Plongée dans les océans - Sakina Ayata

L’ipbes ou le GIEC de la biodiversité

@Olga ga sur Unsplash L’ipbes ou le GIEC de la biodiversité
@Olga ga sur Unsplash

"Plongée dans les océans", la chronique hebdomadaire sur euradio qui vous transporte dans la faune et flore marine présentée par Sakina-Dorothée Ayata, maîtresse de conférences en écologie marine à Sorbonne Université.

Sakina, la plupart de nos auditrices et auditeurs connaissent le GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, qui produit en particulier des rapports sur l’état des connaissances scientifiques sur le changement climatique et ses impacts, mais il est fort probable que peu aient entendu parlé de l’ipbes, parfois appelé le GIEC de la biodiversité.

En effet, car l’ipbes est encore relativement peu connu du grand public. L’acronyme I-P-B-E-S, prononcé ipbes donc, signifie Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la Biodiversité et les Services Écosystémiques.

Qu’est ce que l’ipbes alors ?

L’ipbes a été créé en 2012, sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (le PNUE), du programme des Nations Unies pour le Développement (le PNUD), des Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science, et la Culture (l’UNESCO), et de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (la FAO). Aujourd’hui, 140 pays en font partie.

Et que fait l’ipbes ?

Cette instance a plusieurs missions et objectifs. Tout d’abord, elle est chargée de promouvoir le lien entre les scientifiques et les décideur·euses politiques. Pour cela, elles rassemblent des panels d’expert·es internationaux·ales autour de sujets précis en lien avec la biodiversité afin de rédiger des synthèses qui doivent être approuvées par tous ses membres. En plus d’apporter une analyse précise des connaissances sur l’état de la biodiversité et des services apportés par la nature aux populations humaines, ces rapports de synthèses ont pour vocations à alimenter les politiques publiques des états membres pour mieux protéger et restaurer la biodiversité.

Quels sont les derniers rapports qui ont été produits par l’ipbes ?

Le plus connu est probablement le rapport sur l’état global de la biodiversité et des services écosystémiques qui date de 2019. Ce rapport fait un constat sans appel : une grande partie de la diversité du monde vivant est en voie d’extinction.

Sur quoi ont porté ses autres rapports ?

Les autres rapports d’évaluation de l’ipbes ont porté sur des évaluations régionales de la biodiversité et des services écosystémiques, sur la dégradation des sols et leur restauration, sur les pollinisateurs, la pollinisation et la production de nourriture, sur les espèces invasives et leur contrôle, sur les différentes valeurs de la nature, sur les scénarios et les modèles de biodiversité, ou encore sur l’usage soutenable des espèces sauvages. Au total, 11 rapports ont été produits par l’ipbes depuis sa création.

Et que prévoit le programme de travail de l’ipbes d’ici 2030 ?

Cinq évaluations supplémentaires sont prévues pour les prochaines années. Le premier appelé « nexus » portera sur les relations entre la biodiversité, l’eau, la nourriture, et la santé en lien avec changement climatique. Le second portera sur les causes du déclins de la biodiversité et les changements transformatifs à mettre en œuvre pour empêcher ou limiter ce déclin. Le troisième et le quatrième rapport seront plus méthodologiques et s’intéresseront, d’un côté, à quantifier l’impact des activités économiques et leur dépendance à la biodiversité et les services écosystémiques, et, de l’autre, à évaluer la manière dont la biodiversité est suivie et surveillée. Enfin, l’ipbes prévoit de produire une seconde évaluation sur l’état global de la biodiversité et des services écosystémiques, qui sera donc une sorte de mise à jour du rapport de 2019.

Sakina, pouvez-vous nous rappeler les messages clefs du précédent rapport d’évaluation mondiale sur la biodiversité de l’ipbes ?

Le GIEC de la biodiversité, comme on l’appelle parfois, a souligné que la nature, et tous les services qu’elle apporte aux populations humaines à travers le monde, se détériorent, avec une accélération lors des 50 dernières années. Si on souhaite atteindre les objectifs de conservation et d'utilisation durable de la biodiversité que les Nations Unies se sont fixés pour 2030 et au-delà, alors il va falloir totalement réorganiser nos sociétés, aussi bien sur le plan économique, social, politique et technologique. C’est que l’ipbes appelle « des changements transformatifs ». C’est grâce à ces efforts, urgents et concertés, qu’il sera possible de conserver, de restaurer et d'utiliser de manière durable la nature, tout en atteignant les objectifs de développement durable définis par les Nations Unies. D’ailleurs, lors d’une prochaine chronique, je vous en dirais plus sur les conclusions de l’ipbes sur les océans et la biodiversité marine.