L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Les dernières avancées de la taxonomie verte, sans gaz ni nucléaire ?
- Le Royaume-Uni bien décidé à renvoyer ses demandeurs d'asile
- Cour d'appel d'Athènes : le parti néonazi Aube Dorée sur le banc des accusés
Les dernières avancées de la taxonomie verte, sans gaz ni nucléaire ?
Débutons ce journal en nous penchant sur les dernières avancées concernant la taxonomie verte de l’Union européenne Pour rappel, ce projet fait référence au plan d’action de la Commission européenne présenté dès 2018 au Parlement européen, destiné à promouvoir les activités économiques durables pour l’environnement. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Concrètement cette taxonomie dite “verte” vise à créer une liste des énergies préconisées par l’UE pour atténuer les effets du changement climatique. Dans ce cadre, la Commission européenne a identifié un seuil d’émission de Co2 en deçà duquel une entreprise est considérée comme “verte”.
À quoi sert concrètement cette classification pour les Etats membres et leurs entreprises ?
Pour atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050, les Etats membres bénéficient d’un volume très important d’investissements. La taxonomie publiée par la Commission doit permettre d’aiguiller les fonds versés par les institutions aux activités qui contribuent à un avenir plus respectueux de l’environnement.
Une classification des énergies qui a longtemps fait débat, notamment vis-à-vis de l'inclusion de l’énergie nucléaire et gazière au sein de cette taxonomie dite “verte”.
Effectivement, les Etats membres sont profondément divisés sur la question. La France par exemple a longtemps milité pour inclure l'énergie nucléaire dans la taxonomie européenne. De leur côté, les Etats d’Europe centrale et de l'est ont fait campagne pour le gaz fossile. Des demandes approuvées par la Commission européenne au mois de février dernier au grand dam d’une partie des députés européens et ONG de défense de l’environnement.
Une décision rejetée par une majorité d’eurodéputés mardi dernier.
Tout à fait, c’est un retournement de situation qui a eu lieu le 14 juin dernier dans l’hémicycle. Les eurodéputés Verts et de gauche membres des commissions de l'environnement et des affaires économiques ont adopté à la majorité une résolution contre l’inclusion du gaz et du nucléaire au sein de la taxonomie européenne. Un vote important alors que le vote final et décisif du texte en plénière au Parlement européen doit avoir lieu le 6 juillet prochain.
Le Royaume-Uni bien décidé à renvoyer ses demandeurs d'asile
Rendons nous à présent au Royaume-Uni. Mardi dernier un vol qui devait renvoyer au Rwanda sept demandeurs d’asile a été annulé, après l’intervention juridique de la Cour européenne des droits de l’Homme. Pourriez-vous nous expliquer ce litige ?
Oui, cette affaire est la conséquence d’une décision politique prise par le gouvernement Johnson au mois d’avril dernier. En effet, le premier ministre britannique avait annoncé son intention de sous-traiter ses obligations en matière d’asile au Rwanda. Une mesure inscrite dans le partenariat de développement économique sur cinq ans entre les deux pays, et qui avait suscité de nombreuses interrogations après que le premier ministre ait indiqué que plusieurs dizaines de milliers de demandeurs d’asile de Grande-Bretagne allaient être envoyés au Rwanda, le temps du traitement de leur dossier.
Un projet qualifié “d'inhumain” par de nombreuses ONG de défense des droits humains.
En effet, l'initiative du gouvernement Johnson est jugée contraire au droit international par plusieurs organisations internationales. Le Haut Commissariat des Nations unies accuse également le Royaume-Uni de se défausser de ses responsabilités en matière d’asile. ‘Les personnes qui fuient les guerres, les conflits et les persécutions méritent notre empathie et notre compassion. Elles ne doivent pas être traitées comme des marchandises et transférées à l’étranger pour y être prises en charge.”
Mardi dernier pourtant, un vol devait emmener plusieurs demandeurs d’asile au Rwanda, avant d'être annulé à la dernière minute par la Cour européenne des droits de l’Homme. Que s'est il passé ?
Eh bien , les avocats représentant les demandeurs d’asile ont lancé de nombreux recours juridiques, notamment auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme. Cette dernière, qui n'est pas un organe de l'UE, fait partie du Conseil de l'Europe, dont le Royaume-Uni est toujours membre. Elle a finalement jugé in extremis que certains demandeurs d’asile présents dans l’avion couraient un “risque réel de subir un préjudice irréversible s'ils étaient envoyés au Rwanda.”, interrompant à la dernière minute le vol.
Quelle a été la réaction du gouvernement britannique ?
La ministre de l’Intérieur Priti Patel s’est dite "déçue" de la décision de la Cour, mais a ajouté que "la préparation du prochain vol commençait dès maintenant". La décision spectaculaire de la Cour européenne pourrait néanmoins pousser le gouvernement britannique à retirer son pays de la Convention qui oblige le Royaume-Uni à respecter les arrêts de la Cour. En effet, plus tôt dans la journée de mardi, Boris Johnson avait déjà laissé entendre qu'il envisageait de retirer le Royaume-Uni de la Convention européenne des droits de l'homme.
Cour d'appel d'Athènes : le parti néonazi Aube Dorée sur le banc des accusés
Terminons ce journal en nous attardant à Athènes. Mercredi dernier, le parti neonazi Aube Dorée, accusé du meurtre d’un jeune rappeur antifasciste, a fait son retour devant les tribunaux apres son recour en appel.
Effectivement, à l’occasion de ce nouveau procès en appel, des milliers de manifestants se sont réunis devant la cour d’appel d'Athènes, protestant contre la montée du fascisme en Grèce. « Aujourd’hui, deux ans après ce verdict, détaille Aria, une manifestante interrogée par RFI, nous voilà de nouveau devant le tribunal. Le combat continue. Certes, ils ont été reconnus coupable la première fois mais aujourd’hui, l’audience repart de zéro et nous n’avons aucune certitude vis-à-vis du prochain verdict. »
Plus largement, les manifestants espèrent que la réouverture de ce procès permettra à l’ensemble de la société grecque de condamner d’une seule voix le racisme et le fascisme.
En effet, les groupuscules d'extrême droite grecs font récemment la une des journaux grecs. En octobre de l'année dernière des membres de l'association Unis contre le racisme avaient été attaqués par des militants fascistes. Une situation qui a ému une grande partie de la population, qui accuse le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis de manœuvres clientélistes vis-à-vis de l'électorat d'extrême droite à l'approche des élections de 2022.
Laura Leger & Juliane Barboni
Photo Alain Rolland © European Union 2022 - Source : EP
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