Les PFAS (substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées) sont des polluants éternels nocifs pour l'environnement. Ils présentent également d'importants risques pour la santé, comme les maladies thyroïdiennes, un taux élevé de cholestérol, des lésions du foie ou encore certains cancers du rein ou des testicules selon l'Agence Européenne pour l'Environnement.
Une proposition de loi visant à interdire progressivement les PFAS pour préserver la santé des citoyens et de l'environnement a été adoptée par l'Assemblée Nationale et le Sénat en février dernier.
Pour en parler, euradio reçoit Nicolas Thierry, député de la deuxième circonscription de Gironde, membre du Parti des écologistes et rapporteur de la loi.
La loi prévoit une suppression progressive des différents produits qui contiennent des PFAS, à commencer par les cosmétiques, les vêtements, les chaussures et les farts de ski à partir de 2026. Quatre ans plus tard, tous les textiles qui contiennent ces polluants seront interdits.
Comment la loi entend-elle lutter contre les PFAS ?
On a raisonné par usage. Comme les polluants éternels sont à peu près présents partout dans tous les objets du quotidien, on voyait bien que c'était extrêmement compliqué de déterminer et de décider d'un arrêt immédiat et total de tout les PFAS.
Donc, on a différencié les usages essentiels des usages non essentiels. Par exemple, il y a des PFAS dans les cosmétiques, ce qui pose un énorme problème de santé publique [...]. Est-ce que c'est absolument essentiel qu'il y en ait dans les cosmétiques ? Non.
Par contre, dans le secteur médical, là, on considère que ce sont des usages essentiels. Deux exemples : dans les pacemakers et dans le Prozac®, il y a des PFAS. On ne peut pas, évidemment, raisonnablement se dire on arrête les PFAS dans ces usages, parce qu'on voit bien que le bénéfice est plus grand que le risque. Parce qu'aujourd'hui, on ne peut pas faire autrement.
Ne faudrait-il donc pas aussi développer des alternatives ? La loi ne prévoit pas cet aspect ?
Non, ce n'est pas prévu dans la loi, parce que la loi, elle était là, pour effectivement fermer le robinet au plus vite sur la pollution, sur partout où on pouvait le faire et où il y avait des alternatives.
Certains produits initialement visés par l'interdiction des PFAS, comme les ustensiles de cuisine, ont été supprimés au fur et à mesure de la navette parlementaire. Les députés ayant voté les amendements pour exclure ces produits justifiaient leur choix en invoquant la nécessité de laisser le temps aux industries de faire la transition, pour trouver des substances qui pourraient remplacer ces polluants éternels. Est-ce que ce sont des arguments que vous entendez ?
Ce sont des arguments qui n'ont aucun sens, puisque la présence de polluants éternels dans les ustensiles de cuisine n'est absolument pas un usage vital. On a des alternatives qui sont déjà sur le marché et qui y ont toujours été, comme les casseroles ou les ustensiles de cuisine en inox.
[...]
Quand on parle de polluants éternels, est-ce qu'il ne s'agit pas un combat à mener, pas uniquement au niveau national, mais aussi au niveau européen ?
En fait, il faut faire les deux. L'idée, c'est qu'à terme, évidemment, on arrive à interdire l'ensemble des polluants éternels au niveau européen. Il faut, comme le font un certain nombre d'États membres, mettre la pression pour obtenir des législations ambitieuses. Et à la fois, il faut que chaque État membre, dont la France, se saisisse de ce sujet, se batte pour essayer de faire émerger des réglementations au niveau de chaque parlement national.
Il faut essayer d'agir à tous les niveaux, parce qu'il y a clairement une urgence au niveau de la santé publique.
[...]
Un entretien mené par Cassandre Thomas.
* Le chlorhydrate de fluoxétine est présent dans des médicaments de type Prozac® ou Sarafem®. Il s'agit d'un psychotrope utilisé comme antidépresseur dans le traitement de la dépression sévère.