du maintien de l’ordre apaisé sont l’Allemagne et le Royaume-Uni, notamment grâce aux équipes dont la seule fonction est d’assurer le lien la communication et la médiation entre les forces de l’ordre et les manifestants. En-tout-cas, pour l’heure, la France ne figure pas parmi les bons élèves du maintien de l’ordre.

Affaire à suivre, donc. Terminons cette discussion en Finlande, qui célèbre son adhésion record à l’OTAN.

En effet, c’est officiel depuis le mardi 4 avril. Le pays est donc désormais le 31e membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, et s’est fait remarquer pour la vitesse de son processus d’adhésion, un des plus rapides de l’histoire de l’Alliance, raconte le Monde.

C’était une journée très importante pour tous les acteurs impliqués.

Assurément, M. Stolteberg, secrétaire général de l’OTAN, a même parlé d’une « journée historique ». Et à raison, puisqu’elle a marqué la fin de près trente ans de politique de non-alignement en Finlande et en Suède, guerre en Ukraine oblige. L’Alliance ne peut que se réjouir de cette addition : c’est une grande victoire géopolitique, et la Finlande possède de l’artillerie performante et de nombreux soldats mobilisables.

Cet événement risque de provoquer des tensions. Quelles réactions de la part de la Russie ?

Pas de surprise, Moscou le voit comme une menace et le projet de l’Ukraine d’intégrer l’OTAN a été mis en avant comme une raison d’envahir le pays. La Russie, fait donc face à la situation qu’il voulait absolument éviter, car il partage désormais 1 300 km de frontière avec l’OTAN. L’exécutif russe a déjà annoncé le renforcement militaire de ses frontières au nord-est.

Entretien réalisé par Laurence Aubron.