Belarus : reprise des manifestations contre le gouvernement, des centaines de personnes arrêtées. Royaume-Uni: un professeur suspendu pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet. Certificat vert : les parlementaires européens approuvent la proposition de la Commission européenne.
Belarus : reprise des manifestations contre le gouvernement, des centaines de personnes arrêtées.
Depuis la réélection contestée en août dernier du dirigeant bélarusse Alexandre Loukachenko qui brigue un sixième mandat, de larges manifestations rassemblant jusqu’à 100 000 personnes avaient éclaté dans le pays à l’été et l’automne 2020, en dépit de la peur constante des manifestants d’être arrêté. Nombre de figures de l’opposition politique sont désormais en exil ou derrière les barreaux. Malgré les intimidations répétées d’un pouvoir extrêmement répressif, des biélorusses ont manifesté jeudi et samedi à l’appel de Svetlana Tikhanovskaïa, candidate aux élections et poussée à l’exil en Lituanie.
Oui, samedi des manifestants ont bravé l’immense présence policière dans la capitale Minsk pour demander à nouveau la démission d’Alexandre Loukachenko, réélu dans des conditions frauduleuses en août 2020. Le nombre de manifestants était cependant cette fois bien plus limité que lors des grandes mobilisations de l’été et de l’automne 2020. L’ampleur de la mobilisation n’a cessé de diminuer à cause des températures hivernales et du fait de la répression tous azimuts alors que la police multiplie les arrestations préventives.
Au total plus de 33 000 personnes ont été arrêtées pendant les manifestations depuis le 9 août, risquant de lourdes peines. Les manifestants adaptent donc leur stratégie en évoluant désormais en petits groupes localement. Jeudi plus de 200 personnes ont été arrêtées, et samedi au moins 110 personnes ont subi le même sort, dont cinq journalistes bélarusses.
En amont de la reprise des manifestations après la trêve hivernale, l’ONG Amnesty International a interpellé mercredi la communauté internationale dans un communiqué.
Oui, l’ONG internationale de défense des droits de l’homme alerte les « dirigeants mondiaux pour qu’ils demandent à leurs représentants diplomatiques au Bélarus de filmer les manifestations et de les diffuser en direct sur Internet car toujours selon l’ONG ils peuvent relayer les informations pour lesquelles des journalistes bélarusses ont été envoyés derrière les barreaux. » Amnesty demande « aussi aux multinationales de veiller à ne pas être impliquées dans d’éventuelles futures violations des droits humains commises par les autorités bélarusses, en prenant des mesures concrètes visant à limiter les risques ».
Royaume-Uni: un professeur suspendu pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet.
Tournons à présent vers le Royaume-Uni où la suspension d’un professeur qui avait montré des caricatures du prophète Mahomet dans sa classe fait polémique. Des familles demandent son limogeage tandis que des défenseurs de la liberté d’expression s’insurgent de cette décision.
En effet, un professeur de 29 ans du collège de la ville de Batley dans la banlieue de Leeds au nord de l’Angleterre a été suspendu jeudi. Il aurait présenté à ses élèves des caricatures de Mahomet provenant du journal satirique Charlie Hebdo dans un cours sur la religion et la liberté d’expression. Plusieurs dizaines de personnes dont des parents d’élèves majoritairement musulmans ont manifesté jeudi et vendredi devant l’école. Ils sont en colère car les représentations du prophète sont considérées comme profondément offensantes dans la religion musulmane. Le directeur de l’école a présenté ses excuses et a annoncé l’ouverture d’une enquête.
Depuis la divulgation de son nom, le professeur et sa famille sont sous protection policière. Le Dr Shazad Amin, vice-président d’Engagement et Développement des musulmans, une organisation qui aide à promouvoir la voix des musulmans dans les médias ne voit « aucun problème » à discuter du blasphème à l’école mais indique que l’image montrée était « profondément offensante » et « alimente des stéréotypes ». Le professeur a aussi des soutiens : une pétition aurait été lancée par plusieurs élèves de l’école a rassemblé plus de 44 000 signatures.
Certificat vert : les parlementaires européens approuvent la proposition de la Commission européenne.
Attardons-nous maintenant sur le certificat vert proposé le 17 mars dernier par la Commission européenne et qui devrait être approuvé dès avril par les eurodéputés.
En effet, par 468 voix pour, 203 contre et 16 abstentions les parlementaires européens ont approuvé jeudi dernier le recours à une procédure d’urgence pour soutenir rapidement la mise en place du certificat vert numérique proposé par la Commission. Il vise à faciliter la libre circulation dans l’UE en mentionnant si le voyageur a été vacciné, testé ou s’il a guéri du Covid au cours des 180 derniers jours.
Il sera donc soumis au vote des eurodéputés réunis en session plénière du 26 au 28 avril prochain et devra obtenir la majorité qualifiée des 27 États membres après d’âpres négociations. La Grèce, le Portugal et l'Espagne, pour lesquels le secteur touristique est vital, poussent pour une mise en application rapide quand d’autres pays sont plus frileux à l’idée d’harmoniser les contrôles aux frontières au niveau européen.
La Commission européenne va donc devoir convaincre le Parlement européen et les 27 pour que ce certificat européen voit le jour. Mais la réouverture des frontières n’est pas pour demain, en témoignent les pays européens qui durcissent leurs contrôles.
En effet, les autorités espagnoles vont exiger un test PCR de moins de 72 heures pour toute personne souhaitant passer la frontière terrestre de la France. Berlin a de son côté classé la France en « zone à haut risque ». Les voyageurs venant de l’hexagone doivent désormais présenter un test négatif de moins de 48h et pourront être soumis à une quarantaine de dix jours. Enfin, depuis vendredi, toute personne arrivant en République d’Irlande depuis un des 33 pays listés à « haut risque » comme l'Autriche, Dubaï ou encore des pays d’Amérique du Sud devront observer une quarantaine de minimum douze jours.
A leur arrivée sur l’île, les voyageurs sont escortés par l’armée directement vers des hôtels prévus à cet effet. Le coût est de 1900 euros pour les douze jours et à la charge du voyageur. Cette mesure s’applique aussi à tous ceux qui n’ont pas présenté de test PCR. Le ministre de la Santé Stephen Donnelly assure que l’Etat prendra en charge les frais supplémentaires en cas de test positif. Les contrevenants risquent une amende de 2000 euros ou un mois de prison. L’objectif est bien évidemment de décourager les arrivées, rappelle le ministre irlandais.
Romaine L'Hostis - Armand Duthil
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