Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 28 novembre 2025

L’Europe renforce ses défenses contre les contenus criminels en ligne (EC - photo d’illustration) Aujourd'hui en Europe - 28 novembre 2025
L’Europe renforce ses défenses contre les contenus criminels en ligne (EC - photo d’illustration)

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme : 

  • L’Europe s’accorde sur le “chat control” ; RS interdits aux moins de 16 ans
  • Poutine cessera les hostilités si l’Ukraine se retire des territoires que Moscou revendique
  • Bulgarie : dans la rue, le peuple a fait annuler le projet de budget 2026

On ouvre ce journal à Bruxelles, où les 27 sont parvenus à un accord sur la manière dont l’UE protège les enfants contre les abus sexuels en ligne. Une avancée sans précédent, après des années d’opposition de la part d’experts et d’ONG, qui craignaient que cette loi ne mène à une surveillance massive des Européens.

Oui, la version originale de la proposition souhaitait obliger les entreprises technologiques à analyser les messages privés, sous prétexte d’y chercher du contenu pédopornographique. Une manière de prévenir la diffusion de ce genre de contenu, certes, mais au prix d’une surveillance massive des communications, totalement contraire aux libertés individuelles en ligne et à la vie privée.

En octobre, des mobilisations ont bloqué les négociations, plusieurs fois, pour forcer les membres du Conseil à retirer l’élément controversé du texte de loi. Mercredi, ils ont capitulé : pas de détection obligatoire des contenus illégaux.

Une victoire donc pour les défenseurs des libertés individuelles en ligne, mais pas forcément pour les organisations de protection des enfants.

En fait, le Conseil peine à trouver la façon d’améliorer ses lois dans le domaine, alors que la situation, elle, ne cesse de s’aggraver. En 2024, le principal réseau pour signaler les contenus illégaux, l’INHOPE, a traité près de 2,5 millions d’images suspectées d’être de la pédopornographie. Une augmentation de 218% par rapport à 2023. 

C’est justement cette augmentation qui a poussé la Commission européenne à proposer de nouvelles solutions, comme celle d’imposer aux entreprises la détection et la suppression des contenus illégaux, y compris dans les messages privés. Depuis 2021, ce scan est possible sur une base de volontariat, côté plateforme comme utilisateurs, mais personne n’y est tenu par défaut.

La discussion sur le texte, Baptiste, arrive à un moment où plusieurs Etats membres poussent l’idée d’un âge numérique minimal, et d’un durcissement de la régulation des plateformes. 

Oui, c’était le sujet d’un vote non contraignant du Parlement hier : faut-il interdire les réseaux sociaux aux moins de 16 ans ? Pour les eurodéputés, la réponse est claire, oui, à 483 voix pour. Rien n’est fait, la proposition doit passer par une série d’étapes avant d’être applicable dans toute l’Union, mais c’est un signal fort envoyé par les eurodéputés, accompagné d’un rapport assez peu rassurant sur l’état de dépendance des jeunes aux technologies en Europe. 

Un mineur sur quatre présente une utilisation dite “problématique” du smartphone, comparable à une addiction, explique le texte. Un constat qui n’est pas sans faire écho aux déclarations d’Emmanuel Macron la semaine dernière, qui reprochait aux grandes entreprises américaines et chinoises de créer, je cite, “une culture du harcèlement, d’intimidation et d’extrémisme”.

On continue ce journal à Bichkek, au Kirghizistan, d’où le président Vladimir Poutine a affirmé hier, lors d’un déplacement, que la Russie cessera les hostilités si les forces de Kyiv se retirent des territoires qu’elle revendique.  

Oui, une annonce rapidement suivie d’une menace, je cite, “si les troupes ukrainiennes ne partent pas, nous les chasserons par la force militaire”. Un pas en arrière donc, par rapport aux négociations de paix qui ont occupé l’actualité de cette semaine, et que Vladimir Poutine a désigné lors du même discours comme “pouvant servir de base à de futurs accords”. 

Le dirigeant russe n’a toutefois pas donné de précisions supplémentaires concernant les régions revendiquées. Difficile de savoir, donc, s’il parlait de Donetsk et Louhansk, dans l’est, des cibles prioritaires du Kremlin, ou, également, de Kherson et de Zaporijia, dans le Sud. 

Pour rappel, Moscou a presque immédiatement rejeté la proposition de plan de paix des Européens, et a jugé leur participation au règlement du conflit comme “tout à fait inutile”. La Russie n’a pas non plus donné de réponse définitive sur la version en 19 points présentée à la suite des négociations à Genève ; le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov, a précisé qu’elle “nécessite une discussion spéciale entre experts”. Steve Witkoff, l’émissaire américain, est justement attendu prochainement à Moscou.

Et malgré les discussions attendues dans les prochains jours entre Washington, Moscou, Kyiv et Bruxelles, Vladimir Poutine a totalement écarté l’idée de pourparlers avec son homologue ukrainien.

Oui, le président russe a jugé “pratiquement impossible, juridiquement” de trouver un accord avec, je cite, “les autorités illégitimes” de l’Ukraine. Il a néanmoins souligné que ces négociations se doivent d’être reconnues par les acteurs internationaux clés. Emmanuel Macron va justement demander au président Xi Jinping, lors d’une visite à Pékin début décembre, de peser en faveur d’un cessez-le-feu.

Et on termine ce journal en Bulgarie, où une vaste manifestation populaire a mené à l’annulation du projet de budget 2026 du gouvernement. Les manifestants dénonçaient notamment la hausse des taxes prévue dans le texte. 

Oui, près de 20 000 personnes se sont rassemblées devant l’Assemblée nationale bulgare, à Sofia, mercredi soir, la veille du vote final du Parlement sur la question. La manifestation était organisée par la coalition d’opposition ; jeudi matin, le Premier ministre Rossen Jeliazkov a annoncé retirer le projet budgétaire.

Par la même occasion, il appelle, je cite, “à trouver un juste milieu” avec les syndicats et les employeurs, mais la question du budget est particulièrement controversée en Bulgarie et les discussions risquent de prendre du temps. Le projet, désormais annulé donc, prévoyait d’augmenter les cotisations de sécurité sociale, et de doubler la taxe sur les dividendes.

Une instabilité difficile à maîtriser à l’échelle nationale, bien sûr, mais qui pose des risques à l’échelle européenne, puisque le pays des Balkans se prépare à entrer dans la zone euro, au début de l’année prochaine.

Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.