La Commission européenne propose 86 millions d'euros d'aide aux régions touchées par des catastrophes naturelles en 2020 ; Un réfugié politique azerbaïdjanais attaqué à Nantes ; La Turquie se retire de la Convention d'Istanbul, traité européen contre les violences faites aux femmes.
La Commission européenne propose 86 millions d'euros d'aide aux régions touchées par des catastrophes naturelles en 2020.
La Commission européenne a proposé lundi une aide financière de 86 millions d'euros au titre du Fonds de solidarité de l'Union européenne (FSUE) pour venir en aide à la population de plusieurs régions en Europe, touchées par des catastrophes naturelles en 2020.
La décision a été annoncée par la commissaire à la cohésion et aux réformes Elisa Ferreira, sur un total de 86,7 millions d’euros d’aides versées par l’UE, environ 60 millions iront réparer les dégâts causés par la tempête Alex dans la région française de Provence-Alpes-Côtes-d’Azur en octobre 2020, et 26 millions d’euros iront en faveur de la Grèce pour répondre aux dommages provoqués par l’ouragan Ianos ainsi que par le séisme qui avait frappé les îles de Samos, Ikaria et Chios à l’automne dernier.
En attendant que le Parlement européen et le Conseil approuvent cette proposition, la France et la Grèce ont déjà reçu des avances pour ces catastrophes régionales.
Ce fonds est donc destiné aux pays qui en font la demande pour mener des opérations d’urgence et de reconstruction à la suite de catastrophes naturelles. Des demandes qui se sont encore multipliées depuis que le champ d’action du FSUE a été étendu aux urgences de santé publique, pour pouvoir répondre à la pandémie de coronavirus.
Tout à fait ! Ce soutien peut concerner des opérations de nettoyage, la protection de la population et la protection du patrimoine culturel. Depuis sa création en 2002, le fonds est intervenu sur 96 situations reconnues comme catastrophes. Le 11 mars de cette année, la Commission a proposé une autre aide financière, cette fois pour aider 17 Etats membres à faire face aux effets de la pandémie de Covid-19. Le montant de l’aide proposée s’élèverait à 530 millions d’euros.
Un réfugié politique azerbaïdjanais attaqué à Nantes.
Évoquons maintenant la situation en Azerbaïdjan. Une récente attaque en France a révélé à quel point le régime dictatorial du président d’Ilham Aliev n’hésitait pas à frapper ses opposants, même hors des frontières du pays.
En effet, le 14 mars dernier à Nantes l’azerbaïdjanais Muhammad Mirzali a été suivi puis violemment agressé par trois inconnus armés, qui lui ont infligé seize coups de couteau. La victime se présente comme un “journaliste indépendant” et publie régulièrement du contenu en ligne pour critiquer le régime azerbaïdjanais, ce qui lui vaut depuis 2016 le statut de réfugié politique en France. Mais malgré cela, il a déjà subi une agression il y a un an, en mars 2020, lorsqu’il s’était fait tirer dessus en quittant son domicile.
Ce sentiment d’insécurité est tel que malgré ses blessures, Muhammad Mirzali a préféré quitter l’hôpital. Il a déclaré n’avoir “aucune protection”, la police ayant simplement recueilli sa plainte.
En effet, cette nouvelle agression, comme pour la première, n’a donné lieu à aucune déclaration de la police ou du parquet de Nantes, et aucun suspect n’a été interpellé. Une ancienne prisonnière politique azerbaïdjanaise Leyla Yunus s’est exprimée à ce sujet en déclarant au journal Le Monde que « la France ne fait rien pour protéger les exilés politiques menacés par le régime sur son sol ». Cette militante des droits de l’homme, a été décorée de la Légion d’honneur en 2013, elle a pourtant décidé de s’exiler à nouveau, et de s’installer aux Pays- Bas, où selon elle “la police offre une véritable protection”.
Selon son témoignage et celui d’autres exilés azerbaïdjanais, ce n’est pas la première fois qu’on s’en prend à eux.
Un groupe d’exilés azerbaïdjanais a publié une lettre adressée aux gouvernements européens. Selon eux, “le président Ilham Aliev étend la chasse aux opposants hors des frontières azerbaïdjanaises”, par le biais de groupes criminels et de nationalistes turcs présents en Europe. D’après la lettre, quatre attaques similaires auraient eu lieu en Europe depuis 2020. Plus récemment, le réfugié Vougar Rza a été déclaré porté disparu, avant d’être retrouvé mort le 15 janvier 2021 en Belgique.
La Turquie se retire de la Convention d'Istanbul, traité européen contre les violences faites aux femmes.
Tournons-nous vers Ankara, où le gouvernement turc vient de décider de retirer le pays de la convention d’Istanbul, un traité européen contre les violences faites aux femmes.
Samedi 20 mars, la Turquie a effectivement décidé de sortir de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, dite Convention d’Istanbul. Ce traité international a été adopté en 2011 et ratifié par le parlement turc en 2014. Il oblige les gouvernements à se doter d’une législation protégeant les victimes de violence domestique, et réprimant les abus à l’égard des femmes.
Cette décision a été prise dans la nuit de vendredi à samedi par décret présidentiel et sans consultation du Parlement. Une méthode d’autant plus brutale que le gouvernement avait annoncé début mars un plan d’action en faveur des droits de l’homme, ainsi que la création d’une commission parlementaire chargée de lutter contre les violences faites aux femmes.
En effet, cette décision unilatérale a déclenché samedi de vastes manifestations dans les rues d’Istanbul, ou d’Ankara. La secrétaire générale du Conseil de l’Europe, Marija Pejcinovic Buric, a évoqué pour sa part une décision « dévastatrice ». L’organisation féministe Halte aux féminicides a rappelé que 300 femmes sont mortes assassinées par des hommes de leur entourage en 2020 en Turquie, et plus d’une centaine sont mortes officiellement “dans des conditions mal éclaircies”, et l’organisation a déjà enregistré 77 assassinats de femmes pour le début de l’année 2021.
Selon le journal Le Monde, cette décision prise juste avant le sommet européen des 25 et 26 mars apparaît comme une provocation à l’égard de l’UE, mais également un moyen de gagner les faveurs des courants conservateurs turcs.
En effet, le parti au pouvoir de la justice et du développement, l’AKP, s’opposait à certains articles de la Convention ayant trait à la parité hommes-femmes et à la non-discrimination des minorités sexuelles. Ils appelaient donc depuis plusieurs mois le gouvernement à sortir de ce traité, c’est chose faite.
Enfin, cette décision apparaît comme une réponse provocatrice à l’égard de l’UE. Car depuis la tenue d’une visioconférence le 19 mars entre Charles Michel, Ursula von der Leyen et Recep Tayip Erdogan, les responsables européens appelaient à “un agenda Turquie-Union européenne plus positif”.
Thomas Kox - Romain L'Hostis
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