Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mercredi 24 janvier

Crédit photo : tbmm.gov.tr Aujourd'hui en Europe - Mercredi 24 janvier
Crédit photo : tbmm.gov.tr

Tous les jours sur euradio, l'équipe de Géopolis part à la rencontre de celles et ceux qui font l’Europe d’aujourd’hui.

Au programme : 
- Le Parlement de Turquie ratifie l'adhésion de la Suède à l'OTAN
- La chambre des Lords demande le report de la loi britannique de renvoi de migrants au Rwanda
- L'Estonie cherche à abandonner le schiste bitumineux 

Bonjour Joris, démarrons ce journal en évoquant la ratification par le parlement turc de l’adhésion de la Suède à l’OTAN.

C’est donc la fin d’un feuilleton qui dure depuis mai 2022, soit quelques mois après le début de la guerre en Ukraine, dont les craintes d’un débordement en Scandinavie sont très présentes en Suède. Le pays avait alors demandé à rejoindre l’organisation défensive, en même temps que la Finlande d’ailleurs, mais a rapidement fait face à l’opposition de la Turquie. Ankara disposant d’un droit de véto, Stockholm a dû jouer des pieds et des mains pendant plusieurs mois pour débloquer la situation.

La Turquie reprochait notamment à l’État scandinave sa complaisance envers des ressortissants kurdes qu’elle a accueilli sur son territoire, et que Ankara accuse de terrorisme. 

Tout à fait, pour rappel en Turquie la discrimination envers les Kurdes est particulièrement forte. Les autorités turques sont également régulièrement aux prises avec le PKK, le parti des travailleurs du Kurdistan, un groupe armé considéré comme terroriste par plusieurs États, dont ceux de l’Union européenne et dont plusieurs membres ont trouvé refuge en Suède. 

Qu’est ce qui a finalement poussé les autorités turques à changer d’avis et à accepter l’adhésion de Stockholm ?

Tout d’abord, la Suède a approuvé une nouvelle loi antiterroriste pour calmer les reproches d’Ankara vis-à-vis de la gestion de la question des réfugiés kurdes en Suède. 

La Turquie avait également posé pour condition la vente d’avions F-16 par les États-Unis. 

Joe Biden se dit prêt à accepter depuis le mois de juillet, mais fait face depuis des mois à l'opposition du congrès qui ne consent pas à céder aux chantages du président Erdogan. Une situation qui pourrait d’ailleurs évoluer dans les prochains mois après le retrait de son véto par la Turquie.

En revanche, une dernière étape reste à franchir, puisque le véto de la Hongrie demeure toujours actif.

Oui, Budapest est désormais le seul membre de l’OTAN à encore s’opposer à l’adhésion de la Suède, une adhésion qui rappelons-le nécessite l’unanimité. Le Premier ministre Viktor Orban a déclaré sur le réseau social X avoir envoyé une invitation à son homologue scandinave Ulf Kristersson pour négocier. Réponse du ministre des affaires étrangères suédois : « Je ne vois pas de raison de négocier ». Difficile donc de savoir pour l’heure quand Viktor Orban lèvera son véto, lui qui avait déjà annoncé ne pas vouloir être le dernier État à faire blocage sur ce dossier, mais qui, à trop attendre, se retrouve de fait le seul à bloquer la candidature de Stockholm.

Poursuivons ce journal au Royaume-Uni, où le parti conservateur a essuyé un nouveau revers sur la controversée loi de renvoi de migrants vers le Rwanda.

C’est une nouvelle déconvenue pour le Premier ministre Rishi Sunak, qui cherche depuis sa nomination à faire appliquer cette loi proposée à l’origine sous le mandat de Boris Johnson. Un texte controversé et très critiqué par de nombreuses ONG puisqu’il définit le Rwanda comme un pays sûr dans lequel envoyer ces personnes, et dont la chambre des Lords a demandé à repousser la ratification à 214 voix contre 171.

Le texte a pourtant été adopté par la chambre des communes la semaine dernière.

Oui, le plus dur est donc derrière pour Rishi Sunak qui avait dû batailler pour faire approuver cette loi par la cour suprême et par la chambre des communes. Il avait notamment dû négocier avec le Rwanda en décembre 2023 pour obtenir la garantie que les personnes expulsées vers Kigali ne soient pas renvoyées par la suite dans d’autres pays plus dangereux. 

Justement les garanties qui ont suivi ces négociations sont jugées “incomplètes” par les Lords.

Toutefois, il n'est pas question ici d’annuler le décret, la chambre des Lords n’en a de toute façon pas le pouvoir. Le député affilié au parti Travailliste, Peter Goldsmith explique qu’il souhaite donner le temps au parlement “de scruter le traité en entier avant de juger le Rwanda comme sûr”. Il déclare également avoir détecté au moins une dizaine de points problématiques à réexaminer dans le texte. 

Ce nouvel écueil survient alors que le parti conservateur est de plus en plus vacillant à l’approche des prochaines élections législatives.

Le parti apparaît plus divisé que jamais à l’heure actuelle entre les soutiens à l’ex Premier ministre Boris Johnson et ceux de Rishi Sunak. Dans les colonnes du Telegraph, l’ancien ministre sous Liz Truss, Simon Clarke déclarait le 23 janvier que l’actuel résident du 10 Downing Street devait quitter son poste avant de, je cite, “conduire les Torries à l’extinction”. Dans un récent sondage YouGov, le parti d’opposition travailliste part grand favori des prochaines élections et pourrait récolter 385 sièges à la Chambre des communes contre seulement 169 pour le parti au pouvoir.

Concluons en évoquant le projet de l’Estonie d’abandonner le schiste bitumineux, un des combustibles les plus polluants du monde.

Oui, le pays Balte est pourtant très dépendant de cette roche, qui l’aide à produire plus de la moitié de son électricité. Pourtant, le gouvernement estonien cherche à se débarrasser de ce combustible afin d’atteindre ses ambitieux objectifs climatiques, dont celui d’une production d’électricité entièrement décarbonée d’ici à 2030. 

Et pour ce faire Tallinn compte miser sur le nucléaire.

C’est en tout cas les recommandations d’un groupe de travail mis en place en 2021. L’idée serait de construire un petit réacteur modulaire pour compenser la perte du schiste bitumineux. L’avantage de ce type de réacteur étant qu’ils sont faciles à installer et à entretenir et qu’ils sont également et par conséquent peu chers. 

Pour rappel l’Estonie est à l’heure actuelle le pays le moins dépendant de l’étranger de l’Union européenne en termes de production d’énergie. Un statut qu’elle souhaite désormais conserver sans pour autant dépendre de ce combustible extrêmement polluant.

Un vote au parlement devrait avoir lieu au cours du premier semestre de 2024.

Oui, c’est ce que la coordinatrice du groupe de travail, Reelika Runnel, a confié à Euractiv. Une information qui corrobore avec une déclaration de la Première ministre Kaja Kallas devant le parlement estonien, qui expliquait que des discussions allaient avoir lieu au sein du gouvernement dans les prochains jours. 

Présentation : Joris Schamberger et Ariane Dana