L’Europe est composée de différents acteurs (États, entreprises privées, organisations internationales…) qui jouent un rôle majeur dans les relations internationales. La série « L’Europe et le Monde » sur euradio cherche à éclairer l’auditeur sur certains aspects de la place du Vieux continent sur la scène internationale.
Cette chronique a été initiée et proposée par Justin Horchler, étudiant à Sciences Po Bordeaux, en 2023-2024 et est désormais animée par Ani Chakmishian.
Que faut-il retenir de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur ?
L’accord entre l’UE et le Mercosur, signé le 6 décembre, est le fruit de 25 ans de négociations. Il crée l’une des plus grandes zones de libre-échange au monde. Le but est de supprimer les droits de douane sur 90 % des biens échangés entre l’UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay). Mais il faut prendre compte les défis majeurs que ça engendre. Les agriculteurs européens risquent d’être confrontés à une forte concurrence, notamment sur les produits sensibles comme la viande bovine, la volaille ou encore le sucre.
Qu’est-ce que cela change pour les agriculteurs européens ?
On craint une pression sur leurs prix et une baisse des normes environnementales et sanitaires, jugées moins strictes dans les pays du Mercosur. Les produits sud-américains peuvent donc être vendus à des prix plus compétitifs, sans devoir respecter les mêmes exigences soumis aux producteurs européens. Il y a donc des préoccupations concernant la compétitivité durable de l’agriculture européenne.
Justement, comment réagissent les pays membres de l’Union ?
Les réactions sont partagées. La France, l’Autriche, et les Pays-Bas demandent des garanties strictes pour protéger leurs agriculteurs. Ces garanties seraient par le biais de mécanismes compensatoires pour les secteurs les plus touchés. L’Italie aussi reste prudente et exige des garanties pour son agriculture. En revanche, l’Espagne et l’Allemagne y voient une opportunité pour leurs industries.
Et des mesures sont-elles prévues pour soutenir les agriculteurs européens ?
L’UE a promis un fonds de compensation pour les secteurs agricoles les plus vulnérables. Elle prévoit des clauses de sauvegarde pour suspendre les importations en cas de perturbation importante des marchés européens. Cependant, les détails de ces mécanismes restent flous, et certains ministres de l’UE attendent des précisions avant de donner leur feu vert.
Qu’en est-il des enjeux climatiques dans tout ça ?
L’accord inclut un engagement pour une déforestation zéro et pour le respect de l’accord de Paris sur le climat. Mais de nombreux experts doutent de l’efficacité de ces mesures, soulignant que le contrôle de leur mise en œuvre dans les pays du Mercosur reste un défi majeur. On parle beaucoup notamment de la déforestation en Amazonie, qui est au centre des inquiétudes.
Quels sont donc les principaux défis ?
Le principal défi pour l’UE est de trouver un équilibre entre compétitivité économique et durabilité environnementale. L’accord offre des opportunités économiques. Pour autant, sa mise en œuvre doit être accompagnée de garanties claires et de mécanismes de suivi stricts, surtout en ce qui concerne la protection de l’agriculture européenne et le respect des engagements climatiques et environnementaux.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.