L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- La base militaire Yavoriv bombardée par les forces russes
- Des manifestations contre la hausse des prix en Albanie
- Lutte pour l'égalité homme-femme en Europe
La base militaire Yavoriv bombardée par les forces russes
Débutons ce journal en faisant le point sur la situation en Ukraine, et plus précisément sur les nouveaux bombardements qui se rapprochent de l’ouest du pays. Dimanche dernier, la base militaire de Yavoriv a été bombardée par les forces russes. Cette base est située à près de 20 km de la frontière polonaise. Or, on le rappelle, la Pologne est membre de l’OTAN. Cette attaque pourrait-elle constituer une provocation pour l’Alliance transatlantique ?
Effectivement, ce bombardement qui a fait 35 morts et 134 blessés selon les autorités ukrainiennes, déplace la ligne de front vers l’ouest du pays, au plus près des frontières de l’OTAN. En effet, il y a encore seulement quelques semaines, la base de Yavoriv a accueilli des missions d'entraînements de l’OTAN. Le site avait également été utilisé comme un centre d'entraînement par l’armée canadienne. Si aucun militaire étranger ne semble avoir été tué dans l’attaque, l’avertissement venant de Moscou semble clair.
Pourtant, l’OTAN ne souhaite pas s'impliquer directement dans cette guerre, comme l’ont rappelé les chefs d’Etat européens la semaine dernière.
Au sommet de Versailles tenu la semaine dernière en présence des 27 chefs d’Etats de l’UE, le président Emmanuel Macron a fait savoir à de nombreuses reprises que l’Europe n’est “pas en guerre” avec la Russie. Une posture qui ressemble à une ligne de crête alors que le week-end dernier le Kremlin a fait savoir que les convois de livraisons d’armes à l’Ukraine par les pays de l’OTAN seraient considérés comme des cibles militaires légitimes.
Malgré la posture en retrait de l’OTAN, les risques de confrontations augmentent de jour en jour.
Oui, les incidents se multiplient autour du conflit en Ukraine. Jeudi dernier, un drone militaire de fabrication soviétique s’est écrasé à Zagreb en Croatie à une centaine de mètres d’une zone résidentielle. Ce dernier transportait une bombe aérienne, sans que l’on sache si l’engin appartient à l’armée russe ou ukrainienne.
Alors que les bombardements se poursuivent en Ukraine le président Volodymyr Zelensky appelle une nouvelle fois l’OTAN à mettre en place une zone d’exclusion aérienne en Ukraine.
Effectivement, dans sa dernière allocution à l’OTAN, le président ukrainien plaide pour la fermeture de l’espace aérien au-dessus de son pays. “Si vous ne fermez pas notre ciel, ce n'est qu'une question de temps avant que des missiles russes ne tombent sur votre territoire, sur le territoire de l'OTAN." a-t-il déclaré. Une demande pour l’instant rejetée par l’alliance atlantique, qui craint que cet acte soit considéré comme un acte de guerre par la Russie. Autre point de discorde, cette fois entre la Pologne et les États Unis : c’est la livraison d’avions de combats à l’Ukraine. Une proposition des autorités polonaises qui pourrait être considérée par Moscou comme une implication trop directe de l’OTÀN dans cette guerre, selon les américains.
C’est dans ce contexte que les premiers ministres polonais, tchèque et slovène se rendent ce mardi à Kiev pour rencontrer Volodymir Zelenski et réaffirmer “le soutien sans équivoque” de l’UE à l’Ukraine.
Des manifestations contre la hausse des prix en Albanie
Tournons nous maintenant vers l’Albanie. Ce petit pays des Balkans est actuellement secoué par de larges manifestations contre la hausse des prix et la corruption endémique de sa classe politique. Pour rappel, l’Albanie est un des pays les plus pauvres d’Europe, et un tiers de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté. Samedi dernier, des milliers de personnes se sont réunis à Tirana pour manifester leur mécontentement. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, samedi marquait le cinquième jour de manifestations dans la capitale albanaise et plusieurs autres grandes villes du pays. En Albanie où le salaire minimum est de seulement 240€, le prix de l’essence a récemment grimpé, dépassant les 2€ le litre. En réaction, les manifestants sont descendus dans la rue pour réclamer des mesures économiques destinées à amortir cette hausse. En effet, en Albanie, les taxes sur l’essence représentent 53% de son prix à la pompe.
Autre volet de contestations : la corruption des autorités albanaises et leur collusion avec les intérêts d’oligarques de la région.
Tout à fait. Selon les manifestants, les oligarques ont la mainmise sur l’économie du pays et manipulent les prix à leur avantage. Ils pointent du doigt de nombreux scandales de corruption, impliquant des partenariats public-privé et la disparition de centaines de millions d’euros des caisses de l’Etat
Quelle a été la réaction des autorités albanaises vis-à-vis de ces accusations ?
Eh bien, le premier ministre Edi Rama a tenté à plusieurs reprises d’utiliser le contexte de la guerre en Ukraine comme prétexte à la tenue de ces manifestations. Selon lui, les albanais devraient avoir honte d’être le seul pays de l’OTAN à manifester contre les « conséquences de la guerre en Ukraine ». Des allégations reprises par les médias pro-gouvernementaux, qui cherchent à présenter les manifestations comme faisant partie d’un complot russe visant à déstabiliser le pays.
Lutte pour l'égalité homme-femme en Europe
Pour conclure cette édition, intéressons à la dernière réunion du Conseil de l’UE, qui s’est tenue lundi dernier, au sujet de l’équilibre homme-femmes dans les conseils d’administration des entreprises. Pourquoi cette réunion représente en elle-même un pas en avant dans la lutte pour l’égalité homme-femme en Europe ?
Eh bien, pour la simple raison que le Conseil de l’UE ne s’était pas réuni sur cette thématique depuis bientôt près de trois ans. A l’ordre du jour de cette réunion, les ministres des Etats membres doivent donner leur feu vert à une directive de la Commission, restée en suspens depuis 2013. La directive propose qu'au moins 40 % des conseils d'administration soient composés du "sexe sous-représenté"
En effet, les femmes y sont nettement moins représentées que les hommes.
Tout à fait ! En 2018, selon l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes, les femmes représentaient seulement 26% des membres des conseils d’administration des plus grandes sociétés enregistrées dans l’UE. Seulement cinq États membres dont la France, l’Italie et la Suède comptent plus d’un tiers de femmes dans les conseils d’administration. Une situation appelée à changer avec l’accord du Conseil, et dont s’est félicitée Helena Dalli, commissaire européenne à l’égalité. “La fin d’une attente de 10 ans. Les femmes le méritent”, a-t-elle déclaré.
Juliane Barboni - Thomas Kox
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