Chaque semaine sur euradio, Perspective Europe, l'association du master "Affaires européennes" de Sciences Po Bordeaux, revient sur l'actualité bruxelloise et européenne.
Alors dites-moi Léa, quoi de neuf en Europe cette semaine ?
Jeudi dernier, le 27 mars, l’Elysée a accueilli une « réunion sur la paix et la sécurité pour l’Ukraine, également désignée comme « coalition des volontaires » ou « conférence des volontaires ». Elle s’inscrit dans le prolongement de l’initiative lancée à Paris le 17 février dernier, et cette conférence, présidée par Emmanuel Macron, a réuni les chefs d’Etat et de gouvernement de 31 pays, et notamment la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
L’objectif était de se mettre d’accord sur la forme que prendrait le soutien militaire des alliés de l’Ukraine, et notamment de préparer une « force de réassurance », soit un éventuel déploiement de force de plusieurs pays européens, dans la mesure où des accords de paix seraient signés.
Mais alors, plus concrètement, sur quels sujets se sont portées les discussions ?
Et bien, les participants ont échangé sur plusieurs sujets : la question d’un renforcement immédiat de l’assistance à l’Ukraine, la manière dont un cessez-le-feu peut être mis en oeuvre et étendu, les modalités d’un soutien à l’Ukraine et à son armée dans la durée, et les garanties de sécurité nécessaires pour l’Ukraine. Le tout dans une approche pacifiste, reposant uniquement sur la dissuasion, et sans la prétention de remplacer les forces ukrainiennes. Des travaux de planification sont prévus, afin de clarifier les contributions de chaque pays membre de la coalition pour élaborer un plan d’action. Et tout ceci représente la 1ère phase d’un projet défendu depuis plusieurs semaines par Paris et Londres.
Vous venez d’évoquer le rôle de Londres, et on observe effectivement que le premier ministre britannique joue un rôle important dans l’élaboration de cette coalition. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet ?
Effectivement, le premier ministre travailliste Keir Starmer a été très présent aux côtés d’Emmanuel Macron ces dernières semaines, et notamment depuis l’élection de Donald Trump. La France et le Royaume-Uni, ----- les deux puissances militaires du continent, coordonnent leurs efforts en vue d’un déploiement européen en Ukraine et agissent actuellement comme des moteurs de cette coalition. Il est d’ailleurs prévu qu’une mission franco-britannique se rende sur place dans les prochains jours afin de déterminer le nombre de soldats européens dont Kiev aurait besoin, ainsi que les différentes zones où les déployer.
Et qu’en est-t-il des autres pays membres de cette coalition ?
Pour l’instant, mise à part l’union affichée de Paris et Londres, on constate une division entre les différents pays représentés jeudi dernier. Tous ne soutiennent pas l’idée d’envoyer des troupes après un éventuel accord de paix, et certains conditionnent leur participation au maintien du filet de sécurité américain. D’autres n’ont tout simplement pas les capacités de participer militairement à ce projet. C’est pour cette raison que pour l’instant, le Royaume-Uni et la France se contenteront d’envoyer une équipe qui travaillera avec l’armée ukrainienne pour « s’assurer qu’elle est formée et équipée pour dissuader l’agression russe ». C’est ce qu’a précisé Emmanuel Macron, qui considère d’ailleurs que l’unanimité complète n’est pas nécessaire pour agir.
Donc pour l’instant, on peut dire que le projet du couple franco-britannique ne suscite pas beaucoup d’enthousiasme parmi les partenaires européens,
Et cela fait notamment suite au refus de Washington de garantir un soutien des services de renseignements américains.
Et face à ces discussions, quelle a été la réaction de Moscou ?
Sans viser directement la mission franco-britannique, la Russie a sévèrement critiqué, jeudi dernier, le plan global de la France et du Royaume-Uni, et notamment l'idée d'une "force de réassurance". La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a déclaré que « Déployer en Ukraine une force européenne représente un risque d'affrontement direct entre la Russie et l'Otan », et que « Londres et Paris continuent de nourrir l'idée d'une intervention militaire en Ukraine ».
En revanche, face à la Russie et aux Etats-Unis, les dirigeants européens demeurent unanimes sur le maintien de sanctions contre Moscou, et sur l’idée qu’aucun assouplissement n’est envisageable tant que la paix n’a pas été clairement établie. Cette affirmation fait notamment suite à la réclamation de Moscou de lever certaines sanctions économiques, que Washington semblait prête à lui accorder la semaine dernière.
Il faut tout de même garder en tête que ce sont les européens qui ont la main sur le sujet, car plusieurs sanctions, telles que l’exclusion des banques russes du système Swift, sont imposées par l’Union européenne.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.