Nouveau rendez-vous dans le studio d'Euradio Paris. Chaque mois, les Jeunes Européens se penchent sur un thème et le décryptent. En octobre, c'est Stefania des Jeunes Européens Sciences Po qui aborde l'élargissement de l'Union européenne.
Euradio : La dernière rencontre de la Communauté politique européenne, début octobre à Grenade, a marqué un tournant pour le futur élargissement de l’Union européenne. Pourquoi est-ce une priorité maintenant ?
Stefania des Jeunes Européens : C’est en effet un dossier que l'on ne pensait pas rouvert de sitôt, surtout si on considère que le dernier élargissement a eu lieu il y a dix ans, et que plusieurs pays dont on parle actuellement (l’Albanie, la Serbie, le Monténégro et la Macédoine du Nord) ont obtenu le statut il y a plusieurs années. Mais, c’est évidemment l’agression russe en Ukraine qui a poussé les dirigeants européens à se saisir, à nouveau, d’une question qu’ils avaient mis de côté, notamment en raison de désaccords internes. C’est dans cette perspective que le Président du Conseil, Charles Michel, a fixé en août dernier, un horizon clair, celui de 2030.
Euradio : Mais cette question est ancienne, comment se fait-il qu’en dix ans, l’UE n’ait pas progressé en matière d’élargissement ?
Stefania des Jeunes Européens : Le mouvement est double. D’abord, le recul en matière d’état de droit en Pologne et en Hongrie a montré, à partir des années 2010, les limites d’un élargissement massif comme celui de 2004. Plusieurs pays européens craignent que l’intégration de nouveaux Etats-membres conduise à renforcer l’illibéralisme au sein de l’UE, d’autant plus que de nombreux pays candidats ont encore de grands progrès à faire en matière d’Etat de droit.
Ces réticences, et l’inertie qui en a découlé, ont découragé les pays candidats, qui ont à leur tour cessé de procéder aux réformes réclamées par la Commission. Mais les 27 paient aujourd’hui un prix géopolitique à cette inertie : la Serbie ou encore l’Albanie ont fini par se rapprocher de Moscou plutôt que d’attendre une adhésion à l’UE qui ne vient pas.
Euradio : Au vu de ces précédents, comment les 27 comptent-ils donner un second souffle à ces projets d’élargissement ?
Stefania des Jeunes Européens : Simplement en ouvrant la perspective de l’adhésion à l'ensemble des Balkans occidentaux. Mais le chemin semble encore long : la Macédoine du Nord, qui a même changé de nom pour régler un vieux conflit avec la Grèce, est candidate depuis 2005, mais se heurte toujours au veto de la Bulgarie. Et le problème de la corruption reste partout un des écueils majeurs à l’adhésion. Finalement, ceux qui semblent avancer le plus vite sont les deux derniers arrivés : l’Ukraine et la Moldavie.
Les Européens auraient pourtant tort de négliger les Balkans : Après une décennie, voire deux passées à attendre aux portes de l’UE, les pays des Balkans ont perdu leur enthousiasme initial et se méfient désormais des annonces des 27.
Euradio : Mais cet élargissement pose des défis majeurs à l’UE, sur le plan budgétaire, mais aussi institutionnel. De quoi alimenter les divisions au sein du Conseil européen...
Stefania des Jeunes Européens : Oui, on ne peut pas envisager l'adhésion de cinq, voire huit nouveaux membres sans réformer le fonctionnement des institutions européennes. Pour cela, l’Union européenne doit régler trois problèmes : le budget européen, la prise de décision pour fonctionner efficacement à 36 et les débats sur une potentielle intégration différenciée selon les pays. On devrait y voir plus clair après le sommet UE-Balkans des 6 et 7 décembre, durant lequel le sujet de l’élargissement sera la grande question incontournable.
Retrouvez une nouvelle chronique des Jeunes Européens au mois de décembre !