Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, présenté par Raphaël Ligot, Félix Doladille, Laura Léger et Tania Korwin-Zmijowski.
Au programme de cet épisode :
- Tension franco-italienne concernant l'accord européen sur l'accueil des migrants
- Impact des mid-terms aux États-Unis sur le sol européen
- La Hongrie bloque une nouvelle aide de l'Union européenne pour l'Ukraine
Bonjour à toutes et à tous, bonjour Laura, commençons ce journal en évoquant la fin d’une étape difficile pour les migrants bloqués en mer Méditerranée depuis 20 jours. L’Italie avait refusé de prendre en charge Ocean Viking, le dernier navire humanitaire qui transportait 234 migrants. Il a finalement accosté à Toulon, en France, après trois semaines d’attente en mer. Le gouvernement français a critiqué une absence d’humanité et de solidarité du côté italien.
Bonjour Tania, oui, et cette affaire a fait grimper les tensions entre Paris et Rome quelques semaines seulement après la mise en place du gouvernement de Giorgia Meloni. Paris a dénoncé le non-respect par Rome de l’accord européen sur les migrants, qui prévoit que les pays de première ligne, comme l'Italie, ouvrent leurs ports aux navires humanitaires. Les pays européens doivent ensuite se répartir la gestion des migrants.
Mais puisque l’Italie vient de déroger à cet accord, la France a annoncé qu’elle renonçait elle aussi à certains de ses engagements précédents.
En effet, sur les 8 000 migrants qui doivent actuellement être répartis en Europe, la France devait en accueillir 3000, actuellement sur le sol italien. 500 devaient être accueillis sur le sol français d’ici la fin de l’année, mais avec l’accostage sur ses côtes de l’Ocean Viking Paris a annoncé qu’il reconsidérait son engagement.
Est-ce que l’on doit y voir une remise en cause durable de la coopération en Europe sur la question migratoire Laura ?
Il est clair que l’arrivée de l’extrême droite au gouvernement italien risque de compliquer le dialogue en Europe sur la question migratoire. L’Italie est l’un des principaux ports d’accueil des migrants sauvés en mer Méditerranée mais Giorgia Meloni a fait adopter un nouveau décret pour restreindre l’action des navires humanitaires étrangers débarquant sur ses côtes en procédant à une sélection des migrants. De son côté, la France a renforcé ses contrôles à la frontière italienne.
Et qu’adviendra t-il des migrants accueillis à Toulon ?
Et bien, Il est prévu que les migrants récupérés à bord de l’Ocean Viking soient répartis entre la France, qui accueillera un tiers d’entre eux et d’autres pays de l’Union qui se sont engagés à les relocaliser : 80 pour l'Allemagne, le reste d’entre eux seront réparti entre la Croatie, la Roumanie, la Bulgarie, la Lituanie, Malte, le Portugal, le Luxembourg ou encore l’Irlande. Malgré les tensions franco-italiennes, cette répartition illustre le fait qu’une certaine solidarité européenne sur ce dossier continue à exister.
Continuons ce tour de l’actualité outre-atlantique en revenant sur les élections de mi-mandat qui viennent de se tenir aux États-Unis. Les électeurs ont voté pour renouveler un tiers du Sénat ainsi que la totalité de la chambre des représentants, avec des implications aussi pour l’Europe.
Oui Tania, et s’il reste encore un siège à dépouiller, les démocrates sont déjà assurés de conserver les 50 sièges sur 100, nécessaires pour conserver la majorité au Sénat. Le maintien d’une majorité démocrate au Sénat permet donc à Joe Biden d’éviter une opposition insurmontable des républicains. Le dépouillement pour les sièges en Chambre des représentants est encore en cours.
Ces élections qui auront aussi un impact sur les relations transatlantiques
Tout à fait. Les tensions entre l’UE et les USA se sont très largement apaisées depuis que Joe Biden a remplacé Donald Trump à la Maison Blanche.
Un retour des Républicains risquait de remettre en cause cette dynamique, surtout si elle avait été marquée par l’arrivée de figures très radicales du parti.
Un retour des Républicains risquait notamment de se traduire par un abaissement des ambitions climatiques des Etats-Unis alors que Washington est revenue sur une ligne très proche de celle des Européens sur cette question depuis le début du mandat de Joe Biden.
Les résultats de ce vote aux États-Unis était également important pour l’engagement américain auprès de l’Ukraine
Des figures républicaines dont le leader du parti à la chambre avaient en effet annoncé qu’en cas de victoire le soutien américain à l’Ukraine risquait d’être réduit. Kevin McCarthy avait promis une remise à plat du dossier si son parti gagnait les élections.
Un des candidats républicains à un poste de Sénateur dans l’Ohio James David Vance avait même affirmé qu’il, je cite “ne se souciait pas vraiment de ce qui arrivait à l’Ukraine” et qu’il faudrait, “couper le robinet de l’aide à l’Ukraine” suscitant un certain émoi à Kyiv.
Terminons ce journal en Europe en prenant la direction de la Hongrie où le gouvernement de Viktor Orban bloque la nouvelle enveloppe de l’UE destinée à l’Ukraine.
En effet, Budapest s’est opposé à la nouvelle aide européenne de 18 milliards d’euros destinée à soutenir l’Ukraine. Victor Orban se dit seulement prêt à aider l’Ukraine de façon bilatérale, c’est-à-dire dans le cadre d’un accord entre l’Ukraine et la Hongrie. Le pays refuse davantage de participation financière de la part de l’UE.
Proche du Kremlin, Budapest s’est montré assez réticent, depuis le début de la guerre, à valider les sanctions décidées contre la Russie, estimant que celles-ci sont plus défavorables pour l’UE que pour la Russie.
Oui et le gouvernement hongrois joue depuis le début de la guerre une partition différente de celle de ses partenaires européens. Alors que les autres pays de l’Union ont limité ou suspendu leurs importations de gaz russe Victor Orban n’a par exemple pas hésité à conclure un accord avec le géant russe Gazprom sur des livraisons supplémentaires de gaz naturel. Alors que toute l’Europe cherche à réduire sa dépendance en gaz russe, depuis fin octobre, près de 6 millions de mètre cube sont livrés chaque jour par l’entreprise russe Gazprom en Hongrie, en plus des volumes garantis par les contrats passés.
En bloquant une nouvelle aide de Bruxelles à l’Ukraine, Victor Orban espère mettre la pression sur l’UE alors que Bruxelles bloque aussi une enveloppe de 7,5 milliards d’euros de subvention à Budapest pour non-respect de l’État de droit.
Oui, il est probable que Victor Orban se sert de cette question de l’aide à l’Ukraine comme moyen de chantage sur Bruxelles qui tarde à verser des subventions promises à Budapest dans le cadre du plan de relance européen.
La Commission européenne a annoncé que les fonds européens seraient accordés à la Hongrie à condition que la Hongrie se conforme à certaines exigences en matière de respect de l’Etat de droit.
À voir si ce chantage peut aboutir alors que la Commission ne cesse de mettre le gouvernement hongrois en attente pour ses manquements répétés aux règles du droit et pour des soupçons de corruption sur les marchés publics.
Merci Laura et merci à tous pour votre attention !