Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mardi 06 Décembre 2022

Aujourd'hui en Europe - Mardi 06 Décembre 2022

Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, présenté par Raphaël Ligot, Félix Doladille et Laura Léger.

Au programme de cet épisode : 

- Macron souhaite offrir des garanties de sécurité à la Russie.

- Commission européenne : l’UE doit réagir face aux « distorsions » de concurrence causées par les subventions étasuniennes  massives

- Début du procès hors norme des attentats de Bruxelles

Bonjour à toutes et à tous, bonjour Laura, ouvrons ce journal en évoquant les dernières déclarations polémiques du président français, Emmanuel Macron, sur la nécessité de relancer le dialogue avec la Russie.

Bonjour Félix, en déplacement aux États-Unis, le président français a affirmé vouloir reprendre contact avec le président russe. Il souhaite ainsi pousser la Russie à venir à la table des négociations pour mettre fin à la guerre. Le président français a expliqué "qu’il est important d’offrir des garanties de sécurité à la Russie”.

Quelles seraient ces garanties de sécurité qu’évoque Macron ?

Et bien, avant le début de la guerre en Ukraine, lors d'une conférence de presse en compagnie d’Emmanuel Macron, Poutine déclarait attendre des réponses de l’Occident en matière de sécurité. Ses demandes s'axaient autour d’un arrêt de l’élargissement de l’OTAN que ce soit en termes d’intégration de nouveaux membres mais également en termes d'infrastructure, pour la ramener aux niveaux de 1997. Une demande jugée évidemment irréaliste notamment par les pays européens de l’Est qui ont rejoint l’Otan depuis cette date.

Ces déclarations d’Emmanuel Macron posent la question du comportement diplomatique à adopter face à la Russie en cas de négociations d’un processus de paix.

Oui beaucoup ont dénoncé les propos du président français rappelant que c’est l'Ukraine qui devrait obtenir des garanties de sécurité. Néanmoins deux “écoles” au sein de l’OTAN semblent se faire face quant à la position à adopter face à la Russie. Les membres traditionnels à l’instar des États-Unis, de la France ou encore de l’Italie ont une position dite modérée appelant à des négociations de paix. 

Un autre  groupe d'États d'Europe de l’Est et du Nord regroupant notamment les scandinaves, les pays baltes, le Royaume-Uni ne croient pas du tout à quelconques négociations avec la régime de Poutine.

Les pays de l’Est européens ont une une histoire difficile avec la Russie tandis que le Royaume-Uni a été marqué par des empoisonnements d’opposants russes sur son sol et la Hollande par le drame de la Malaysian en 2015, un avion abattu par des frappes de séparatistes pro-russes à l’époque. Les ministres des affaires étrangères suédois et lituaniens ont insisté, dans des déclarations séparés, sur la nécessité de vaincre la Russie sur le champ de bataille et d’aider l’Ukraine à remporter la victoire.  

Continuons ce journal en revenant sur les déclarations d'Ursula von der Leyen ce dimanche à Bruges. La présidente de la commission souhaite prendre des mesures de « rééquilibrage » pour aplanir les « distorsions » de concurrence causées par les subventions massives qui accompagnent le grand plan climat de Washington.

Oui, le 16 août dernier Joe Biden a promulgué la loi “Inflation reduction act” (IRA) qui sera mise en œuvre à partir de 2023. Cette loi est d’abord un grand plan de réforme pour le climat, où près de 400 milliards de dollars seront utilisés pour soutenir des mesures sur dix ans qui permettront aux États-Unis d'atteindre leur objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50 à 52 % d'ici 2030 par rapport à 2005.

En quoi cela pose-t-il problème aux Européens? 

Les subventions ne seront versées que pour les produits fabriqués aux États-Unis. Le ministre de l’économie français, Bruno Le Maire, déplore ces “clauses de préférence nationale” dans les subventions  accordées. L’industrie européenne se sent en danger, car la loi favorise l’industrie états-unienne avec des subventions directement aux entreprises ou aux consommateurs. Par exemple, les ménages américains bénéficient d'un crédit d'impôt de 7 500 dollars pour l'achat de véhicules électriques neufs américains. Beaucoup redoutent des délocalisations massives d'entreprises européennes ou américaines qui ont investi en Europe et préféreront désormais fabriquer sur le sol américain pour bénéficier de ces subventions.

Et comment l’UE souhaite-t-elle répondre à cela? 

D’abord, il est important de souligner que l’ensemble des leaders européens ont répété à maintes reprises vouloir à tout prix éviter l’affrontement économique avec les Etats-Unis. La Commission souhaite muscler le plan d’investissements RePowerEU, qui vise à rendre l’UE moins dépendante de ses importations d’hydrocarbures et à endiguer la flambée des prix de l’énergie, notamment en dopant ses infrastructures d’énergies décarbonées. Néanmoins Ursula von der Leyen souhaite aller plus loin. Depuis septembre, elle plaide pour la création d’un « Fonds de souveraineté » européen. C’est également la volonté du commissaire du marché intérieur, Thierry Breton, qui souhaite la création de ce fonds pour soutenir les projets industriels européens, sans oublier les plans nationaux «à coordonner». 

Terminons ce journal en nous rendant à Bruxelles. Cette semaine s’ouvre dans la capitale belge le procès des commanditaires de l’attentat de l’aéroport de Bruxelles du 22 mars 2016.

Oui et d’abord rappelons les faits. Il y a 6 ans, deux terroristes, faisant allégeance à Daesh, s’étaient fait exploser dans le hall des départs de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, et un troisième plus tard dans une station de métro de la capitale belge, au total 32 morts et 340 blessés. Ces attaques s'inscrivaient dans un contexte très tendu en Europe, puisque 5 mois plus tôt avaient lieu les attentats de Paris. La moitié des accusés qui seront jugés à Bruxelles ont été jugés coupables lors du procès des attentats de Paris. 

Ce procès paraît hors normes de tout point de vue.

Tout à fait, la première semaine du procès sera entièrement consacrée à la lecture de l’acte d’accusation de quelque 500 pages. Plus de 1 000 personnes, belges mais aussi de la communauté internationale, se sont portées parties civiles pour juger les 10 hommes accusés. Néanmoins seuls 9 seront présents à Bruxelles, l’un des terroristes est présumé mort en Syrie. Parmi ces individus, on retrouve le tristement célèbre Salah Abdeslam.  

C’est notamment les moyens financiers qui semblent colossaux.

Oui d’après le ministère belge de la Justice, cela  devrait coûter 35,3 millions d’euros. Cela comprend l’aménagement des anciens locaux de l’Otan, les frais d'interprétation, ou encore les indemnités versées aux membres du jury et à leurs suppléants. Jusqu’à présent le procès le plus cher en Belgique avait été celui du Marcel Habran, un ancien "roi de la pègre" en 2008 qui avait coûté 5 millions d'euros. 

Merci Laura et merci à tous pour votre attention !