Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, présenté par Raphaël Ligot, Félix Doladille et Laura Léger.
Au programme de cet épisode :
- Travailleur des plateformes : nouvelle directive du conseil de l’Union Européenne
- Affaire Sky ECC : nouveau coup de filet dans les mafias Balkaniques
- Politique Agricole Commune : polémique autour des millions d’euros versés aux éleveurs de taureaux de combat.
Bonjour à toutes et à tous, bonjour Laura, ouvrons ce journal en revenant sur la dernière communication du conseil de l’UE au sujet des droits des travailleurs des plateformes, tels que Uber ou Deliveroo.
Bonjour Felix. Oui, c’est un sujet brûlant pour l’UE. Les institutions européennes cherchent depuis longtemps à s’emparer de ce problème et ont produit sur le sujet bon nombre de documents, avis, directives. L’UE s’est mise d'accord sur 5 critères généraux pour prouver l’existence d’un salariat, la présence de 2 de ces critères dans une situation donnée permet de requalifier l’activité indépendante en salariat. Des critères tels que : la capacité des plateformes à limiter la liberté des travailleurs de choisir leurs heures de travail ou encore le fait d’accepter ou de refuser des tâches. Récemment la présidence Tchèque, a proposé une nouvelle approche globale du problème, faisant passer le nombre de critères généraux de 5 à 7. La proposition vise surtout à relever le nombre de critères requis pour déclencher la présomption de salariat de deux à trois critères, rendant de fait plus compliqué son activation.
Ce combat pour la régulation des travailleurs des plateformes est fastidieux. Depuis décembre 2021 et la proposition de directive de la Commission européenne, les débats ont semblé s’enliser.
Oui, l'ambition de Bruxelles est de garantir des conditions de travail décentes. Si le droit du travail s'applique aux salariés, la grande majorité des travailleurs de plateforme sont des indépendants, c’est-à-dire avec peu de protection sociale malgré une relation claire d’employeur-employé avec les plateformes. Ces intermédiaires proposent les mêmes services à des prix moindres, effectués par des indépendants plutôt que des salariés. On parle régulièrement d'uberisation du travail ou de salariat dissimulé. Ce phénomène de sous-traitance, permet aux entreprises de se libérer des charges patronales en employant de la main d’œuvre bon marché.
Ce phénomène d'Uberisation du travail que Bruxelles souhaite réglementer et contrôler, se développe rapidement.
En effet, en Europe plus de 28 millions de personnes travaillent par l'intermédiaire de plateformes de travail numériques. En 2025, ce nombre devrait atteindre les 43 millions de personnes. Entre 2016 et 2020, les revenus de l'économie des plateformes ont été multipliés par cinq, passant d'un montant estimé à 3 milliards d'euros à environ 14 milliards d'euros. Malgré cette expansion rapide, les 27 ont du mal à trouver une solution commune. Les États-membres ont des approches différentes face à ces plateformes. Les réponses nationales à cette forme de travail sont diverses et se développent de manière inégale en Europe.
Continuons ce journal, en nous tournant du côté des Balkans où l’infiltration de la messagerie Sky ECC par les polices française, belge et néerlandaise a permis de nombreuses arrestations de membre de mafias balkaniques.
L’enquête sur le réseau de communications cryptées Sky ECC, utilisé par des groupes criminels, se poursuit. Tous les messages récupérés sur la messagerie cryptée ont été partagés avec l’agence européenne Europol. Cette infiltration permet aux enquêteurs européens d’avoir un degré d’information jamais obtenu auparavant. L’infiltration de ce réseau privilégié par les réseaux de grande criminalité a permis des arrestations au quatre coins de l’Europe. Notamment en Belgique et aux Pays-Bas où la Mocro Mafia, l’une des organisation criminelles les plus influentes d’Europe du Nord, est très active.
Et désormais les messages sont aux mains des forces de l’ordre des états Balkaniques.
Oui et plus les actions en justice se multiplient et plus l’on prend la mesure d’une corruption assez systémique dans la région. Le jugement d’un chef de mafia serbe, Veljko Belivuk en novembre dernier le démontre accusé notamment de meurtres particulièrement sordides. Cette enquête éclabousse jusqu’aux plus hautes sphères des Etats de la région. Veljko Belivuk ayant notamment affirmé avoir été au service du premier ministre serbe, Alexandre Vucic. Cette enquête concerne également la Bosnie où des dizaines d’arrestations, dont 14 policiers, ont été menées dans le cadre de cette opération de grande ampleur. Le Monténégro est également secoué par cette affaire, Vesna Medenica, plus haute magistrate du Monténégro, vient ainsi d’être démise de ses fonctions, accusée d’avoir eu des liens avec la mafia la plus puissante du pays.
Toutes ces révélations risquent de compliquer encore plus l’intégrations des pays des balkans occidentaux à l’UE.
Totalement et ces enquêtes révèlent l’ampleur de la corruption dans la région. Les mafias ont su trouver un terrain fertile sur les cendres de l’ex-Yougoslavie. La corruption généralisée est un réel obstacle à l’intégration de ces pays à l’UE.
Terminons ce journal, en évoquant la possible fin de la corrida en France.
Oui cette tradition du sud de la France pourrait se voir criminaliser. Depuis des années le débat se polarise mettant en opposition d’un côté une tradition culturelle et de l’autre la souffrance animale. Le député LFI Aymeric Caron a proposé une loi visant à interdire la corrida. Le texte a été rejeté en commission des lois de l'Assemblée mercredi 15 novembre. Le gouvernement a souligné la nécessité de respecter l’identité des territoires. Néanmoins, le texte sera voté ce jeudi 24 novembre à l’Assemblée nationale.
Et le débat est remonté au niveau européen du fait des financements de la PAC.
À l'instar de nombreux élevages bovins européens, les éleveurs de taureaux de combat bénéficient de subventions européennes dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC). D’après la plus grande association d’éleveurs de taureaux de combats, qui regroupe près de 300 professionnels soit 54% des éleveurs européens, ceux-là auraient touché près de 200 millions d’euros par an de la PAC. Une anomalie pour les militants anti-corrida, car même si l’UE ne peut pas interdire la corrida, une décision qui appartient aux états-membres, elle peut rendre la pratique de l’activité plus difficile.
Et du coté des éleveurs on fait appel au principe de non-discrimination.
Oui, car selon eux les règles de la PAC sont claires, rien n’interdit l’élevage ou l'arrêt des subventions dans le cadre de la PAC. D’autant plus que les ganaderías (élevage de taureaux de combat) respectent pleinement la politique environnementale de l’UE. En France, les quelque 6 000 taureaux de combat jouissent de 10 000 hectares de prairies. Le débat se présente comme intense. Cependant, stopper les subventions pour les éleveurs de taureaux de combat semble difficile. L’observatoire des cultures taurines note que seulement 10% des animaux d’un élevage sont présentés en arène, le reste partant à l’abattoir avant d’être vendu en boucherie.
Merci Laura et merci à tous pour votre attention.