Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Jeudi 8 février

@Roel Wijnants Aujourd'hui en Europe - Jeudi 8 février
@Roel Wijnants

Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles. 

Au programme :

- Le retrait de Pieter Omtzigt de l'alliance de droite aux Pays-Bas

- La mise en demeure de la Hongrie par l'UE suite à la promulgation d'une loi sur la "souveraineté"

- La fin de l'enquête sur le sabotage des gazoducs Nord Stream en Suède

Démarrons ce journal aux Pays-Bas, où plus de deux mois après les élections législatives, le poste de Premier ministre reste toujours vacant.

C’était pressenti par de nombreux observateurs, le vainqueur de l’élection Geert Wilders, leader du Parti pour la liberté, d’extrême droite et habitué à la polémique, notamment pour ses prises de positions sur l’islam a du mal à fédérer une coalition majoritaire derrière lui. Il avait pourtant largement remporté les élections législatives du mois de novembre en remportant 25% des voix.

Dernier épisode de cette longue phase de discussions, le retrait de Pieter Omtzigt et de son parti le Nouveau contrat social de la table des négociations.

Le 6 février, Pieter Omtzigt, que beaucoup considéraient comme l’électron libre de l’élection en novembre, notamment de par la jeunesse de son parti fondé en août 2023, a annoncé soudainement se retirer des discussions. Un coup dur pour Geert Wilders qui avait besoin de la vingtaine de députés élus du Nouveau contrat social pour former une coalition majoritaire. Il se trouve désormais avec pour seul allié possible le Parti populaire pour la liberté et la démocratie, du Premier ministre sortant Mark Rutte et un très minoritaire parti agricole. 

Pourquoi ce retrait soudain de Pieter Omtzigt des négociations ?

Dans une lettre aux membres de son parti, Pieter Omtzigt explique être, je cite « effrayé » par l’état des finances du pays. Des finances dont, toujours d’après lui, la situation risquerait d'empirer sous un gouvernement Wilders. Il juge également la plupart des promesses du leader d’extrême droite irréalisables. Notamment sa volonté de Nexit, de sortie des Pays-Bas de l’Union européenne, une promesse de campagne qui était déjà critiquée par Pieter Omtzigt avant les élections.

Geert Wilders peut-il malgré tout se passer du Nouveau Contrat Social ?

Ce retrait complique en tout cas singulièrement la tâche du Parti pour la Liberté pour former cette alliance des droites voulue par Geert Wilders. Deux scénarios semblent désormais se profiler. Tout d’abord celui de la mise en place d’une coalition minoritaire au parlement. Mais une seconde option pourrait lui être préférée, à savoir celle du retour aux urnes. 

Un dénouement qui pourrait bien être profitable pour l’extrême droite dont la popularité a continué de monter à la suite des élections. Selon Europe Elects, il pourrait même dépasser les 50 sièges au parlement en cas de nouveau scrutin, ce qui serait une progression très nette par rapport aux 37 qu’il a remportés en novembre.

Poursuivons ce journal en évoquant la procédure d’infraction déclenchée par l’UE à l’égard de la Hongrie et du gouvernement du Premier ministre Viktor Orban.

En cause, la loi sur la souveraineté mise en place par le gouvernement. Un paquet législatif qui prévoit entre autres la criminalisation des financements des partis politiques par l’étranger, ainsi que la mise en place d’une autorité de surveillance électorale. Son rôle : empêcher les ingérences étrangères. Le premier ministre cible particulièrement l’UE qu’il accuse régulièrement de financer l’opposition.

Cette autorité électorale a été dénoncée dès son annonce par les ONG.

Tout à fait, ses attributions sont d’ailleurs assez floues, ce qui fait redouter des abus de pouvoirs à de nombreux observateurs, dans ce pays régulièrement pointé du doigt pour ses manquements à l’État de droit. D’autant qu’elle serait habilitée à exiger des informations d’ordre privées, ainsi que des données sensibles ou confidentielles à des entreprises ou à des médias par exemple. Amnesty International dénonce ici un moyen de, je cite, « faire taire les voix critiques » à l’égard du gouvernement.

La Commission européenne a donc envoyé une lettre de mise en demeure à la Hongrie, qui a deux mois pour y répondre. 

L’exécutif européen craint que cette loi soit contraire au droit de l’UE. Selon la réponse de la Hongrie, Budapest pourrait se voir imposer de nouvelles sanctions de la part des 27. Celles-ci s’ajouteraient au gel de 21 milliards d’euros de fonds d’aide pour la Hongrie toujours gelés par l’Union européenne. Des fonds dont Viktor Orban a exigé à plusieurs reprises le dégel en menaçant d’utiliser son véto lors du dernier sommet européen au cours duquel a été votée une aide de 50 milliards d’euros pour l’Ukraine. 

Mais à l’exception d’un déblocage partiel décidé à la fin de l’année 2023, la Commission reste inflexible et demande encore et toujours des améliorations sur le respect de l’État de droit.

Concluons ce journal en évoquant la fin d’une enquête en Suède, celle du sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique au mois de septembre 2022.

Oui souvenez-vous, ce sont ces gazoducs qui relient la Russie et l’Allemagne pour approvisionner l’Union européenne en gaz russe. Leur fonctionnement avait été suspendu suite au déclenchement de la guerre en Ukraine. Nord Stream 2, dont la construction qui a coûté 9,5 milliards et s’est achevée en 2021, n’a même jamais été mis en service. Des fuites de gaz avaient été détectées quelques mois après le début de l’invasion, proche de l’île danoise de Bornholm. Elles ont été provoquées par des explosions, dont l’origine est toujours inconnue.

Et conclusion de l’enquête de Stockholm : aucun Suédois n’est concerné par ce sabotage.

Le procureur suédois Mats Ljungqvist a déclaré que cette enquête « n’est pas du ressort de la juridiction suédoise ». Après avoir analysé un grand nombre de déplacements de bateaux dans la région des explosions, il apparaît qu’aucun d’entre eux n’a eu de comportement suspect. Une conclusion qui corrobore les analyses qui ont eu lieu sur la scène de crime, sur laquelle aucune preuve n’a été retrouvée permettant d’incriminer qui que ce soit.

Un journal de Joris Schamberger et Ariane Dana