Pour mieux informer les consommateurs pour l’achat de produits alimentaires, la Commission européenne souhaite la mise en place d’un logo nutritionnel harmonisé dans toute l’Europe sur le model du nutri-score utilisé en France. Pourtant ce système divise et ne fait pas l’unanimité en Europe.
Au départ, l’objectif de ce type de logo nutritionnel est de lutter contre la malbouffe et les maladies qu’elle provoque : diabète, maladie cardiovasculaire, cancer... Selon Eurostat, l’office européen des statistiques, près de la moitié des adultes et 1/5e des enfants sont en surpoids ou sont obèses dans l’Union européenne.
En l’état actuel du droit européen, tous les produits alimentaires et boissons vendus dans l'UE sont tenus de présenter des informations essentielles. Il s’agit d’informations relatives à la composition des produits et à leur valeur nutritionnelle. Ces informations sont destinées à permettre au consommateur de choisir un produit en toute connaissance de cause. Les éléments qui doivent obligatoirement figurer sur l’étiquette sont l’énergie, les matières grasses, les acides gras saturés, les glucides, les sucres, les protéines, le sel. Toutes ces valeurs étant exprimées pour 100 grammes ou 100ml de produit.
Mais ces informations ne sont pas toujours faciles à déchiffrer ?
Oui et c’est pour faire face à la complexité de certains termes inscrits sur les étiquettes ou la difficulté des calculs des apports caloriques journaliers que la France a adopté en 2017 un logo nutritionnel simplifié connu sous le nom de nutri-score.
Le nutri-score fonctionne sur la base d’un système de notation des produits allant de A à E et utilisant une gamme de couleurs allant du vert au rouge. Cette double lecture permet un accès aux informations essentielles en un clin d’œil.
Cette note est attribuée sur la base des informations figurant sur l’emballage. Ce calcul tient compte de la teneur en nutriments et aliments à favoriser (fibres, protéines, fruits, légumes, etc.) et les nutriments à limiter (énergies, acides gras saturés, sucres, sel). Le score obtenu permet ensuite de lui attribuer une lettre et une couleur. Il est clair que ce nutri-score n’est pas apprécié par tous les fabricants de produits alimentaires, c’est notamment le cas pour les fromages dont 90% sont classés dans les catégories D ou E.
Actuellement l’affichage du nutri-score est facultatif en France. Près de 600 entreprises représentant 700 marques, soit 50% du marché alimentaire l’ont adopté. Aujourd’hui, 90% des Français approuvent ce logo, 57% d’entre eux affirment qu’il a un impact dans le choix du produit et 34% affirment aussi avoir limité l’achat de produits avec de moins bon scores.
Il demeure aussi que certains groupes de l’agro-alimentaire continuent de faire de la résistance comme coca-cola, Ferrero, ou encore Lactalis
Mais pour quelles raisons ce système n’est dès lors pas rendu obligatoire ?
Il n’est pas obligatoire, car les Etats membres de l’Union européenne n’ont pas le pouvoir d’imposer un étiquetage nutritionnel national. On peut facilement comprendre qu’il serait totalement incongru que dans un marché unique tel que celui de l’UE chaque état ait son propre logo nutritionnel.
La Commission européenne s’est donc engagée par la voie de sa stratégie alimentaire « De la ferme à la table » dont l’objectif principal est de rendre l'alimentation plus saine et plus durable en Europe d’adopter un logo nutritionnel harmonisé. Mais à ce stade, elle n’a pas précisé la forme que ce logo prendrait.
Jusqu’à présent, l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg l’Espagne et les Pays-Bas ont également adopté le système du nutri-score français. L’Italie préconise l’adoption de son système, le logo Nutrinform. Il fonctionne sous forme de Batterie qui indique les pourcentages d’énergie, de graisse et de sucres dans une portion recommandée de nourriture.
Le système du nutri-score n’est en effet pas du goût de l’Italie qui le trouve trop simplificateur et pénalisant pour les produits du terroir tels que le parmesan, l’huile d’olive en raison de leur haute teneur en matière grasse. L’Italie est désormais rejoint par d’autres pays et même en France par la filière du roquefort et par les défenseurs des appellations AOC et AOP. Dans ce système de notation, ils disent faire face à des produits industriels transformés plus nocifs pour la santé qui pourraient être mieux noté que leurs produits d’appellation.
Quelle suite devrait donc donner l’Union européenne ?
En mars de cette année, plus de 270 scientifiques et une vingtaine d’associations d’experts ont lancé un appel pour que l’Union européenne adopte dès que possible le système du nutri-score, qui selon eux est le seul logo qui ait fait l’objet d’études scientifiques démontrant son efficacité.
Au mois d’octobre, le Parlement européen a adopté le texte visant l’adoption d’un logo nutritionnel obligatoire sur les emballages des aliments.
La question du choix du logo sera l’un des dossiers délicats que devra régler la présidence française du Conseil de l’Union européenne qui débutera en janvier 2022. Et si c’est le cas, un logo nutritionnel européen pourrait voir le jour sur les emballages dans toute l’Europe d’ici 2024.
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