L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Nouveau sommet entre l'Union européenne et les pays des Balkans Occidentaux
- En Ukraine, création d'un programme de formation militaire
- Nouvelle initiative citoyenne déposée devant la Commission européenne
Nouveau sommet entre l'Union européenne et les pays des Balkans Occidentaux
Ce mercredi 6 octobre marque le début d'un nouveau sommet entre l’Union européenne et les pays des Balkans Occidentaux. La veille, les chefs d’Etats et de gouvernements des 27 se sont réunis à Brdo en Slovénie pour harmoniser leur position en ce qui concerne l'adhésion à l'UE de cette région du Sud-Est de l’Europe.
Oui, la Slovénie propose ainsi de fixer 2030 comme l’année à laquelle l’adhésion à l’UE doit être achevée pour les six pays des Balkans occidentaux, à savoir la Serbie, le Monténégro, la Bosnie Herzégovine, l’Albanie, le Kosovo et la Macédoine du Nord. Une proposition soutenue par la République Tchèque ou encore par l’Autriche. Mardi, le chancelier autrichien Sebastian Kurz a encouragé les Européens à donner aux Balkans “une perspective crédible d’adhésion”.
Pourtant tous les Européens ne partagent pas cet enthousiasme, certains sont même partisans d’un retour en arrière.
L’Allemagne par exemple, s’inquiète de l’exemption de visas pour les séjours courts dont bénéficient actuellement les ressortissants des Balkans occidentaux. Ce système encouragerait les abus de la part d'Albanais et de Serbes, à tel point que les Pays-Bas réclament depuis 2019 une suspension de ce mécanisme au moins pour l’Albanie. La Bulgarie, elle, bloque actuellement le début des négociations avec la Macédoine du Nord en raison d’un différend linguistique et culturel. Et pour finir, l’Espagne ne reconnaît tout simplement pas l’indépendance de l’Etat du Kosovo.
Mardi, les Européens tentaient donc de relancer une stratégie efficace, alors que les négociations d’adhésion avec les pays des Balkans restent dans l’impasse.
En effet, avant le sommet, le président du Conseil européen Charles Michel a rappelé que l’intégration des Balkans est dans “l’intérêt stratégique” de l’Union européenne face aux influences étrangères. Ainsi, la Serbie a peut-être bien entamé les négociations sur son adhésion à l'UE, mais ce sont la Chine, la Turquie et la Russie qui investissent le plus dans le pays. Mardi 5 octobre, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a donc appelé à accélérer le rapprochement avec les Balkans, notamment en ouvrant les négociations d’adhésion avec l’Albanie et la Macédoine du Nord.
La semaine dernière, lors d’une visite d’Ursula von der Leyen en Albanie,le premier ministre albanais, Edi Rama a laissé exprimer sa frustration en déclarant “Nous allons de sommet en sommet et nous ne voyons aucun progrès, la même déclaration est constamment répétée”. Qu’en sera-t-il cette fois-ci ?
Eh bien, sans surprise, dans les documents de travail publiés à l’ouverture du sommet, on peut voir que les dirigeants européens “réaffirmer l’engagement de l’UE envers le processus d’élargissement”, mais aucune date n’a été donnée, et en réalité le reste des sujets débattus traiteront plutôt de coopération renforcée, notamment le lancement d’un plan d’aide à la région de quelques 30 milliards d’euros, mais toujours pas d’adhésion prochaine.
En Ukraine, création d'un programme de formation militaire
Restons à l’Est de l’Europe pour évoquer une nouvelle initiative européenne en Ukraine. Dimanche 3 octobre, l’UE a annoncé pour ce pays la création prochaine d’un programme de formation militaire pour les officiers ukrainiens.
Oui, dans un contexte de tensions accrues entre Moscou et Kiev, en juillet dernier, les ministres ukrainiens de la Défense et des Affaires étrangères avaient formulé une demande pour un tel programme. Dimanche 3 octobre, l’UE a donc annoncé réfléchir à la création d'une "Mission de conseil et d’entraînement militaire de l’UE en Ukraine". Cette mission, si elle est menée à bien, serait "une expression de solidarité avec l’Ukraine au vu des activités militaires actuelles de la Russie " selon les termes du Service européen de l'Action extérieure (SEAE).
Cette année 2021 a été marquée par des mouvements massifs de troupes russes durant le printemps, puis en septembre par un exercice militaire géant à la frontière avec l’Ukraine.
Oui c’est vrai, et des manoeuvres comme cet exercice Zapad-2021 que vous venez de citer ne font qu’augmenter le risque d’escalade des violences sur le front à l’est de l’Ukraine, dans le Donbass, qui voit s’affronter depuis 7 ans les troupes du gouvernement pro-occidental avec les milices séparatistes pro-russes. Selon Kiev, ce conflit a déjà fait 14 000 morts depuis 2014.
Mais même au sein de l’UE, certains Etats ne sont pas favorables à ce programme de formation militaire en Ukraine.
En effet, si les pays Baltes ou la Finlande partagent ce sentiment d’inquiétude face aux mouvements de soldats russes, l’Italie, la Grèce et Chypre ont au contraire appelé à éviter des « provocations inutiles » envers Moscou. Au final, c’est la règle de l’unanimité des membres de l’UE qui sera requise avant le lancement de toute mission militaire de l’Union.
Nouvelle initiative citoyenne déposée devant la Commission européenne
Terminons ce journal en évoquant une nouvelle initiative citoyenne européenne déposée lundi 4 octobre devant la Commission européenne. Ce mécanisme permet aux citoyens européens de proposer directement des idées de législations à l’UE. Sur quoi porte cette nouvelle proposition ?
Il s’agit d’un projet de loi élaboré par Greenpeace et une vingtaine d’ONG environnementales. Cette initiative citoyenne européenne demande d’interdire les publicités en faveur des énergies fossiles dans l’UE. Selon la directrice de Greenpeace Jennifer Morgan, “il faut rompre avec cette dépendance au gaz fossile par exemple” mais les grands groupes de l'industrie des énergies, de l’automobile ou de l’aéronautique financent des publicités qui “insistent sur ces investissements comme des renouvelables". En parallèle à cette initiative citoyenne européenne, des militants environnementaux ont bloqué lundi l'accès à la raffinerie de l'entreprise Shell dans le port de Rotterdam.
Pour l’instant, la Commission européenne n’a pas souhaité commenter cette initiative citoyenne. Un comportement classique à ce stade de la procédure.
Tout à fait ! Depuis la création de ce mécanisme en 2012, la Commission a déjà refusé 26 initiatives citoyennes car elles ne remplissaient pas certains critères, comme l’inadéquation aux valeurs de l’Union, ou bien lorsque le projet en question propose une législation dans un domaine en dehors des compétences attribuées à la Commission. Le projet lancé par Greenpeace a maintenant un an pour recueillir 1 million de signatures de citoyens. Puis la Commission devra alors décider si oui ou non elle en fera une proposition législative à soumettre aux autres institutions.
Romain L'Hostis - Thomas Kox
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