"En France, on meurt encore d’être une femme." Voilà le constat posé par le manifeste des collectivités contre les violences sexistes. Manifeste dévoilé à l'occasion des premières assises nationales de lutte contre les violences sexistes, qui se sont déroulées le dernier week-end du mois de novembre à Nantes.
A travers ce manifeste les collectivités s’engagent à faire plus contre les violences faites aux femmes. Mais appellent aussi l'Etat à les soutenir. Comme le précise Johanna Rolland, maire de Nantes.
"Ce manifeste s'appuie sur deux piliers. D'abord ce sur quoi on s'engage, la prévention, la sensibilisation, la formation de nos agents, l'ouverture de lieux, l'éducation des collégiens et bien d'autres initiatives. Et puis il interpelle aussi l'Etat sur son propre champ de responsabilité. C'est évidemment la nécessité impérative de mettre enfin, un milliard d'euros sur la table, pour lutter effectivement. Puisque quand on annonce quelque chose comme grande cause du quinquennat, il faut que du discours aux actes, le rendez-vous soit bien pris."
Un milliard d'euros. C'est le budget annuel réclamé depuis de nombreuses années par les associations féministes. Montant également estimé nécessaire par le Haut Conseil à l’Égalité et la Fondation des Femmes, en 2018. Budget dont s’est doté l’Espagne depuis 2017. En l’échelonnant sur 5 ans.
L’Espagne, pays par ailleurs leader mondial de la lutte contre les violences faites aux femmes. Avec qui nous avons donc un important écart de moyen pour Stéphane Troussel, président du conseil départemental de la Seine Saint Denis.
“La réalité, c'est que la France aujourd'hui, elle consacre tout confondu, 5 euros par habitant dans la lutte contre les violences faites aux femmes alors que l'Espagne en consacre 16 euros par habitant, c'est ça la réalité."
Ce qui conduit donc à une situation qu’il juge insupportable.
"Oui, il y a nécessité que l'État change de braquet dans notre pays. Cette situation elle est insupportable, se dire que cette année encore, à la fin de l'année 2022, il y aura donc eu plus de 100 femmes, qui ont été, tuées, assassinées par leur mari, leur compagnon."
En plus d’une hausse des moyens, c'est la loi qui doit évoluer selon les collectivités. Comme l’exprime Mathieu Klein, maire de Nancy.
“Elle doit s’accompagner d’une évolution législative, réglementaire, et évidemment d'une augmentation très forte des moyens consacrés au recueil de la parole des victimes et à leur prise en charge."
Le manifeste rappelle que 100 000 femmes sont victimes de viols chaque année en France selon le ministère de l'Intérieur. Si 12% d'entre elles portent plainte. 1% seulement des auteurs sont condamnés.
Le manifeste compte pour l’instant 26 signataires. Chiffre que la maire de Nantes espère voir augmenter.
“Nous ouvrons la voie, à toutes celles et ceux qui voudront venir rejoindre ce mouvement, cette démarche et ce combat puisque c'en est un et qu'il faut le considérer comme tel."
Parmi les signataires, l’on retrouve, notamment Anne Hidalgo, maire de Paris, Grégory Doucet, Maire de Lyon, Benoit Payan, maire de Marseille, Arnaud Robinet, maire de Reims.
Pour toutes les femmes victimes de violences, il existe un numéro dédié, le 3919.
L’appel est gratuit. Le numéro est disponible 24/24, 7 jours sur 7.
Reportage réalisé par Vincent Le Pape
Reportage diffusé le 30 novembre 2022
Crédit photo : Nantes Métropole