Le Comité européen des Régions se rassemble cette semaine pour discuter notamment des conséquences du Brexit sur les régions et villes d'Europe ; politique de migration, débat ce jeudi entre la Commission et le Comité des régions pour le lancement d'un partenariat ; transport, la demande grandit pour un retour des trains de nuit.
Les grands dossiers politiques ont, on le sait; des implications pour les collectivités locales. Cette semaine se déroule la 141e séance plénière du Comité européen des Régions. Elle a débuté mardi et se termine ce jeudi. De quoi vont parler les 329 membres de cette assemblée.
Tout à fait, le Comité européen des Régions représente les collectivités locales et régionales. Il a une fonction consultative. C’est-à-dire qu’il émet un avis sur les lois européennes qui concernent les régions et les villes, à peu près 70% de la législation de l’UE. Il se rassemble 6 fois par an et discute de thèmes variés qui sont d’importance pour les régions.
Au programme cette semaine, les conséquences du Brexit pour les régions ; l’action climatique et les politiques énergétiques ; l’avenir de l’élargissement de l’Union, la relance économique dans les zones rurales ; et l’intégration des réfugiés au niveau local.
Un programme varié qui montre la diversité des enjeux qui concernent les régions. Attardons-nous sur le Brexit. Les régions côtières françaises seraient particulièrement affectées par l’échec des négociations d’un accord commercial post-Brexit.
Tout à fait ! Par exemple, 8,8% des exportations des Hauts-de-France vont au Royaume-Uni. L’absence d’un accord post-Brexit consacrerait le retour des droits de douane et modifierait considérablement les normes et les démarches. A cet égard, la Bretagne a pris les choses en main ! 500 entreprises bretonnes font affaire avec le Royaume-Uni. Depuis début 2019, un numéro vert est disponible pour ces entreprises pour les accompagner dans la transition.
L’un des grands débats de cette session plénière portera sur cette question. Le président de la Région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, débat ce mercredi avec Michel Barnier, le négociateur européen pour le Brexit (ndlr : Michel Barnier a finalement annulé sa participation). S’y joindra également Sadiq Khan, le maire de Londres.
Intéressons-nous maintenant à la migration. C’est aussi un sujet qui concerne les régions. La Commission européenne les associe à sa politique de migration. Ce jeudi, ils doivent lancer ensemble un partenariat. Pouvez-vous nous dire sur quels domaines porte cette collaboration ?
Oui, un appel à projets a été lancé notamment qui vise à améliorer l’intégration des réfugiés. Celui-ci touche plusieurs domaines dont la participation des réfugiés dans le développement des politiques d’intégration, l’accès aux services de base, ou encore la lutte contre le trafic d’êtres humains. Ces questions font l’objet d’un débat avec les régions ce jeudi avec la Commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson.
En parallèle, sur l’île de Lesbos en Méditerranée, de nombreux réfugiés attendent un éventuel passage en Europe. Les conditions sur l’île sont terribles. Surtout, suite à l’incendie du camp de Moria en septembre, qui a laissé plusieurs milliers de réfugiés sans abri. L’UE et la Grèce ont signé un accord sur la gestion de la migration. Pouvez-vous nous dire ce que contient cet accord ?
Oui, l’UE et la Grèce se sont notamment accordées sur la construction d’un nouveau centre d’accueil comme ils l’appellent. Ils prévoient de construire un camp plus moderne. Il devrait être achevé l’année prochaine. Une initiative critiquée par de nombreuses ONG qui accusent l’UE de ne pas apporter de réelle solution. A ce jour, 7500 réfugiés sont dans un camp provisoire érigé par les autorités grecques avec le soutien de l’ONU. L’hiver arrive et cela fait craindre le pire pour les réfugiés.
Terminons en évoquant un grand changement qui attend l’Europe en matière de transport ! De plus en plus de voix militent pour une baisse du trafic aérien ? Quatre pays promeuvent le développement des trains de nuit ! Une manière de transformer nos habitudes de voyage et de limiter notre empreinte écologique !
Tout à fait ! L’Allemagne, l’Autriche, la France et la Suisse ont signé un accord mardi. Cet accord prévoit de créer de nouvelles connexions entre plusieurs grandes villes européennes. Sont concernées Vienne, Munich, Paris, Amsterdam, Barcelone ou encore Zurich et Rome. Ces dernières années, peu auraient cru à cette initiative. L’offre en matière de trains de nuit n’a fait que diminuer en Europe, vu son caractère très peu rentable. Pourtant, le pacte vert européen et le souci grandissant en matière environnementale contribuent à inverser la tendance. La demande grandit. Les Pays-Bas et la Suède financent également de nouvelles connexions de nuit.
Comme vous l’avez dit, cette tendance s’inscrit dans les ambitions européennes en matière écologique. Cela promet une véritable révolution dans le domaine du transport.
En effet, la Commission européenne promeut sa stratégie de mobilité durable et intelligente. Pour ce faire, elle ambitionne que tous les trajets de moins de 1000 kilomètres soient réalisés en train. Un budget de 8 millions d’euros a été débloqué pour faire de 2021 l’année européenne du train. Des événements seront organisés pour favoriser le secteur. D’ici à 2050, la Commission prévoit que l’usage du train à grande vitesse triple.
L’Autriche, située de manière stratégique en plein centre de l’Europe, est extrêmement enthousiaste. Sa ministre fédérale du climat a parlé de véritable renaissance ! Néanmoins, elle a également mis en garde contre le défi politique que cela représente.
Victor D’Anethan – Ulrich Huygevelde
crédits photo: Regionsandcities, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons