Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mercredi 23 mars

Aujourd'hui en Europe - Mercredi 23 mars

L'essentiel de l'actualité européenne du jour :

  • Ukraine : Marioupol dévastée par des bombardements incessants depuis 3 semaines
  • Le Premier ministre Andrej Babiš inculpé pour une affaire de fraude
  • Corse : tensions depuis l'agression de Yvan Colonna

Ukraine : Marioupol dévastée par des bombardements incessants depuis 3 semaines

La situation est dramatique à Marioupol, grande ville portuaire du sud-est de l’Ukraine, assiégée de toute part par l’armée russe et dévastée par des bombardements incessants depuis bientôt 3 semaines. Les forces ukrainiennes parviennent néanmoins à contenir les assauts et parfois même repousser les offensives de l’envahisseur russe ?

Bonjour Thomas. Il est très difficile de savoir quelle est réellement la situation sur place. Les derniers journalistes présents ont été contraints de fuir la ville lundi, traqués par les soldats russes. Mais selon les dernières informations du renseignement britannique, les forces ukrainiennes défendent effectivement toujours Marioupol, où les chars russes sont entrés. C’est ce que communique également le ministère de la défense ukrainien, qui a d’ailleurs ignoré un ultimatum russe les enjoignant à « déposer les armes » à Marioupol. Ayant réussi à fuir la ville assiégée, des habitants décrivent la situation comme, je cite, « un enfer glacial, avec des rues jonchées de cadavres et de décombres d’immeubles détruits », ainsi que « des milliers de personnes coupées du monde dans une ville assiégée ». L’Union européenne y dénonce un crime de guerre majeur. Des couloirs humanitaires ont été mis en place pour tenter d’évacuer les civils, qui seraient encore plus de 200 000.

Comment évolue la situation sur les autres lignes de fronts ?

Les bombes continuent de tomber sur plusieurs villes du pays, comme Kiev, Kharkiv, Mykolaïv ou Odessa. Mais au sol, la « blitzkrieg » escompté par Moscou n’a pas lieu, grâce à la ténacité des combattants ukrainiens. Tôt mardi matin, les forces ukrainiennes ont même contre-attaqué en reprenant la ville de Makariv, à l’ouest de Kiev. Cela leur permet de contrôler une autoroute importante et d’empêcher les troupes russes d’avancer vers Kiev par le nord-ouest.

Sur le terrain diplomatique, les pourparlers entre les deux pays n’ont pas l’air d’avancer, et le Kremlin, pour sa part, ne les jugerait pas assez « substantiels » ?

Effectivement, même s’il se poursuit, le dialogue n’a toujours pas donné de résultats et semble s’enliser entre les délégations ukrainienne et russe, cette dernière ne les jugeant pas assez énergétique et concrète. Néanmoins, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré pour la première fois lundi soir être ouvert à, je cite, « essayer d’aborder tout ce qui contrarie et mécontente la Russie ». Le chef de l’Etat, qui veut négocier directement avec son homologue russe Vladimir Poutine, envisage même d’aborder la question de la Crimée et du Donbass. Mais il demande des « garanties de sécurité » au préalable, et prévient que l’Ukraine ne se rendra pas, quitte à être détruite.

Le Premier ministre Andrej Babiš inculpé pour une affaire de fraude

En Tchéquie, après six longues années d’enquête, l’ancien Premier ministre Andrej Babiš a finalement été inculpé pour une affaire de fraude aux subventions européennes ?  

Tout à fait. Dirigeant du pays entre 2017 et 2021, le milliardaire de 67 ans est inculpé par le ministère public tchèque pour, je cite, « délit de fraude aux subventions et d’atteinte aux intérêts financiers de l’Union européenne ».  On lui reproche d’avoir détourné, en 2006, quelque deux millions d’euros de subventions européennes pour financer un luxueux centre hôtelier appelé « nid de cigognes ». Son immunité parlementaire a été levée par le parlement, mais Babis nie toute accusation. Il se dit victime d’un, je cite, « procès politique construit de toutes pièces ».

Mais il n’est pas à son premier scandale financier, et est dans le viseur de la justice européenne depuis plusieurs années. 

Oui, il a notamment été cité dans les « Pandoras Papers », pour l’utilisation de sociétés offshores afin d’acquérir un château en France, dans la plus grande opacité. Château que l’on ne retrouve nulle part dans ses déclarations de patrimoine, lui qui s’est toujours présenté comme un exemple de transparence. Rappelons pour finir qu’en juin 2019, plus de 250.000 personnes s’étaient rassemblées à Prague pour réclamer sa démission.  

Corse : tensions depuis l'agression de Yvan Colonna

Terminons ce journal en Corse, théâtre de tensions depuis l’agression en prison d’Yvan Colonna le 2 mars dernier, qui est décédé des suites de ses blessures ce lundi 21 mars à l’hôpital de Marseille. 

Le militant indépendantiste avait été condamné à perpétuité pour avoir assassiné en 1998 le préfet de Corse Claude Erignac à Ajaccio. Alors qu’il purgeait sa peine à la prison d’Arles, il  a été agressé par un codétenu radicalisé. Celui-ci a expliqué son acte par le fait qu'Yvan Colonna aurait blasphémé. L’agresseur a d’ailleurs été inculpé pour, je cite, “tentative d’assasinat en relation avec une entreprise terroriste”. Suite à l'agression, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes de l’île, rassemblant des milliers de personnes à l’appel d’étudiants, de lycéens, d’organisations nationalistes ou de syndicats. Si au départ, les manifestations avaient pour but d’afficher un soutien au militant, elles ont rapidement fait resurgir les tensions historiques, la nouvelle génération reprenant les revendications indépendantistes de l’île. Des émeutes violentes ont éclaté depuis 2 semaines, faisant de nombreux dégâts matériels et des centaines de blessés. Des bâtiments publics tels le palais de justice d’Ajaccio ou le centre des impôts de Bastia ont été incendiés. 

Les tensions ont fait craindre des dérapages plus graves encore et le ministre de l’Intérieur français a été dépêché sur place la semaine dernière pour tenter de calmer la situation. 

A la veille de son arrivée sur l’île, il a déclaré, je cite, “nous sommes prêts à aller jusqu’à l’autonomie” pour la Corse. Un mot qu’aucun gouvernement n’avait jusqu’alors prononcé. C’est une grande avancée dans un dossier qui était à l’arrêt depuis longtemps en France. La visite ministérielle de trois jours s’est soldée par un retour fragile au calme, en promettant l’entame d’un processus de dialogue pour construire une solution politique globale.

Thomas Kox - Noé Zimmer

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