L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- En Géorgie, les résultats du deuxième tour des élections municipales génèrent des manifestations
- Plusieurs semaines de tensions en Bosnie-Herzégovine
- La crise migratoire continue de se dérouler le long de la frontière gréco-turque
En Géorgie, les résultats du deuxième tour des élections municipales génèrent des manifestations
Commençons ce journal en nous rendant en Géorgie, petit pays du Caucase d’un peu moins de 4 millions d’habitants, où depuis plus d’une semaine, des milliers de manifestants descendent dans les rues. Dimanche 31 octobre, l’opposition a en effet rejeté comme frauduleux les résultats du deuxième tour des élections municipales dans le pays, appelant les électeurs à manifester leur mécontentement dans les rues.
Les autorités géorgiennes, dominées depuis 2012 par le parti du Rêve géorgien, ont effectivement largement remporté le scrutin des élections municipales. Les observateurs internationaux ont néanmoins fait état de fraudes, et pressions exercées sur les électeurs. Des accusations rejetées en bloc par la majorité, mais que dénoncent également avec de plus en plus de force l’opposition.
Selon les autorités géorgiennes c’est l'ex-président Mikhaïl Saakachvili, leader du Mouvement national uni (MNU), le principal parti d’opposition, qui est responsable de cette agitation.
Effectivement, l’appel à manifester de l’opposition intervient alors que l’ancien président Mikhaïl Saakachvili est emprisonné depuis le début du mois d’octobre, et effectue une grève de la faim. Condamné en 2018 par contumace à six d’emprisonnement pour “abus de pouvoir”. Saakachvili, qui a dirigé le pays pendant près de dix ans, avait fui le pays en 2014. L’homme qui avait mené une nouvelle carrière politique en Ukraine est revenu très discrètement sur le territoire géorgien la veille du premier tour des élections et s’est fait arrêter quelques jours plus tard. Samedi dernier encore, plus de 3000 personnes se sont réunies dans la ville de Rustavi, pour marquer leur soutien à l’ancien président géorgien, incarcéré dans la ville.
Le retour de Mikhaïl Saakachvili tend encore un climat politique déjà très lourd.
C’est vrai Thomas. L’emprisonnement de l’ex-dirigeant a en quelque sorte enflammé un climat politique déjà très polarisé en Géorgie. Sa personne fait figure de repoussoir pour le parti au pouvoir. Tandis que le parti d’opposition continue de lui rester fidèle lui reconnaissant d’avoir totalement transformé le pays après la révolution des roses, en 2003. Une situation difficile pour le pouvoir qui semble ne pas savoir comment gérer ce prisonnier particulier. La présidente géorgienne Salomé Zourabichvili, pourtant ancienne ministre des affaires étrangères de Mikhaïl Saakachvili, a exclu de le gracier.
Plusieurs semaines de tensions en Bosnie-Herzégovine
Continuons ce journal en nous tournant vers la Bosnie-Herzégovine. Ce pays des Balkans très divisé entre ses différentes communautés connaît depuis plusieurs semaines de nouvelles tensions. Depuis la signature des accords de Dayton de 1995 qui avaient mis fin à trois ans d’un conflit meurtrier, la Bosnie est dirigée par un exécutif à trois têtes. Une architecture complexe soutenue par l’opération de maintien de la paix Eufor Althea, qui a vu son mandat renouvelé mercredi dernier.
En effet, mercredi 3 novembre, le Conseil de sécurité des Nations unies a prolongé de douze mois le mandat de la force de l’Union européenne dans le pays. Son objectif à long terme est d’accompagner la Bosnie-Herzégovine dans la création d’un État stable, pacifié et multi-ethnique. Une opération rendue de plus en plus complexe par les velléités sécessionnistes de certains dirigeants.
Milorad Dodik, membre serbe de la présidence bosnienne et fervent partisan de l’indépendance de la région serbe du pays, menace en effet de faire voler en éclat une situation déjà fragile.
Oui, le dirigeant de la communauté serbe s’est lancé dans une surenchère sécessionniste depuis plusieurs semaines. Ce dernier est un habitué des prises de parole aux accents séparatistes et outranciers, mais cette fois-ci il semble déterminé à passer à l’action. Il a annoncé le retrait dans les prochains mois des éléments serbes du système judiciaire, fiscal et militaire de l’Etat bosnien. Un acte qui constituerait de facto la sécession de la République serbe de Bosnie.
Un climat délétère dont certains observateurs craignent qu’il ne dégénère en guerre civile
C’est notamment le nouveau haut représentant en Bosnie-Herzégovine, l’Allemand Christian Schmidt, qui tire la sonnette d’alarme. Dans son rapport publié la semaine dernière, il affirme que la jeune République est “confrontée à la plus grande menace existentielle depuis la fin de la guerre”. Selon lui, la possibilité d’un conflit dans le pays est “très réelle”. Une situation qui représente pour certains observateurs l’échec de la politique étrangère européenne dans la région.
La crise migratoire continue de se dérouler le long de la frontière gréco-turque
Terminons ce journal en évoquant la crise migratoire qui continue de se dérouler le long de la frontière entre la Grèce et la Turquie. Athènes accuse Ankara de ne pas faire suffisamment d’efforts pour empêcher le départ et l’exploitation de migrants par des groupes criminels. Des accusations qui interviennent dans un contexte de regain des flux migratoires dans la région.
Effectivement, Thomas. Depuis plusieurs semaines la Grèce doit faire face à des flux de migrants accrus. La semaine dernière encore près de 400 personnes ont débarqué sur les côtes grecques, à bord d’un navire battant pavillon turc. Les autorités accusent la Turquie d’avoir violé l’accord migratoire de 2015 conclu entre Ankara et Bruxelles qui prévoit un contrôle plus strict des frontières par les forces de l’ordre turques. Le gouvernement d’Erdogan est également soupçonné par l’organisation internationale des migrants (OIM) d’instrumentaliser la crise migratoire en affrétant des bus de migrants en direction de la Grèce.
La Grèce est cependant elle aussi accusée de conduire des migrants vers la Turquie.
Effectivement, l'eurodéputée Cornelia Ernst, membre du parti allemand de gauche Die Linke, s’est rendue en Grèce la semaine dernière et a diffusé vendredi sur son compte Twitter des témoignages de migrants qui affirment avoir échappé à une opération de refoulement vers la Turquie. Une pratique dénoncée par les juristes et les ONG, comme une violation flagrante de la convention de Genève.
Un conflit politique qui se double d’un drame humanitaire.
Oui, les humanitaires de Médecins sans frontières accompagnant l’eurodéputée auprès des migrants rescapés alertent sur les conditions de vie dramatiques dans les camps de réfugiés. Une situation aggravée par les tentatives d’intimidation des forces de l’ordre grecques, dénoncées par MSF lundi dernier. Patrick Wieland, chef de mission de MSF en Grèce, parle en ce sens d’une “criminalisation [croissante] de l’aide aux réfugiés”.
Juliane Barboni - Thomas Kox
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