L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- L'Italie ouvre un nouveau centre national de lutte contre la désinformation en ligne
- Cyberattaque lors des élections législatives en Hongrie
- Aux Pays-Bas, la crise politique continue
L'Italie ouvre un nouveau centre national de lutte contre la désinformation en ligne
Débutons ce journal en évoquant le domaine de la sécurité en ligne. Ce lundi 20 septembre, une opération majeure conduite par les polices espagnole et italienne a permis de démanteler un vaste réseau de fraude en ligne.
Oui, au total 106 personnes ont été arrêtées lundi. Il s’agissait, vous l’avez dit, de démanteler un réseau de fraudes en ligne. Ses membres, principalement situés à Tenerife dans les îles Canaries, étaient reliés à la mafia italienne. Ils sont accusés d’avoir dérobé, rien qu’en 2020 un montant total estimé à 10 millions d'euros, grâce à des opérations dites de "phishing" c'est-à-dire des techniques visant entre autres à obtenir de manière frauduleuse les données bancaires d'une personne. L'argent volé en ligne était ensuite blanchi sur des comptes bancaires de sociétés écrans, des comptes en réalité détenus par les membres du réseau.
Cette opération anti-fraude est l’aboutissement d’une année entière d’enquête et d’efforts de coopération entre l’Espagne et l’Italie, soutenues par l’agence européenne Europol.
En effet, pour y arriver, le groupe de travail conjoint sur la lutte contre la cybercriminalité d'Europol a soutenu l'opération. Si l'agence européenne Europol, basée à La Haye aux Pays-Bas, n’a pas vocation à se substituer aux polices nationale ni à la justice des Etat-membres tels que l'Espagne ou l'Italie, ses experts ont pour rôle de faciliter l'échange d'informations et la coordination entre différentes polices. Sans cela, des enquêtes transfrontalières comme celle-ci seraient impossibles.
Et le même jour, lundi 20 septembre, l'Italie vient justement d'ouvrir un nouveau centre national de lutte contre la désinformation en ligne.
Oui, l’Italie a lancé lundi l’Observatoire italien des médias numériques à l’université LUISS de Rome. Qualifié aussi de “hub de l’information”, il réunira des « fact checkers » (« vérificateurs de faits »), des professionnels des médias et des chercheurs pour lutter contre la désinformation en ligne. Lors de son inauguration, le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio a déclaré « La vague de désinformation observée récemment risque d’affaiblir le droit d’accéder à des informations fiables et d’empoisonner les pratiques démocratiques et électorales ».
Ce réseau fait partie de l’Observatoire européen des médias numériques, un projet financé par l’UE qui vise à promouvoir les connaissances scientifiques sur la désinformation en ligne.
Oui, la Commission l’avait annoncé en mai dernier : ce projet prend la forme de huit observatoires nationaux, dont celui de l’Italie fait partie. Chaque observatoire a pour mission de surveiller et de signaler les campagnes de désinformation, mais aussi de déployer des activités d’éducation aux médias. Aujourd’hui, les huit centres de lutte contre la désinformation sont prêts à être opérationnels.
Cyberattaque lors des élections législatives en Hongrie
Tournons-nous vers la Hongrie, où les primaires des élections législatives ont bien démarré ce week-end, mais ont dû être reportées en raison d’une attaque informatique massive.
Oui, samedi les primaires des élections législatives ont débuté. Elles devaient permettre d’élire parmi cinq candidats un représentant unique qui rassemblera l’opposition contre le premier ministre en fonction Viktor Orban et son parti conservateur le Fidesz lors des élections de 2022. Or le vote a dû être interrompu dès samedi, en raison d'une défaillance du système informatique. Après deux jours de panne, les primaires ont pu reprendre lundi, et devraient durer toute la semaine.
Lundi 20 septembre, le maire de Budapest Gergely Karácsony, lui-même candidat à l’élection pour le parti vert et le parti socialiste, a déclaré que la cyberattaque venait de Chine.
Le maire de la capitale, de même que le reste des partis d’opposition, voient derrière cette attaque l’implication du premier ministre Viktor Orban, qui voudrait entraver ces élections. Ce sentiment s’explique par les liens étroits qu’entretiennent, depuis des années, le gouvernement hongrois issu du Fidesz et Pékin. Contre les recommandations de l’Union européenne, Viktor Orban a par exemple insisté pour obtenir des vaccins du laboratoire Sinopharm ou bien pour accueillir un campus d’étudiants chinois au sein même de la capitale hongroise.
Gergely Karácsony a déclaré que l’opposition était préparée à ce que « le Fidesz fasse tout ce qu’il peut pour faire obstacle à la volonté du peuple ».
Oui et le Fidesz n'a pas manqué de riposter. En 2018, lors des précédentes élections législatives, l'opposition avait déjà dénoncé une fraude électorale lorsque son système de vote en ligne était devenu inaccessible pendant une heure. Mais aujourd’hui comme à l’époque, selon le Fidesz, l'opposition a tout simplement "invoqué une cyberattaque" pour expliquer leur défaillance technique.
Aux Pays-Bas, la crise politique continue
Direction maintenant les Pays-Bas où la crise politique continue. Aucun gouvernement n’y est encore formé six mois après les dernières élections législatives, et où des démissions récentes ont eu lieu même au sein du gouvernement intérimaire.
Oui, la ministre néerlandaise des Affaires étrangères Sigrid Kaag puis la ministre de la Défense ont quitté leur poste le 16 septembre. Dans le contexte du retour au pouvoir des Talibans en Afghanistan, les députés reprochaient au gouvernement d’avoir refusé d’écouter leurs propres diplomates présents à Kaboul, qui leur demandaient depuis déjà des mois à se préparer à l’arrivée éventuelle des Talibans dans la capitale, et donc à un possible scénario d’évacuation. L’aide de la France avait aussi été refusée. Finalement le 15 août, le personnel néerlandais de l’ambassade avait même fui le pays en abandonnant derrière des centaines de Néerlandais et interprètes afghans. Parmi eux, 500 seraient encore là bas aujourd'hui.
Une crise de plus, quand on sait que le parti centriste mené par la même Sigrid Kaag avait obtenu le deuxième meilleur score aux élections législatives du mois de mars.
En effet, elle représentait une alternative sérieuse à la droite de Mark Rutte, Premier ministre depuis plus de dix ans, et à la popularité en baisse, depuis sa responsabilité dans l'affaire dite des allocations, qui a vu des milliers de néerlandais privés illégalement d'accès aux allocations. Mark Rutte avait alors démissionné, avant de se représenter aux élections du mois de mars, compliquant un peu plus les négociations pour former un gouvernement.
Romain L'Hostis - Thomas Kox
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