Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Bonjour Assia, on commence ce journal en revenant sur cette impressionnante attaque des services ukrainiens en Russie. Kiev serait parvenue à neutraliser une importante partie de la flotte aérienne militaire russe.
Oui une opération d’envergure, baptisée « Toile d’araignée », a été menée par les services ukrainiens. Des drones explosifs ont frappé simultanément plusieurs bases aériennes russes situées à des milliers de kilomètres du front. Selon Kiev, 41 avions ont été détruits ou endommagés, soit 35 % de la flotte militaire russe. Une dizaine de bombardiers stratégiques capables de porter des armes nucléaires auraient notamment été neutralisés. Une attaque inédite par sa portée, et une véritable gifle pour Moscou, dont l’aviation stratégique apparaît aujourd’hui très vulnérable.
Comment les Ukrainiens ont-ils pu atteindre de telles cibles ?
C’est justement ce qui impressionne les experts : les drones ont été lancés depuis des camions banalisés immatriculés en Russie, équipés de compartiments secrets. Ils auraient été guidés à distance. L’opération révèle non seulement l’audace des services ukrainiens, mais aussi de sérieuses failles dans le dispositif de défense russe. Et même si elle ne change pas encore l’équilibre militaire, elle inflige à la Russie une perte stratégique majeure et une humiliation symbolique difficile à digérer sur laquelle Vladimir Poutine ne s’est d’ailleurs pas encore exprimé.
C’est dans ce contexte que se tenait hier le deuxième tour des négociations de paix entre la Russie et l’Ukraine. Une réunion très brève sur laquelle la plupart des observateurs n’attendaient pas grand chose.
Oui l’Ukraine se heurte à des exigences maximalistes de la part de Moscou, qui réclame la reconnaissance de son contrôle non seulement sur la Crimée – annexée depuis 2014 – mais aussi sur quatre régions du sud et de l’est de l’Ukraine : Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson. Pour Kiev, ces exigences sont inacceptables et équivalent à une capitulation.
Des discussions ont eu lieu au palais Çırağan, à Istanbul, sous l’égide du ministre turc des Affaires étrangères. Y participaient le ministre ukrainien de la Défense, Roestem Omjerov, et le conseiller du Kremlin Vladimir Medinski.
Oui, malgré la tension, quelques gestes humanitaires ont été arrachés : un nouvel échange de prisonniers a été convenu. Environ 1 000 soldats, malades ou âgés de moins de 25 ans, pourraient être rapatriés prochainement. La Russie a aussi accepté de restituer les corps de quelque 6 000 soldats ukrainiens tués.
Et aucun progrès sur la demande de cessez-le-feu de Kiev ?
La Russie ne se dit prête qu'à de courtes trèves de 2 ou 3 jours dans des régions très localisées, bien loin des 30 jours de cessez-le-feu proposés par Kiev et soutenus par Washington. Chaque délégation a aussi remis un mémorandum contenant ses exigences et une feuille de route pour un règlement progressif du conflit. Mais les désaccords profonds demeurent, notamment sur la question des enfants ukrainiens déportés en Russie : Kiev réclame le retour de centaines d’entre eux, tandis que Moscou n’en reconnaît que dix.
Le président Zelensky n’était pas à Istanbul, mais à Vilnius.
Oui Volodymyr Zelensky s’est exprimé au sommet de Vilnius, qui réunissait plusieurs États membres de l’OTAN. Il y a réaffirmé la volonté de l’Ukraine de rechercher la paix, mais pas à n’importe quel prix. Il a averti que si la Russie s’obstinait à bloquer les négociations, des « sanctions urgentes et fortes » devraient suivre.
On continue ce journal à Istanbul, où depuis plusieurs semaines, le mécontentement de la population turque à l’égard du régime d’Erdogan grandit, sur fond de répression
Oui, en effet. La situation en Turquie s’est détériorée depuis le 19 mars, lorsque le maire d’Istanbul et principal rival d’Erdogan lors des élections présidentielles, Ekrem Imamoglu, a été arrêté. L’arrestation d’imamoglu, figure de proue du parti d’opposition, le CHP, le Parti républicain du peuple, a entraîné d’importantes manifestations à Istanbul, fin mars/début avril.
Et le samedi 31 mai, deux nouvelles vagues d’arrestations ont eu lieu. À l’hôtel de ville d’Istanbul, 28 personnes ont été placées en garde à vue par la police dans le cadre d’une enquête pour corruption. Et le même jour, près de 90 manifestants ont été arrêtés lors d’une commémoration des manifestations de Gezi Park de 2013.
Depuis l’arrestation d’Imamoglu, la Turquie est en ébullition avec les plus grandes manifestations de masse que le pays ait connues depuis plus de dix ans. Imamoglu de son côté nie toutes les accusations et dénonce une arrestation arbitraire et l’absence de tout fondement des charges retenues contre lui.
On conclut ce journal en revenant sur la Freedom Flotilla, une organisation qui mène depuis 2010 des campagnes maritimes visant à dénoncer et briser le blocus de Gaza, imposé depuis 2007 par Israël avec le soutien de l’Egypte. Et depuis ce dimanche 1er juin c’est à bord d’un petit voilier baptisé Madleen que 12 personnes ont embarqué depuis le port de Catane en Sicile.
Oui Isaline, à son bord des personnalités comme l’activiste danoise pour le climat Greta Thunberg ou encore l’eurodéputée française Rima Hassan. Cette action non violente a pour objectif premier de dénoncer ce que la Freedom Flotilla qualifie de” génocide en cours” à Gaza, un risque reconnu par la Cour Internationale de justice dans une ordonnance de 2024. Second objectif, dénoncer l’impunité d'Israël et sensibiliser l’opinion publique.
Et si l’équipage insiste autant pour informer l’opinion publique de leur démarche, c’est que la première expédition avait été attaquée dans la nuit du 1er au 2 mai 2025.
Oui la Freedom Flotilla avait lancé une première fois l’opération avec une flotte plus importante. Un des bateaux d’aide humanitaire avait alors été visé par des drones alors qu’il se trouvait dans les eaux internationales au large de Malte, une attaque illégale attribuée à Israël qui n’a jamais reconnu l’incident.
Sur les réseaux sociaux, l’équipage invite à une mobilisation citoyenne afin de maintenir la pression sur Israël et assurer ainsi leur sécurité. Le 12 juin, aura lieu une marche de trois jours depuis le Caire vers le point de passage de Rafah. 35 délégations nationales ont déjà affirmé leur présence.
Un journal de Thomas-Jan Meekers, Assia Patel et Isaline Feller.