Connaissez-vous le service civique européen ? C’est un mix entre le service civique français et le corps européen de solidarité et c’est un projet qui a été imaginé par Benjamin Sibille, fondateur et directeur du Collectif pour un service civique européen. Il explique, au micro de notre journaliste Mathilde Leroy, les enjeux et les modalités de cette mobilité vécu par 300 jeunes par an.
Euradio : Pour commencer, pouvez-vous nous expliquer qu’est ce que le collectif pour un service civique européen et comment est-il né ?
Benjamin Sibille : Le collectif pour un service civique européen, comme toutes les belles aventures, est né avant tout d'un mouvement spontané. Je l’ai fondé en 2018, après avoir déjà eu l'idée pendant pas mal d'années. On a même retrouvé des écrits qui dataient déjà de 2012. Vivre l'Europe, c'est aussi vivre dans un autre pays d'Europe. On s'est demandé, comment est ce qu'on fait pour permettre un jour à tous les jeunes, pas seulement les 210 000 en Erasmus ou les 30 000 du corps européen de solidarité de découvrir le continent européen ? C'est comme ça qu'est née l'idée d'un service civique européen porté par quelques-uns et qui a grandi pour être ce qu’il est aujourd'hui .
Euradio : Et concrètement, qu’est-ce que c’est le service civique européen ?
Benjamin Sibille : Le service civique européen, c'est beaucoup de choses. Il y a eu une déclaration officielle du président de la République en décembre 2021, rééditée ensuite début 2022. Cela a donné lieu à une recommandation unanime du Conseil de l'Union européenne. Qu'est ce qu'il y a derrière cette idée officielle qui a repris notre projet ? Il y a avant tout une ambition. On voudrait permettre à tous les jeunes sans exception de faire une mobilité en s'engageant au service des autres pays pendant au moins 6 mois. Permettre à tous ceux qui veulent partir de partir en les accompagnant. On connaît assez bien le service civique en France. Le service civique existe aussi en Allemagne ou en Italie. Mais c'est quelque chose qui n'existe pas dans la plupart des pays d'Europe. Au niveau européen, on a le corps européen de solidarité qui permet à des jeunes d'être pris en charge, intégralement logés, nourris, blanchis. Le voyage est aussi compris.
Notre idée repose donc sur l’assemblage du service civique national et du corps européen de solidarité. Dans ce programme, les jeunes commencent 6 mois dans leur pays puis ils se préparent à partir 6 mois dans un autre pays européen. Dans leur pays, ils font déjà cette expérience aux côtés de jeunes qui viennent d’autres pays. Et après ? Pour les 6 mois suivants, eux-mêmes partent dans un autre pays avec des jeunes locaux qui se préparent à partir et ainsi de suite. Partir au bout de 6 mois permet de bien s'habituer en ayant déjà une expérience aux côtés de jeunes de divers horizons. Tout le monde peut partir en étant mieux accompagné et préparé, ce qui est nécessaire pour certains jeunes. On a aujourd'hui dans notre programme environ 70% de jeunes avec moins d'opportunités. Si on veut permettre à tout le monde de partir avec les budgets européens tels qu'ils sont, il est nécessaire que les États membres travaillent de concert avec l'Union européenne. Et puis le plus important, le service civique permet aussi d'aider le secteur associatif, les administrations publiques, qui remplissent des missions importantes nécessaires à la nation. Mais ça n'existe pas aujourd'hui en Pologne, en Roumanie et ainsi de suite. Donc l'appel du président de la République, c'était aussi que ces États membres s'inspirent de ce qui se fait dans d’autres États pour le reproduire dans leur pays.
On a testé pour la première fois ce programme en 2020 d'abord en France, à Metz, avec l'association Unis Cité. La première promotion, c'était 12 jeunes Français, 6 Allemands, 5 Italiens et un Belge qui pendant six mois se sont engagés en pleine pandémie en solidarité aux personnes âgées et dans des écoles. Depuis, on a des Roumains, des Espagnols, des Autrichiens qui ont fait ce programme et jusqu'à 12 États membres. Aujourd'hui c'est 300 jeunes qui partent par an grâce à ce programme. On a même réussi à tester pour la première fois le service civique dans des pays où ça n'existait pas du tout. Donc c’est une aventure humaine sur le plan politique, sur le plan opérationnel. On a quand même 50 bénévoles et 12 salariés à temps plein qui s'occupent de ce programme qui réunit 70 associations et structures dans toute l'Europe.
Ecoutez l'interview complète réalisée par Mathilde Leroy !