L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Crise humanitaire à Minsk : l'Union européenne sanctionne la Biélorussie
- La COP26 et son bilan très contrasté
- La Macédoine du Nord à l'aube d'une crise politique majeure
Crise humanitaire à Minsk : l'Union européenne sanctionne la Biélorussie
Débutons ce journal en évoquant les sanctions adoptées lundi dernier par l’Union européenne à l’encontre de la Biélorussie. En effet, depuis maintenant plus d’un mois, des milliers de migrants tentent de rejoindre l’Union européenne en traversant la frontière polonaise, et ce malgré des températures polaires. Les sanctions font suite aux accusations de l’UE contre le régime d'Alexandre Loukachenko, qu’elle estime responsable de ces mouvements de population.
Oui, dans cette crise migratoire entre la Pologne et la Biélorussie, Minsk est accusée par les Occidentaux d’orchestrer délibérément le conflit en encourageant les migrants à rejoindre l’Union européenne. Membres du conseil de sécurité de l’ONU et ONG ont condamné ce qu’ils appellent “une instrumentalisation [des] êtres humains” par le régime de Loukachenko. Varsovie, quant à elle, accuse Minsk de délivrer des visas de transit aux ressortissants de plusieurs pays afin de les acheminer jusqu'à la frontière. Un moyen pour Alexandre Loukachenko de répondre, à sa manière, aux sanctions imposées par l’UE après la répression féroce des manifestations de l’opposition dénonçant les élections présidentielles falsifiées de 2020.
Une situation jugée inacceptable par les Etats membres.
Oui, dimanche dernier, Josep Borrell, haut représentant pour les affaires étrangères de l’Union, a annoncé que les compagnies aériennes et les agences de voyage impliquées dans le trafic de migrants seront sanctionnées, ainsi qu'une trentaine de responsables de l'administration biélorusse. Mais il faudra sans doute attendre plusieurs semaines avant qu'un accord soit trouvé sur la liste complète des personnes et des entités à cibler.
Un retard inquiétant pour les organisations de défense des droits humains, qui alertent sur la crise humanitaire en cours.
Craignant d’un côté comme de l’autre, les gardes frontières biélorusses et polonais, des milliers de migrants se terrent dans la forêt. Pour les ONG sur le terrain, l’urgence est de les trouver avant les autorités qui appliquent une politique de “refoulement”. 11 personnes seraient déjà décédées à la frontière depuis le début de la crise migratoire. Une estimation qui pourrait être sous-estimée, puisque la zone frontalière est placée sous état d’urgence par Varsovie depuis septembre, empêchant l’accès aux journalistes en l’absence de laissez-passer.
La COP26 et son bilan très contrasté
Continuons cette édition en nous intéressant au bilan de la COP26. A l’issue de deux semaines de négociations, les participants à la conférence sur le climat à Glasgow ont adopté samedi une déclaration finale qui revient sur une possible sortie du charbon. Une déception de dernière minute pour les pays les plus touchés par la crise climatique.
Les textes approuvés samedi dernier sont un compromis qui reflète “les contradictions et l’état de la volonté politique dans le monde aujourd’hui”, a déclaré Antonio Guterres. Dans les faits, le secrétaire général de l’ONU regrette que les participants n’aient pas réussi à surmonter leurs divergences. Samedi soir, l’Inde, soutenue par la Chine, est parvenue à modifier à la dernière minute le texte de décision prônant non plus une sortie à terme du charbon mais sa simple réduction en tant que source d’énergie.
Une conclusion amère pour bon nombre d'organisations de défense du climat, malgré des engagements historiques.
Oui c’est vrai. Pour la première fois, la conférence a reconnu la nécessité de réduire l’utilisation du charbon, malgré les modifications accordées à la Chine. Il faut rappeler que les mots “charbon” et “combustibles fossiles” n’ont jamais été mentionnés dans un accord de l'ONU sur le climat par le passé, bien qu’il ne mentionne pas de calendrier pour la réalisation de cet engagement.
L’Union européenne est-elle parvenue à imposer ses priorités ?
Oui, en marge des grandes décisions, des petites avancées décisives ont été négociées avec succès par la délégation européenne, notamment dans le secteur de la finance. La Commission européenne veut par exemple obliger les banques à tenir compte des facteurs de durabilité dans leur gestion du risque. Tandis que la Banque centrale européenne a fait savoir qu’elle intégrerait le changement climatique dans son activité de contrôle.
Des avancées qui ne parviennent pas à satisfaire les défenseurs de l’environnement.
Pour le réseau d’ONG Climate Action Network, l’UE a échoué à peser de tout son poids pour soutenir les demandes des pays les plus vulnérables. En effet la délégation européenne a rejeté l’idée d’un fonds spécifique destiné à indemniser les Etats les plus pauvres en cas de catastrophes écologiques.
La Macédoine du Nord à l'aube d'une crise politique majeure
Concluons notre journal en nous rendant en Macédoine du Nord. Ce petit pays des Balkans de deux millions d’habitants se trouve en proie à une crise politique à la suite de la victoire du parti d’opposition nationaliste aux élections municipales du mois d’octobre.
En effet, après avoir perdu 42 villes sur 58, dont la capitale du pays, à l’opposition nationaliste (VMRO-DPMNE), le Premier ministre, chef du parti des socio-démocrates (SMDS), Zoran Zaev, a annoncé sa démission le 31 octobre dernier. Pourtant, ce dernier n’a toujours pas rendu sa lettre au Parlement.
Un faux départ qui a amené le chef de l’opposition nationaliste à déposer une motion de censure à l’encontre du gouvernement.
Oui, le 11 novembre dernier, une motion de censure a été déposée par Hristijan Mickoski. Une initiative très peu suivie par les parlementaires, puisque 60 d’entre eux ont décidé de boycotter le vote.
Malgré ce semi-échec, le parti de l’opposition appelle à des élections anticipées, dans l’espoir de se retrouver à la tête du pouvoir. Une perspective qui inquiète certains Etats membres.
Effectivement, le mandat de Zoran Zaev était jusqu’alors marqué par son ouverture diplomatique et notamment par le succès de l’accord de Prespa signé en 2018 avec la Grèce. Cet accord historique met fin à un conflit de plus de vingt ans entre les deux pays. Le départ du Premier ministre pourrait remettre en question son application, puisque le chef de l’opposition a à de multiples reprises exprimé son désaccord avec la politique du gouvernement socialiste. Une perspective qui nuirait considérablement aux négociations d’adhésion à l’UE de la Macédoine du Nord et à la crédibilité diplomatique de l’Union dans les Balkans.
Juliane Barboni - Romain L'Hostis
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