L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- ICCL, l'ONG pour les libertés civiles irlandaises, dépose une plainte contre la Commission européenne
- Le plan d'investissement mondial "Global Gateway" révélé par Bruxelles
- Le bureau d'analyse Basic alerte sur le coût réel des pesticides en Europe
- Attaques contre la communauté LGBTQ+ en Hongrie
ICCL, l'ONG pour les libertés civiles irlandaises, dépose une plainte contre la Commission européenne
Commençons sans plus tarder cette édition en évoquant les récentes accusations dont fait l’objet la Commission européenne concernant la protection des données des citoyens européens. Lundi dernier, l'ONG pour les libertés civiles irlandaises, l’ICCL, a déposé une plainte officielle contre l'institution. Une plainte qui fait état de deux chefs d’accusation concernant la mise en place et l’application du règlement général sur la protection des données (RGPD). Quel est l’enjeu de cette plainte Juliane ?
L’enjeu pour le Conseil irlandais des libertés civiles est de souligner les manquements de l’exécutif européen en matière d’application et de surveillance de ses propres directives. Pour rappel, le RGPD est un règlement adopté en 2016 dont l’objectif est de protéger les données en ligne des citoyens européens et d’harmoniser les législations des Etats membres à ce sujet. Selon l’ONG ICCL, l’UE n’a pas mis en place un mécanisme de surveillance suffisant pour contrôler la mise en œuvre de ce règlement, laissant le champ libre à certaines dérives. De fait, le Conseil pour les libertés civiles accuse l'Irlande de ne pas avoir appliqué ce règlement et, par ricochet, la Commission ne pas avoir tenu l’Irlande responsable de la mise en danger des données numériques des citoyens européens
Pourquoi l’Irlande est-elle particulièrement mise en cause ?
Eh bien, l’Irlande représente le point faible de l’Europe en matière de confidentialité des données. Selon une étude réalisée par l’ICCL, la Commission de protection des données du pays a à peine entamé son travail d’autorité chargée de faire respecter la vie privée. Sur 164 affaires, seules 2% d’entre elles ont été traitées par la Commission. Une situation inquiétante pour l’ensemble des citoyens européens puisque l’Irlande abrite le siège de nombreuses entreprises du monde numérique, comme les sociétés mères de Facebook, Google, Microsoft ou encore Apple.
Un constat qui n’a rien d’étonnant si l’on en croit le Parlement européen.
Effectivement, le Parlement suivi de la Cour de Justice européenne, avaient déjà partagé leurs craintes vis-à-vis du travail de la Commission irlandaise. Des accusations que rejette Helen Dixon, la responsable irlandaise de l’autorité de protection des données du pays. Elle assure que l’application de la réglementation européenne prend du temps et que sa commission reçoit énormément de plaintes à traiter. Une affirmation qui contraste avec le cas de l’Espagne par exemple qui dispose d'un budget similaire à celui de l'Irlande, mais qui a traité 52 % des dossiers relatifs à la protection de la vie privée.
Le plan d'investissement mondial "Global Gateway" révélé par Bruxelles
Continuons ce journal en nous dirigeant vers Bruxelles, auprès de la Commission européenne, qui vient de révéler hier son plan d’investissement mondial “Global Gateway”, chiffré à plus de 300 milliard d'euros. Ce dernier vise à développer des liens durables avec le reste du monde, dans ce que certains observateurs voient comme une course contre la montre contre l’influence chinoise. Comment l’exécutif européen compte-il y parvenir ?
Eh bien, de la même manière que la stratégie de la Chine s’est étendue à l’Asie, l’Afrique, ou à l’Union européenne, par son initiative de la “Nouvelle route de la soie”, l’UE espère faire de même, grâce à sa stratégie nommée “Global Gateway”. L’objectif pour l’exécutif européen est d’investir ces milliards dans des projets massifs d' infrastructures partout dans le monde. La présidente de la Commission Ursula Von der Leyen a par exemple mentionné le financement de routes, de ponts, mais également le développement de l’Internet à haut débit en Asie, en Afrique, et en Amérique du Sud.
Comment l’UE compte-t-elle alors se distinguer de la stratégie chinoise ?
Dans l’annonce faite par la Commission hier, cette dernière insiste sur la dimension démocratique de la nouvelle initiative européenne. “Nous voulons créer des liens, pas des dépendances” a déclaré la présidente Ursula Von der Leyen. Une référence à la stratégie agressive de la Chine, qui, si elle a permis de développer des liens commerciaux avec de nombreux pays, a également été accusée de leur fournir des prêts très désavantageux, les piégeant dans le remboursement de dettes faramineuses. L’exécutif européen assure, lui, vouloir garantir des "conditions de concurrence équitables [et] conformes aux valeurs démocratiques de l’UE”, dans ce qui doit devenir un étendard du modèle européen.
Le bureau d'analyse Basic alerte sur le coût réel des pesticides en Europe
Ouvrons à présent une parenthèse écologique en nous intéressant au dernier rapport, publié mardi dernier, d’une société d’analyse indépendante, qui alerte sur le coût réel des pesticides en Europe.
En effet Thomas, le bureau d’analyse français Basic a comparé les coûts et les bénéfices liés aux pesticides dans les Etats membres de l’UE. Le bénéfice annuel en faveur des fabricants y est estimé à environ 1 milliard d’euros. tandis qu'au bas mot, le coût direct pour la collectivité s’élèverait, lui, à plus de 2 milliards. L’utilisation accrue des pesticides dans l’agriculture a en effet un impact environnemental tel qu’il oblige les États à déployer des dispositifs de protection de l’environnement et à prendre en charge les conséquences sanitaires chez l’homme. Des dispositions qui ont un coût.
Un rapport qui va dans le sens d’une refonte du système agricole européen ?
Ce n’est pas pour tout de suite, mais effectivement, le rapport note par exemple la diminution du nombre d’acteurs dans le marché mondial des pesticides et le danger que cela entraîne pour nos sociétés. Seulement quatre grands groupes chinois ou américains tiennent encore les ficelles de l'agriculture mondiale. Une situation qui questionne la souveraineté alimentaire des Etats et leur capacité à déterminer une politique agricole indépendante.
Attaques contre la communauté LGBTQ+ en Hongrie
Terminons ce journal en évoquant la dernière attaque contre la communauté LGBTQ+ menée par le parti Fidesz de Victor Orban.
Oui, Thomas, après l’adoption d’une loi punissant la “promotion” de l’homosexualité et de la transidentité auprès des mineurs en juin dernier, le parti Fidesz a voté mardi dernier l’organisation en 2022 d’un referundum sur l’identité sexuelle et de genre soi-disant dans l’intérêt de la “protection de l’enfance”.
Des dispositions qui contreviennent aux valeurs défendues par l'UE.
Effectivement, la loi de juin dernier est d’ores et déjà examinée par la Commission. Si cette dernière estime qu’elle enfreint le droit européen, des sanctions pourraient être envisagées à l’encontre de la Hongrie.
Juliane Barboni - Thomas Kox
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