Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Pologne : Donald Tusk remporte le vote de confiance du parlement.
- Emmanuel Macron voudrait faire interdire les réseaux sociaux pour les mineurs de moins de 15 ans en Europe.
- Tensions Indo-Pakistanaises : l’Inde plaide sa cause en Europe
Bonjour Assia, on commence ce journal en Pologne où Donald Tusk a remporté le vote de confiance du parlement, et ce, malgré la victoire de la droite à la présidentielle.
En effet, fragilisé par la défaite de son camp lors de la présidentielle du 1er juin, Donald Tusk a réussi à ressouder sa majorité. Le Premier ministre polonais a remporté ce mercredi 11 juin un vote de confiance au Sejm, la chambre polonaise, avec 243 voix pour et 210 contre, sans abstention. Un test politique crucial à l’initiative du chef du gouvernement lui-même après l’élection du nationaliste Karol Nawrocki à la présidence de la République.
Oui, et c’est à la suite de cette élection que Donald Tusk, avait voulu réaffirmer sa légitimité.
Oui, en effet, le scrutin présidentiel, remporté par Karol Nawrocki avec 51% des voix, contre 49% pour le maire de Varsovie, a mis en lumière les fractures persistantes dans le pays. Soutenu par le parti Droit et justice (PiS), l’historien nationaliste aux liens notoires avec certaines figures très polémiques va prendre ses fonctions le 6 août, après validation du scrutin par la Cour suprême. Une transition qui inquiète, tant le nouveau président s’oppose frontalement au programme du gouvernement centriste.
Rappelons que le Premier ministre Donald Tusk dirige une coalition pro-européenne arrivée au pouvoir en 2023.
Oui, en effet, il s’agit d’une alliance hétéroclite composée de la Plateforme civique (KO), de Pologne 2050, du parti paysan polonais (PSL) et de la Nouvelle Gauche. Une coalition fragile, marquée en grande partie par des désaccords internes, notamment sur l’immigration ou les réformes sociétales. Le PSL, par exemple défend des positions conservatrices et freine certaines avancées, comme la légalisation des unions homosexuelles ou l’assouplissement de la législation sur l’avortement.
Oui, mais Donald Tusk entend bien composer avec cette coalition, et dans un discours d’une heure, il a dressé un bilan de son action et présenté sa feuille de route pour les deux années à venir.
Oui, il a promis de rendre son gouvernement, je cite “meilleur, plus rapide” et a évoqué une possible recomposition ministérielle en juillet dans le but de rationaliser l'exécutif.
Cela dit Assia, la cohabitation à venir s’annonce tendue. Le président pourrait faire obstacle aux réformes en usant de son droit de véto que la majorité parlementaire actuelle ne peut contrer à elle seule.
Oui, effectivement, la cohabitation qui s’annonce promet d’être très rude, notamment sur le plan international. Karol Nawrocki soutient par exemple les réformes judiciaires controversées du précédent gouvernement PiS et critique ouvertement l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN ainsi que les aides accordées aux réfugiés ukrainiens. De quoi compliquer les relations avec Bruxelles et fragiliser l’axe Varsovie-Kiev, pourtant crucial depuis l’invasion russe de 2022.
On continue ce journal en revenant sur la Commission européenne, qui a annoncé qu’elle ne se joindra pas aux efforts du président français Emmanuel Macron visant à interdire les réseaux sociaux à l’échelle de l’UE pour les enfants de moins de 15 ans.
En effet. Le mardi 10 juin, le président français a déclaré dans une interview qu’il interdirait les réseaux sociaux à l’échelle nationale pour les moins de 15 ans si l’Union européenne ne prenait pas elle-même cette initiative.
Selon Emmanuel Macron, et je cite : « Nous ne pouvons pas attendre. Je nous donne quelques mois pour parvenir à une mobilisation européenne. Sinon, je négocierai avec les Européens pour que nous puissions le faire nous-mêmes en France. » Avec l’Espagne et la Grèce, la France souhaite que l’UE limite de manière significative le temps que les adolescents peuvent passer en ligne.
Mais la Commission européenne ne partage pas cette position. Le mercredi 11 juin, elle a déclaré que la décision d’interdire ou non les réseaux sociaux pour les mineurs relevait de la compétence des gouvernements nationaux.
En effet. Selon le porte-parole de la Commission, Thomas Regnier, celle-ci n’a pas la possibilité d’imposer une interdiction générale des réseaux sociaux en raison des règles européennes sur la vie privée, connues sous le nom de RGPD, qui permettent aux États membres de fixer eux-mêmes l’âge de la majorité numérique. À cela, la ministre danoise du Numérique, Caroline Stage Olsen, a ajouté que sans moyen de contrôler l’âge des utilisateurs, ces mesures se sont révélées inefficaces, comme c’est le cas au Danemark.
On conclut ce journal, Assia, en revenant sur la récente tournée européenne du chef de la diplomatie indienne Subrahmanyam Jaishankar. New Delhi qui apparaît affaiblie depuis son conflit avec Islamabad.
Du 7 au 10 mai, l’Inde et le Pakistan se sont livrés à une confrontation militaire tendue, après un attentat terroriste meurtrier dans le Cachemire indien .Lancée par New Delhi, l’opération « Sindoor » n’a pas permis de faire avancer le différend territorial sur le Cachemire, que l’Inde et le Pakistan revendiquent chacun en totalité.
De plus, l'absence de soutien clair des puissances occidentales à l’Inde ainsi que l’intervention de Donald Trump dans les négociations de cessez-le-feu, a affaibli l’image du gouvernement Modi.
Et c’est pour redresser cette image que le ministre indien des Affaires étrangères enchaîne les rendez-vous diplomatiques en Europe jusqu’au 14 juin.
Oui Isaline, objectif affiché : défendre la légitimité de l’offensive indienne et promouvoir une nouvelle doctrine antiterroriste. À Bruxelles, mardi 10 juin, le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, a martelé : “Il ne s’agit pas d’un conflit entre l’Inde et le Pakistan, mais d’un conflit entre l’Inde et le “terroristan” ».
Sur place, il a rencontré le chef de la diplomatie belge, Maxime Prévot, la cheffe de la diplomatie européenne de l’UE, Kaja Kallas, et a été reçu par le roi Philippe. Il s’est aussi entretenu par téléphone avec Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, avant de poursuivre sa tournée en France. Mais certains analystes estiment que cette campagne diplomatique pourrait buter sur les ambiguïtés de la position indienne, notamment son silence sur la guerre en Ukraine, un sujet crucial pour les Européens.
Un journal d'Assia Patel, Isaline Feller et Thomas Jan Meekers.