Neutralité carbone en 2050, pour y arriver, l'UE compte sur les voitures connectées, une fausse bonne idée ? en Belgique, Bruxelles souhaite introduire une taxe kilométrique pour les automobilistes ; coronavirus, l'OMS envisage le traçage électronique pour freiner la pandémie.
Pour cette édition, intéressons-nous au secteur du transport ! Il s’agit d’un des domaines où les émissions de gaz à effet de serre augmentent. L’UE ambitionne d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Pour y arriver, elle compte notamment miser sur les voitures connectées. Est-ce là une véritable opportunité ou simplement une fausse bonne idée ?
Je rappelle que nous parlons ici de voiture connectée et non de voiture autonome. L’humain aura encore un impact sur la conduite.
Regardons d’abord la partie « opportunité ». Les voitures seront capables de réduire les risques liés à la conduite. Celles-ci permettront aussi d’optimiser la consommation d’énergie. Par exemple, en diminuant les périodes de freinage et donc d’accélération. Un institut scientifique néerlandais prévoit une réduction de 20% de l’énergie consommée actuellement. L’étude conclut que ces voitures ne seront efficaces que si elles sont connectées de la manière la plus totale.
Et qu’en est-il de la partie « fausse bonne idée » ? Pouvez-vous nous parler de l’effet rebond ?
Oui, l’effet rebond est un phénomène clé pour estimer l’impact des innovations technologiques. Il s’agit de l’augmentation de la consommation d’un produit ou d’un service suite à la facilitation de son utilisation. Pour donner un exemple, prenons la plateforme de taxi en ligne Uber. Créée à la base pour favoriser les trajets partagés et donc diminuer la circulation. Pourtant, selon Nicolas Meilhan, conseiller en énergie et transport, les particuliers utilisent pourtant davantage de manière individuelle ce service moins cher que les taxis. Et cela augmente alors la congestion automobile.
L’institut néerlandais évoqué plus haut souligne ce problème. Les voitures connectées seront probablement utilisées pour faire des voyages plus longs. En matière énergétique, l’effet rebond peut très annuler le gain d’énergie obtenu en favorisant l’utilisation d’une technologie.
Ce qui pose également question, c’est le caractère « connecté » de ces voitures. Certains dénoncent de potentiels espions qui collectent encore davantage de données sur nos vies.
En effet, les modèles actuels de voitures collectent déjà un nombre incalculable d’informations transmises directement aux constructeurs automobiles. Il s’agit des données de localisation, les photos de vos contacts intégrés dans le téléphone de la voiture, ou encore vos appels téléphoniques. Les réglementations en vigueur sont aujourd’hui extrêmement floues. Les promoteurs de cette technologie l’assurent pourtant. Ces voitures ne seront efficaces que si elles sont complètement connectées pour réguler au mieux notre utilisation et donc la consommation d’énergie.
Il s’agit-là d’une question fondamentale qui se pose régulièrement. Voulons-nous échanger notre vie privée contre une meilleure gestion de l’activité humaine ? Et ce pour résoudre pour des problèmes comme le réchauffement climatique ? Et si nous arrêtions de nous poser la question en termes d’opposition et que nous choisissions les deux à la fois ?
Continuons à parler de l’environnement et de mobilité ! En Belgique, une mesure génère des critiques. La région Bruxelles prévoit d’adopter une taxe kilométrique pour les conducteurs de voiture. Une mesure dénoncée par les responsables politiques des autres régions belges.
Tout à fait, à travers cette mesure, les responsables politiques veulent favoriser l’usage des transports en commun. De plus, il s’agit de diminuer la congestion automobile à Bruxelles. Cette mesure est fortement critiquée par les dirigeants des autres régions notamment car elle va pénaliser les citoyens qui viennent travailler dans la ville chaque jour.
Qu’en est-il en Europe ? Est-ce là une pratique commune ?
La ville de Londres a adopté ce système depuis de nombreuses années, réduisant la circulation d’un tiers. Mais contrairement à Bruxelles, la capitale britannique bénéficie d’un réseau de métro et trains très étendu. Milan, Stockholm et Oslo font aussi partie de ces villes qui appliquent cette taxe. Néanmoins, ce type doit s’accompagner d’une offre accrue en matière de transports publics.
Terminons en évoquant une idée avancée pour lutter contre la pandémie. En pleine course au vaccin, l’Organisation mondiale de la santé pense à un traçage électronique.
Oui, la branche européenne de l’OMS pense à établir un certificat électronique de vaccination. La manière n’est pas encore définie. L’objectif est de permettre aux personnes de voyager en montrant la preuve qu’ils sont vaccinés. L’OMS collabore d’ailleurs avec l’Estonie pour élaborer un tel système.
En parallèle, des discussions portent sur le fait d’établir des passeports d’immunité. C’est-à-dire un document qui permet ou non à une personne de se déplacer si elle a les bons anticorps.
En effet, mais c’est là une mesure plus hasardeuse. A ce jour, il est très difficile de déterminer si une personne est immunisée ou non après avoir contracté le virus. Aux Etats-Unis, en Allemagne, et au Royaume-Uni, l’idée a déjà été émise. Cela pose de graves questions en matière de droits fondamentaux. De plus, cette mesure pourrait créer une distinction injuste et assez dystopique entre différentes couches de la population. Surtout dans un contexte où l’accès aux tests n’est pas toujours assuré.
Une évolution à suivre attentivement !
Victor D’Anethan – Thomas Kox
crédits photo: Aleksejs Bergmanis