L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Une reconnaissance de la violence des crimes en Ukraine
- L'agence Frontex est dans le viseur de l'Office de lutte antifraude
- Une alliance entre le SPD, le FPD et les écologistes en Allemagne
Une reconnaissance de la violence des crimes en Ukraine
Commençons ce journal par un point sur la guerre en Ukraine. Alors que les combats continuent de faire rage, la résistance ukrainienne ne faiblit pas.
Effectivement, dans la ville de Kharkiv, les forces russes ont été contraintes de se replier samedi 14 mai. Les combats de samedi dernier dans la ville, ont acté la victoire de la résistance ukrainienne qui se mobilise depuis plus de deux mois. Une défaite qualifiée de déroute par plusieurs experts militaires, selon qui la Russie n’était pas préparée à une guerre si complexe. Le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg, a d’ailleurs récemment estimé que l’Ukraine “peut gagner” la guerre contre la Russie.
Une victoire de l’Ukraine souhaitée par l’ensemble des Occidentaux.ales et que certain·nes observateur·ices commencent à esquisser, mais qui n’effacerait pas les nombreux crimes de guerre perpétrés par l’armée russe.
En Lituanie et en République Tchèque notamment, les élu·es du Parlement et du Sénat appellent la communauté internationale à qualifier l’agression russe de “génocide”. Dans une déclaration adoptée jeudi dernier par la Lituanie, la Commission nationale des affaires étrangères du Parlement a également demandé que la Russie soit exclue du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies. Mercredi dernier, le Sénat tchèque a, lui aussi, adopté une résolution exhortant le gouvernement national à reconnaitre les crimes de guerre présumés en Ukraine comme génocide, “ parce qu'ils sont fondés sur l'ethnicité, la langue, l'affiliation, le lieu de résidence, [ils·elles] portent fondamentalement les marques d'un génocide", selon les mots d’un sénateur.
Des motions qui appellent également la Cour Pénale Internationale à investiguer les crimes perpétrés sur le territoire ukrainien.
Le procureur de la Cour pénale internationale a d’ailleurs annoncé mardi dernier, l’envoi dans le pays, de sa plus grande équipe d’enquêteur·ices jamais déployée. 42 experts ont donc été envoyés sur le terrain afin d'enquêter sur les allégations de crimes de guerre, commis par les soldats russes. Selon Karim Khan : “grâce au déploiement d’une équipe d’enquêteur·ices, nous serons mieux à même d’exploiter les pistes et de recueillir les témoignages se rapportant à des attaques militaires qui pourraient être constitutives de crimes visés dans le Statut de Rome”, soit le traité fondateur de la CPI.
L'agence Frontex est dans le viseur de l'Office de lutte antifraude
Rendons-nous maintenant en Suisse. Dimanche dernier, les citoyen·nes ont donné leur avis quant au renouvellement de leur collaboration avec l'agence européenne de surveillance des frontières, Frontex. Un sondage qui se tient au moment où l’agence se retrouve une fois de plus sous le feu des critiques.
En effet, l’agence Frontex, chargée de la protection des frontières de l’UE, est dans le viseur de l’Office de lutte antifraude depuis maintenant plus d’un an, ce en raison de différents actes de “harcèlement”, et de “refoulement illégaux de migrants”, observés par l’Office. A la suite de ces accusations, le directeur de l’agence Frontex, Fabrice Leggeri, personnellement visé par l’enquête, a annoncé sa démission au début du mois mai.
Quels étaient les termes du référendum de dimanche ?
Eh bien, en mars 2019, le Parlement européen a approuvé le renforcement du personnel de l’agence Frontex. Dimanche dernier, les Suisses donnaient donc leur avis quant au financement de cette réforme, qui doit doter l'agence européenne d’un corps permanent de 10 000 garde-frontières et garde-côtes à l’horizon 2027. Il est d’ailleurs prévu que la Suisse fournisse davantage de personnel et augmente sa contribution annuelle.
Et près de 72% des Suisses ont approuvé le financement de l’agence européenne. Pour quelles raisons ?
Eh bien, pour l’agence fédérale suisse, refuser le financement de Frontex, pourrait impliquer une sortie de l’espace Schengen. En effet, la Suisse est l’un des seuls pays d’Europe occidentale à ne pas faire partie de l’Union européenne. Elle participe néanmoins, à des accords de libre-échange avec les pays de l’Union. « Le vote suisse d’aujourd’hui réaffirme l’importance que les Suisses accordent à la fois au rôle de Frontex et aux avantages de la libre circulation et de la gestion des frontières. Schengen reste notre joyau de la Couronne », a déclaré sur Twitter, le vice-président de la Commission Margaritis Schinas.
Une décision interprétée comme un pas vers l’Union européenne.
Effectivement, un “non” de la part des Suisses aurait probablement encore fragilisé les liens entre l’Etat helvétique et l’UE. Des relations, rappelons-le, déjà tendues depuis que Berne a décidé, en mai 2021, de mettre fin à des années de discussions en vue d’un accord cadre qui devait mettre en place un marché unique entre l’UE et la Suisse.
Une alliance entre le SPD, le FPD et les écologistes en Allemagne
Intéressons nous pour finir à l’Allemagne. Dimanche 15 mai se tenaient les élections régionales dans la région de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. L’épreuve de feu pour la nouvelle coalition gouvernementale au pouvoir depuis le 25 novembre dernier dans le pays. Pour quelles raisons ?
Eh bien, ce gouvernement au couleur d’un “feu tricolore”, est le fruit d’une alliance entre le SPD, le FPD et les écologistes. Une première en Allemagne, puisque le CDU, le parti chrétien conservateur, représenté par Angela Merkel, n’est plus au pouvoir après 20 ans de règne.
Les sociaux-démocrates et les écologistes notamment ont connu une percée historique lors des élections générales de septembre dernier. Un enthousiasme, quelque peu douché par les élections régionales de dimanche dernier.
Effectivement, à la tête de la coalition actuelle, Olaf Scholz représente la branche sociale-démocrate du gouvernement. Le parti de gauche a néanmoins subi une défaite écrasante lors des élections régionales partielles de ce dimanche. Dans l’Etat le plus peuplé d’Allemagne, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le SPD a perdu face aux conservateurs de la CDU. La gauche n’a recueilli que 26,7% des voix, soit le pire scrutin jamais enregistré par le parti dans ce qui est considéré historiquement comme le bastion de la social-démocratie allemande.
Du côté des Verts toutefois, l’heure est à la fête.
Oui, si le SPD descend en flèche, les écologistes eux·elles, ont gagné environ 260 000 voix venant de la gauche. Les Verts ont d’ailleurs réussi à tripler leur résultat électoral, les plaçant comme vainqueur de ces élections régionales. "Il n'est pas possible de former un gouvernement sans nous", a déclaré la candidate principale des Verts, Mona Neubaur, après les résultats des élections.
Juliane Barboni & Laura Léger
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