Imaginez-vous passer d’une semaine de travail de cinq à quatre jours en gardant la même rémunération. Plus qu’un rêve, c’est d’ores et déjà une réalité pour quelques milliers d’employés dans certains pays européens.
Si c’est l’Islande qui a été précurseur en la matière, avec la mise en place de la semaine de 32h en 4 jours payés 5 dès 2015, la mesure est désormais appliquée dans un certains nombre d'autres pays européens. La France, quant à elle, semble avoir un temps de retard pour l'avocat d'affaires en droit du travail Charles Philip.
"C'est un sujet complexe qu'il faut regarder à l'échelle européenne. C'est-à-dire qu'on a nos voisins européens, ça fait quelques temps déjà qu'ils se sont emparés du sujet. En France pas du tout. Il n'y a aucune loi récente qui vient dire qu'il y a la possibilité d'aménager la durée du travail sur 4 jours. C'est tout le contraire en Finlande, c'est tout le contraire en Espagne, c'est tout le contraire en Angleterre. Ça fait déjà quelques années, que ces pays-là, avec l'incitation de l'État, ces États européens ont été encourager à réfléchir à cette modalité d'aménagement."
S’il n'y a donc aucune incitation gouvernementale en France, la mesure intéresse et questionne tout de même de plus en plus les entreprises.
"Moi je mesure que depuis maintenant 6 mois, tout le monde parle de ça. Finalement tout le monde a envie de comprendre comment on peut mettre en place une telle modalité d'aménagement du temps de travail dans l'entreprise".
Certaines entreprises françaises ont même déjà sauté le pas. En 2021, ce sont les 1000 employés du groupe LDLC, vendeur de matériel informatique qui sont tous passés à la semaine de 4 jours, sur décision du patron de l’entreprise, Laurent de la Clergerie. Une mesure qui a pour Julie, cadre du groupe, un certain nombre d’avantages.
"On a un jour de plus pour soit se reposer ou faire des activités qu'on n'avait pas l'occasion de faire avant, peut-être "voyager", se faire des week-ends de 3 jours."
Si la semaine de 4 jours est mise en avant comme permettant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle, ainsi qu’un meilleur bien-être au travail, c’est aussi une mesure qui nécessite de s’adapter.
"Il n'y a pas eu de problème de productivité, alors forcément les 2-3 premiers mois c'est un apprentissage aussi. Apprendre à faire en 4 jours ce qu'on faisait auparavant en 5 jours. Apprendre aussi à communiquer et à collaborer mieux avec ses collègues pour être sûr que la continuité du service soit assurée, même quand on n'est pas là."
Deux ans après sa mise en place, la mesure semble ravir les employés : selon un sondage interne, seul 1% des employés souhaiteraient revenir en arrière. Et ce n’est certainement pas le cas d’Anthony.
"Revenir en arrière et retravailler 5 jours, ouah, ça me semblerait un chemin tellement compliqué".
Après les entreprises, c'est désormais la fonction publique qui s’intéresse à la mesure. Après l'URSSAF de Picardie et la caisse nationale d’assurance vieillesse, c'est l'hôpital de Nantes qui va expérimenter la semaine de 4 jours pour le personnel administratif d'une des unités de soin.
Reportage réalisé par Vincent Le Pape