Encore des manifestations ce week-end au Bélarus ; La France a décidé de s’opposer à la signature du traité de libre-échange dit «Mercosur », avec les pays d’Amérique du Sud ; 22 villes européennes dont Bruxelles et Bordeaux, par exemple, ont exigé de l’Union européenne une régulation plus stricte de plateformes locations comme Airbnb
Comme chaque weekend, les manifestations se sont encore poursuivies au Bélarus, rassemblant des dizaines de milliers de personnes dans les rues. Du jamais vu dans ce pays, considéré comme la dernière dictature d’Europe. Ces manifestations font suite à la réélection frauduleuse du président le 9 août. Depuis, Alexandre Loukachenko, le président biélorusse, se maintient au pouvoir grâce à une répression féroce. Que s’est-il passé lors de ce 6e weekend de protestation ?
Bonjour Thomas, les manifestants se sont mobilisés pendant tout le weekend. Des milliers de femmes ont pris l’habitude de marcher ensemble pour protester contre le président. Ce samedi n’y a pas fait défaut, elles ont été plusieurs milliers à marcher. Devant cela, la police continue à arrêter des gens au hasard. Selon Viasna, une ONG biélorusse de défense des droits de l’Homme, 400 personnes ont été arrêtées samedi, une centaine dimanche. Les manifestants arrêtés reviennent régulièrement de leur détention le corps marqué de traces de coups. La police continue de se montrer particulièrement brutale.
Les manifestants ont recours à des techniques un peu particulières. Par exemple, ce weekend, les noms de mille policiers ont été rendus publics sur le réseau social Twitter, pour dénoncer leur soutien au régime.
Alexandre Loukachenko, le président biélorusse, fait tout pour mater l’opposition. Existe-t-elle encore aujourd’hui malgré la violente répression ?
Tout à fait, le régime a réussi à progressivement dissoudre toute forme d’opposition organisée. Déjà durant la campagne électorale, les autorités ont emprisonné les autres candidats ou les ont forcé à l’exil. Svetlana Tikhanovskaya, la candidate, qui aurait rassemblé le plus voix, vit maintenant en Lituanie d’où elle continue à mener l’opposition. Le 19 août, l’opposition avait créé un conseil de coordination pour gérer la transition du pouvoir. Aujourd’hui, tous les membres de ce conseil ont été arrêtés ou ont fui le pays, à l’exception de l’écrivaine biélorusse, Svetlana Alexeivitch. Elle fait face au harcèlement des autorités. Maxime Znak, l’un des membres de ce Conseil a récemment entamé une grève de la faim en prison.
D’autres figures émergent de ces manifestations ! Par exemple, Nina Baginskaya est une petite et courageuse femme de 73 ans qui est devenue une véritable icône. Elle a été arrêtée plusieurs fois et on peut régulièrement la voir résister à la police, et brandir des fleurs ou un drapeau biélorusse.
Et comment est-ce que la communauté internationale se positionne par rapport à ces événements ?
Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a voté une résolution vendredi pour demander une enquête immédiate sur les exactions du régime. Il s’agissait d’une initiative poussée par les pays de l’Union européenne. Les représentants du Bélarus, de la Russie et de la Chine ont tenté d’empêché la diffusion d’un témoignage de l’opposante biélorusse, Svetlana Tikhanovskaya, qui s’est vraisemblablement fait volé sa victoire. Anais Marin, la rapporteur spéciale de l’ONU pour le Bélarus, a déclaré que 10.000 manifestants ont été arrêtés de manière abusive depuis le début du mouvement. Elle a appelé les autorités à diminuer la violence envers les manifestants.
Tournons notre regard non plus à l’est, mais vers l’ouest. La France a décidé de s’opposer à la signature du traité de libre-échange dit «Mercosur », avec les pays d’Amérique du Sud. Cela fait plusieurs années que l’Union européenne négocie ce traité. Pourquoi ce revirement ?
C’est en effet un gros revirement. Il faut rappeler que ce traité est en négociation depuis 20 ans entre l’Union européenne et 4 pays d’Amérique du Sud, l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. Le premier ministre français, Jean Castex, a expliqué que pour des raisons environnementales, la France ne pouvait plus soutenir la signature du traité. Il a mentionné la déforestation et le risque pour la biodiversité, comme raison principale. Est mise en cause notamment, la déforestation en Amérique du Sud qui sera engendrée par l’accroissement de l’exportation de bovins vers l’Europe.
C’est en effet une crainte récurrente lorsque l’Union européenne négocie ce type de traité. Il s’agit de s’assurer que les denrées qui seront importées respectent les standards européens tant en matière environnementale que sanitaire.
Tout à fait, le gouvernement français mentionne ces deux aspects. D’une part, la France veut que les engagements climatiques de ces pays soient revus à la hausse. Le but est d’empêcher que les ambitions commerciales de l’Europe créent des problèmes ailleurs. Ensuite, la France veut aussi de meilleurs contrôles douaniers pour s’assurer de la qualité des produits.
La France n’est pas la seule à s’opposer au traité. Les parlements autrichien et hollandais ont déjà voté une motion annonçant qu’ils ne soutiendraient pas le traité. La chancelière allemande, Angela Merkel, a émis des doutes cet été sur la pertinence du projet. En revanche, des pays comme l’Espagne et le Portugal qui ont des liens forts avec l’Amérique du Sud, voudraient parvenir à une signature. Ce lundi les ministres européens du commerce se rassemblent pour en discuter.
Ce traité de libre échange n’est pas le seul objet de résistance en Europe aujourd’hui. 22 villes européennes dont Bruxelles et Bordeaux, par exemple, ont exigé de l’Union européenne une régulation plus stricte de plateformes locations comme Airbnb. Cette plateforme qui permet de louer facilement un logement pour de courts séjours. Quelles sont exactement les demandes de ces villes ?
Les représentants de ces villes, du réseau Eurocities, rencontrent jeudi Margrethe Vestager, la vice-présidente de la Commission européenne. Elle s’occupe notamment des questions de concurrence. Ces villes considèrent que le cadre légal est trop avantageux. Elles veulent que ces plateformes de locations rendent leurs données transparentes pour pouvoir mieux contrôler l’immobilier. Elles veulent lutter contre les hausses de prix et les pénuries de logements causées par un trop grand nombre de logements touristiques.
Ce dossier n’est pas nouveau pour la Commission européenne qui prévoit de passer une loi avant la fin de l’année pour mieux réguler les services digitaux. Surtout, permettre une coopération entre ces plateformes en ligne et les pouvoirs publics.
Victor D'Anethan - Thomas Kox