Chaque semaine sur euradio, Perspective Europe, l'association du master "Affaires européennes" de Sciences Po Bordeaux, revient sur l'actualité bruxelloise et européenne.
Aujourd’hui nous revenons sur la dernière rencontre qui a eu lieu ce samedi 26 avril entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, une première discussion directe entre les deux hommes depuis leur échange houleux à la Maison Blanche le 28 février dernier.
Dans quel contexte cette rencontre a-t-telle eu lieu ?
Les deux chefs d’Etat se sont retrouvés à Rome au sein de la basilique Saint Pierre, en marge des funérailles du pape François. Cet échange intervient dans un contexte où la pression diplomatique s’intensifie pour tenter de trouver une issue au conflit en Ukraine, et cela alors que la situation militaire sur le terrain devient de plus en plus complexe pour Kiev.
Quel bilan de cet échange a été dressé par les deux camps ?
Volodymyr Zelensky parle d’une « bonne réunion » et espère que les différents points qui y ont être abordés pourront être mis en place. La Maison-Blanche a, de son côté, parlé d’un échange « très productif » pour atteindre son objectif principal : mettre un terme le plus rapidement possible au conflit, même si l'on devine des divergences de fond.
Quels sont les raisons principales des réserves émises par l'Ukraine vis-à-vis du futur rôle des Etats-Unis ?
Kiev redoute que Donald Trump privilégie un accord rapide, même au prix de concessions lourdes pour l’Ukraine. Le président des Etats-Unis a par exemple récemment déclaré que la Crimée, annexée par la Russie en 2014, devrait rester sous contrôle russe, une position totalement inacceptable pour Volodymyr Zelensky. Pour l’Ukraine, accepter de telles concessions signifierait compromettre sa souveraineté nationale et légitimer l'agression militaire.
Sur le plan militaire, quelles sont les dernières évolutions ?
Sur le terrain, la Russie affirme avoir totalement reconquis l'oblast de Koursk, un territoire où l'armée ukrainienne avait mené une contre-offensive l'été dernier. Kiev dément et assure que les combats se poursuivent. Toutefois, la dynamique est défavorable à l’Ukraine, ce qui accroît la pression sur Volodymyr Zelensky, notamment dans l'optique d'éventuelles négociations.
Quel est aujourd'hui l’état d'esprit de Donald Trump à l'égard de Vladimir Poutine ?
Malgré l’accélération des discussions entre Washington et Moscou, Donald Trump avance avec prudence. Sur sa plateforme Truth Social, il a exprimé ses doutes quant à la sincérité du président russe, en particulier après les frappes récentes ayant visé des civils en Ukraine. Il a évoqué la possibilité de nouvelles sanctions économiques si la Russie ne se montrait pas sérieusement engagée dans la recherche de la paix. Il est donc dans une logique d’ouverture, mais aussi de vigilance.
Pour finir, quelle est la position des alliés européens dans ce contexte tendu ?
La France et le Royaume-Uni, deux puissances nucléaires, demeurent des soutiens essentiels pour l'Ukraine. Le président Emmanuel Macron a insisté sur le fait que l'Ukraine est prête pour un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, et il a appelé Vladimir Poutine à démontrer sa volonté réelle de paix. Par ailleurs, Paris et Londres pourraient jouer un rôle déterminant dans la mise en place de garanties de sécurité pour l’Ukraine en cas d’accord. Leur implication est donc primordiale pour contrebalancer une éventuelle pression excessive américaine.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.
