L'UE met en place un régime de sanction commun pour la violation des droits de l'homme ; la Commission développe une nouvelle stratégie pharmaceutique, son objectif: améliorer l'accès aux médicaments pour les consommateurs européens ; Pays Bas, malgré sa démission du parti en novembre dernier, Thierry Baudet réélu président du Forum pour la démocratie ce vendredi.
L’Union européenne s’arme contre les violations des droits de l’homme ! Les ministres des affaires étrangères des Etats membres se sont rencontrés lundi. Ils ont signé la création d’un régime de sanction des violations des droits fondamentaux. Pouvez-vous nous expliquer ce que cette initiative implique ?
Il s’agit d’une promesse de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Elle l’avait annoncée dans son discours sur l'État de l’Union, mi-septembre. L’Union européenne s’est dotée lundi des compétences nécessaires pour imposer des sanctions. Celles-ci impliquent le gel des avoirs et l’interdiction de pénétrer sur le territoire de l’UE. Elles viseront toute personne impliquée dans des actes graves comme des cas de torture, esclavage, meurtres, ou encore de détentions arbitraires.
Vous dites que l’Union se dote de nouvelles compétences. Pourtant, l’Union européenne a déjà adopté des sanctions par le passé.
Vous avez raison mais il s’agissait de sanctions liées à des mécanismes spécifiques concernant des conflits spécifiques. Par exemple, l’UE a établi des sanctions à l’égard de la Russie et des ressortissants russes pour l’annexion de la Crimée en 2014.
Le nouveau régime permet à l’UE d’adopter des sanctions ciblées directement à l’encontre d’individus et ce, où qu’ils soient dans le monde. A l’origine, la Commission voulait pouvoir prendre des sanctions sans l’unanimité des Etats. Ceux-ci s’y sont opposés. Il faudra donc l’assentiment de chaque Etat membre.
Certains comparent ce nouveau régime au Magnitsky Act américain. Pourquoi ce nom de Magnitski?
Oui, il s’agit d’un avocat russe, Sergueï Magnitski, qui enquêtait sur des faits de corruption. Arrêté en Russie en 2008, il est décédé après 358 jours de détention après avoir été battu et torturé. Dans la foulée de l’émoi causé par sa mort dans le monde, les Etats-Unis ont adopté le « Magnitsky act », pour sanctionner les personnes responsables de sa mort. Son nom est donc devenu le symbole de tout système de sanction à l’encontre de violation de droit de l’homme.
Sur l’insistance de pays comme la Hongrie, la Grèce, l’Italie et Chypre, le régime européen ne mentionne pas son nom. Ces Etats ont de bonnes relations avec la Russie et veulent éviter une référence explicitement anti-russe.
En ces temps particuliers, la Commission développe une nouvelle stratégie dans le domaine pharmaceutique. L’objectif est d’assurer l’accès, la qualité et l’innocuité des médicaments à travers l’Europe. Pouvez-vous nous en dire plus sur le contenu de cette stratégie ?
Oui, l’épidémie a remis les questions de santé sur le devant de la scène ! L’objectif principal est d’améliorer l’accès aux médicaments pour le consommateur européen. Celles-ci pourraient contribuer à rendre les médicaments moins chers et augmenter la variété des traitements disponibles. Par exemple, en favorisant l’achat de médicaments génériques. Ceux-ci sont moins chers et comportent les mêmes agents actifs que les autres médicaments. Par extension, cela contribuera à alléger la facture pour les systèmes de santé nationaux.
Le lobby du secteur pharmaceutique est l’un des plus gros lobbies au niveau européen. Il est difficilement imaginable que ces grandes entreprises se réjouissent d’une telle initiative.
En effet, l’objectif est aussi de s’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles des entreprises pharmaceutiques. Le sujet est revenu récemment sur la table. Fin novembre, la Commission a infligé une amende de 60.5 millions d’euros à deux entreprises, Cephalon et Teva. Malgré l’expiration du brevet, l’une continuait à vendre du Modafinil au prix breveté. Le Modafinil est un médicament utilisé pour traiter notamment la narcolepsie. En échange, l’autre entreprise recevait une compensation pour ne pas commercialiser sa version générique et donc moins chère.
La Commission veut favoriser la commercialisation de médicaments génériques, moins chers. Néanmoins, elle met l’accent sur la propriété intellectuelle. Une garantie pour que les groupes pharmaceutiques conservent une source importante de revenus. Surtout, ce que veut la Commission, c’est inciter ces entreprises à innover et à diversifier leur offre.
Terminons par un saut au Pays-Bas ! Le retour aux affaires de Thierry Baudet, homme politique d’extrême droite, s’annonce difficile ! Pour rappel, son parti a été secoué par un scandale raciste fin novembre.
Tout à fait ! Thierry Baudet est le sulfureux fondateur de Forum pour la démocratie, parti d’extrême droite néerlandais. Pour rappel, un média néerlandais a révélé des communications à caractère raciste et antisémite au sein de la section jeune du parti. Il a démissionné de son poste de député et de président du parti. Ce scandale a causé le départ de nombreux membres qui appellent à nettoyer les écuries d’Augias.
Vendredi dernier, il a été réélu en tant que président. Il a la tâche difficile de relancer un parti sclérosé par les scandales, les défections et les mauvais résultats dans les urnes. Il tentera de redresser la barre pour les élections législatives au mois de mars 2021.
Ces défections profitent aux deux autres partis situés sur la droite du spectre politique.
En effet, deux partis s’accaparent des électeurs. D’une part, le parti de centre-droit, au pouvoir aujourd’hui et dirigé par Mark Rutte, d’autre part, l’autre parti d’extrême droite, fondé par Geert Wilders.
Victor D’Anethan – Thomas Kox
crédits photo: EmDee, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons