Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mardi 16 mars

Aujourd'hui en Europe - Mardi 16 mars

Passeport vert: la Commission européenne présentera sa proposition mercredi ; Selon un rapport, l'OTAN serait mal préparée en cas de conflit majeur avec la Russie ; Quelle efficacité pour les "indications géographiques" des produits européens ?

La Commission européenne présentera mercredi sa proposition pour un passeport vaccinal européen.

La Commission européenne présentera mercredi sa proposition pour un passeport vaccinal européen. Ce document numérique commun aux 27 aura pour but de comptabiliser toutes les personnes déjà vaccinées pour leur permettre de se déplacer librement en Europe et aider le secteur du tourisme. Toutefois, une idée fait débat, c’est la possibilité que le passeport vaccinal ne concerne que ceux ayant reçu un vaccin autorisé par l'agence européenne des médicaments. 

Oui, pour l’instant l’Agence européenne des médicaments (AEM) a autorisé la mise sur le marché des vaccins Moderna, Pfizer-BioNTech, AstraZeneca, et Johnson & Johnson. Or, selon la commissaire européenne aux affaires intérieures Ylva Johansson, il est peu probable que le passeport proposé mercredi prenne en compte les vaccins non validés par l’Agence européenne des médicaments. Cela signifie que les citoyens de l’UE vaccinés avec les sérums russe et chinois ne pourraient pas bénéficier des facilités de déplacement envisagées par ce dispositif. 

Un scénario qui pose problème, notamment pour les pays européens qui ont déjà accepté le vaccin russe, alors que sa validation par l’agence européenne des médicaments est encore hypothétique.

En effet, le dimanche 7 mars, la présidente de l’Agence européenne des médicaments Christa Wirthumer-Hoche a conseillé aux pays de l’UE d’attendre la fin du processus d’examen du Spoutnik V. Des Européens qui sont pourtant de moins en moins sceptiques face au vaccin russe. La Hongrie et la Slovaquie l’utilisent déjà, la Tchéquie en a commandé, et l’Italie a même l’intention de produire ce vaccin sur son sol. 

L’eurodéputé hongrois Istvan Ujhelyi voit ce modèle de passeport vaccinal comme “un piège tendu aux Hongrois” et il a alerté les Etats qui devront aussi s’accorder sur la forme que prendra ce nouvel instrument lors du Conseil européen du 25 mars prochain.

En Serbie, le président Aleksandar Vucic a déclaré que cette préférence occidentale serait « scandaleuse » et « déraisonnable », car cela signifierait que les Serbes, principalement vaccinés grâce au sérum russe et chinois, ne seraient pas autorisés à voyager dans l’UE.

En réaction, Vucic a alors fait part de sa volonté d’intensifier la production de vaccins russe en Serbie et d’améliorer sa coopération avec le Kremlin, et ce alors même que la Serbie est candidate à l’Union européenne. Le jeudi 11 mars le président a aussi annoncé la construction sur son sol d’une usine de production de vaccins chinois Sinopharm. Si jamais l’UE officialise ce modèle de passeport vaccinal, Belgrade a déclaré “qu’il n’y aurait pas de dialogue avec Pristina », la capitale du Kosovo. La Serbie ne reconnaît toujours pas l’indépendance de ce territoire, bien que l’UE encourage un rapprochement depuis longtemps.

Selon un rapport, l'OTAN serait mal préparée en cas de conflit majeur avec la Russie

Tournons-nous maintenant vers la Suède. Dans le cadre de son partenariat avec l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, l’Agence suédoise de recherche pour la défense vient de dresser un tableau inquiétant de la défense occidentale, notamment vis-à-vis de la Russie. 

En effet, dans le scénario catastrophe d’un conflit majeur, le rapport suédois estime que si la Russie menaçait d’utiliser l’arme nucléaire, cela pourrait décourager la Suède de se joindre aux efforts de l’OTAN. Selon le rapport, les forces de l’OTAN sont trop dispersées, et ne disposent pas assez de moyens mis en commun, ni d’un entraînement suffisamment coordonné, ce qui rendrait l’alliance trop lente à réagir. Le rapport note également que la clause de défense mutuelle du traité de Lisbonne de l’UE « reste une déclaration politique qui manque de planification ou de structures militaires appropriées. » 

Ce rapport n’est pas la seule publication allant dans ce sens.

En effet, la Suède a mis en garde récemment contre le fait que la réduction drastique des combustibles fossiles voulue par le Green Deal européen pourrait mettre en danger l'approvisionnement des véhicules militaires, tant que les armées européennes ne font pas elles-mêmes leur transition énergétique. La sous-commission "sécurité et défense" du Parlement européen s'est réunie ce lundi en visioconférence avec le secrétaire général de l'OTAN pour discuter de ce sujet.

Même si un conflit avec la Russie est jugé peu probable par les experts, les tensions se sont encore renforcées avec le Kremlin ces derniers jours avec le retour des combats à l’Est de l’Ukraine, sur le front du Donbass.

Oui, le gouvernement de Kiev a annoncé vendredi 12 mars la mort d’un soldat ukrainien, il s’agirait du 13e depuis le début de l’année. Un cessez-le-feu avait pourtant été obtenu en août dernier, dans ce conflit qui a fait plus de 13000 morts depuis son déclenchement, en 2014. 

Le 2 mars dernier, Charles Michel le président du Conseil européen s’est rendu au Donbass, pour appeler au cessez-le-feu entre militaires ukrainiens et séparatistes pro-russes, mais a aussi maintenu les sanctions contre le Kremlin en déclarant que « la Russie était une partie prenante de ce conflit, et non un médiateur ». De son côté, la Russie a dit s’inquiéter contre la reprise d'une "guerre totale" dans la zone.   

Quelle efficacité pour les "indications géographiques" des produits européens ?

Terminons ce journal en revenant sur la récente publication d’une étude demandée par la Commission européenne sur les instruments dits “d'indications géographiques” pour les produits européens.

Tout à fait ! En 2020, l’Union européenne en comptait près de 3300. Qu’il s’agisse d’appellations d’origine contrôlée (AOC), ou appellations d’origine protégée (AOP), ou même d’indications géographiques protégées (IGP), toutes ces appellations ont pour but de protéger les agriculteurs et producteurs de la contrefaçon, d’assurer une concurrence loyale et le respect des droits de propriété intellectuelle. 

Qu’est-ce que cette étude a révélé ?

Le constat est positif, selon le rapport cette régulation au niveau européen permet “une concurrence loyale pour les agriculteurs impliqués”, et les indications géographiques aident à “promouvoir l’identité régionale et le patrimoine gastronomique”.

Mais l’étude fait aussi part de « certaines limites »

Oui, même si ces labels offrent un avantage de qualité et donc de prix pour les agriculteurs, pour les obtenir il faut respecter un cahier des charges et donc des coûts de production plus élevés, ce qui affaiblit cet avantage. Les auteurs de l’étude recommandent donc une simplification des procédures, mais également une meilleure communication auprès des consommateurs, ainsi que l’intégration dans ces labels de la question du bien-être animal et de la durabilité environnementale. 

Thomas Kox - Romain L'Hostis

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