L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Failles de sécurité au sein des Etats membres de l'UE
- Economie à Madrid : manifestation de milliers d'agriculteurs
- Démission du président arménien, Armen Sarkissian
- La Turquie condamnée par la Cour européenne pour violation des Droits de l'Homme
Failles de sécurité au sein des Etats membres de l'UE
Commençons cette édition en nous intéressant au travail du Parlement européen et aux dernières conclusions de la commission spéciale sur l’ingérence étrangère (INGE), publiés hier après 18 mois d’enquêtes. Cette dernière fait état de graves failles de sécurité au sein des Etats membres de l’UE. D’où vient cette menace ?
Les travaux alertent sur la gravité de la menace venant notamment de régimes autoritaires comme la Russie et la Chine. L’Ukraine est actuellement une des cibles principales de cette menace. Le 14 janvier dernier, le pays a ainsi été victime d’une cyberattaque qui a ciblé notamment plusieurs sites gouvernementaux. Les autorités ukrainiennes accusent le Kremlin d’en être responsable même si, assez logiquement, la Russie dément.
Les eurodéputés signalent un manque “flagrant de prise de conscience” de la gravité de la situation de la part de l’opinion publique et des gouvernements de l’UE.
Effectivement, selon les travaux de la commission, cette absence de prise de conscience de la menace et de moyens de la contrer a permis à des acteurs étrangers de mener plusieurs cyberattaques mais aussi de recruter d’anciens politiciens de haut niveau ou encore de favoriser la polarisation du débat public. Si l’Ukraine est actuellement particulièrement ciblée, des attaques répétées ont également visé les institutions démocratiques européennes à de nombreuses reprises. La commission parlementaire conclut que le manque de mesures et de sanctions prises par l’UE laisse le champ libre à l’ingérence d’Etats étrangers.
Des failles de sécurité que la commission INGE entend résorber.
Oui, la commission parlementaire a établi un certain nombre de recommandations pour pallier ce problème. Les députés exhortent notamment les institutions de l’UE à mieux sensibiliser l’opinion publique et à mieux former les personnes occupant des postes sensibles. La commission enjoint également l’UE à créer un régime de sanctions pour les auteurs, les commanditaires mais aussi les relais d’opérations de désinformation. En effet, les réseaux sociaux servent de relais principal à l’ingérence étrangère. Ces recommandations seront discutées par le Parlement lors de la prochaine session plénière de mars prochain.
Economie à Madrid : manifestation de milliers d'agriculteurs
Continuons ce journal en nous rendant en Espagne. Dimanche dernier des milliers d’agriculteurs et d’éleveurs ont manifesté à Madrid. L’objectif : alerter sur les difficultés économiques rencontrées par le monde agricole. Une manifestation orchestrée par plusieurs centaines d’associations rurales, et qui intervient dans un contexte social tendu.
Effectivement Thomas, dimanche 23 janvier les agriculteurs et les éleveurs espagnols ont investi les rues de Madrid afin de faire entendre leur mécontentement. Ils alertent sur les difficultés économiques que connaissent aujourd’hui une majorité d’agriculteurs, notamment dûes à la hausse des coûts de production. En effet, le prix des engrais a par exemple augmenté de près de 300% au cours des dernières années. Le secrétaire général de l’organisation “Alma rural” souhaite augmenter la visibilité du monde rural, afin de mieux influer sur les politiques agricoles du pays.
Dans le viseur des associations, la multiplication de normes jugées "incohérentes".
Oui Thomas, selon les associations rurales, de nombreuses législations font de l’agriculture un secteur précaire aujourd’hui. Au premier ordre de ces règles jugées trop directives, les opposants critiquent notamment l’interdiction de la chasse aux loups ou encore de nouvelles lois relatives à la protection du bien-être animal. Des réglementations qui selon beaucoup d’agriculteurs affectent largement leurs activités.
Les manifestants s’en sont également pris aux politiques européennes.
Effectivement Thomas. Les associations rurales accusent Bruxelles de double standard concernant les produits issus de l’élevage et de l’agriculture. Selon les manifestants, les institutions européennes se montreraient plus rigoureuses lorsqu’il s’agit d’imposer des conditions de production aux agriculteurs de l’UE que lorsqu’il s’agit d’ouvrir les frontières européennes aux importations ne répondant pas aux mêmes exigences en terme de qualité, de traçabilité ou de sécurité alimentaire.
Démission du président arménien, Armen Sarkissian
Continuons ce journal en évoquant la récente démission du président arménien, Armen Sarkissian. Cette décision intervient alors que le pays débute des pourparlers avec la Turquie, dans le but de normaliser les relations entre les deux pays. Quelles sont les raisons de ce départ ?
Oui, le 23 janvier dernier, le président arménien, Armen Sarkissian, en fonction depuis 2018 a annoncé brutalement sa démission. Il a reproché à sa fonction au caractère largement honorifique, consacré par une récente constitution du pays qui date de 2017. Dans un communiqué diffusé dimanche dernier, il explique avoir constaté au fil des années, son incapacité à influer sur la vie politique de son pays. Il regrette de ne pas avoir “de réels instruments pour agir sur la politique intérieure et extérieure” du pays.
En effet, ces derniers sont aux mains du premier ministre, Nikol Pachinian, avec lequel ses relations sont particulièrement compliquées.
Tout à fait Thomas. Armen Sarkissian issu de l’ancienne élite politique, et Nikol Pachinian qui, avec sa formation, a largement renouvelé la classe politique arménienne, ont multiplié les désaccords dans le cadre d’une cohabitation à couteaux tirés. Un important affrontement avait notamment opposé les deux hommes au sujet de la décision de révoquer le chef de l’état-major au lendemain de la guerre entre l’Azerbaïdjan et le Haut Karabakh en 2020.
La Turquie condamnée par la Cour européenne pour violation des Droits de l'Homme
Terminons cette édition en nous tournant du côté de la Cour européenne des Droits de l’Homme. Mardi dernier, la Cour a condamné la Turquie pour l’incarcération en 2017 et 2018 de l’ancien correspondant turc du quotidien allemand Die Welt.
En effet, le journaliste Deniz Yücel qui avait couvert pour le journal allemand la répression de Recep Erdogan après le coup d’Etat raté en 2016, a été mis et maintenu en détention provisoire en l’absence de raisons plausibles. La Cour européenne, voit dans cette mesure, la violation de son droit à la liberté d’expression. Elle a condamné Ankara à verser 13 300€ de dédommagements à la victime.
Une affaire qui avait déjà envenimé les relations entre Berlin et Ankara.
Oui, l’arrestation en février 2017 de Deniz Yücel avait soulevé une vague d’indignation en Allemagne et provoqué le gel des relations entre les deux pays. Une situation qui s’était finalement détendue à la suite de sa libération en février 2018. Cependant, en juillet 2020, un tribunal d’Istanbul a à nouveau condamné le journaliste turc à deux ans de prison. Une décision qui a suscité de nouvelles tensions diplomatiques.
Thomas Kox - Juliane Barboni
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Photo : Penn State University Libraries Architecture and Landscape Architecture Library