Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- La Hongrie va se retirer de la Cour pénale internationale
- La Géorgie adopte un texte sur les "agents de l'étranger" qui ne plaît pas à l'Union européenne
- Discussions entre les alliés à Bruxelles ce jeudi et vendredi autour du rééquilibrage financier de l'OTAN
Bonjour Robin, on commence ce journal avec l’annonce de Viktor Orban qui souhaite retirer la Hongrie de la CPI, la Cour pénale internationale.
Oui, en effet. Cette annonce a été faite alors que le Premier ministre hongrois accueillait Benyamin Netanyahou à Budapest ce jeudi 3 avril. Le Premier ministre israélien est inculpé par la CPI et la Hongrie devrait théoriquement l’arrêter si elle respectait ses obligations légales. Pour rappel, la Cour pénale internationale a délivré, en novembre dernier, un mandat d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans la bande de Gaza. Viktor Orban avait invité son homologue israélien à la suite de l’annonce de la CPI se disant, je cite, “choqué par cette décision”.
Alors c’est la première fois que Benyamin Netanyahou se rend dans un pays de l’Union européenne depuis qu’il est visé parce mandat d’arrêt. Il s’était déjà rendu aux Etats-Unis mais jamais dans un des 125 États parties au Statut de Rome de la juridiction de la CPI basée à La Haye.
La CPI qui a d’ailleurs rappelé ses obligations légales à la Hongrie.
En effet, par la voix de leur porte parole, Fadi El Abdallah, la CPI a tenu un rappel à Budapest qui a bien signé en 1999 le Statut de Rome, traité fondateur de la CPI. Deux ans plus tard, il a même été ratifié par Viktor Orban lors de son premier mandat en tant que Premier ministre .
Dans les faits, si Budapest souhaite quitter la CPI, comme l’a affirmé son Premier ministre, leur retrait ne prendra effet qu’un an après le dépôt officiel du dossier auprès du secrétaire général de l’ONU. Entretemps, le statut de Rome continue de s’appliquer à la Hongrie.
Mais puisque la Hongrie dit ne pas avoir validé la convention associée pour des raisons de constitutionnalité, elle affirme ne pas être dans l’obligation de se conformer aux décisions de la CPI.
La crédibilité de la Cour pénale internationale est de plus en plus mise à mal. Avant Viktor Orban, d'autres dirigeants avaient déjà annoncé qu’ils n’exécuteraient pas le mandat d’arrêt à l’encontre de Benyamin Netanyahou.
Oui, c’est ce qu’ont déclaré différents dirigeants européens à la suite de l’annonce du mandat d'arrêt en novembre. Le Premier ministre polonais et le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz ont annoncé qu’ils l’inviteraient et s’arrangeraient pour qu’ils ne soient pas arrêté. La diplomatie française était quant à elle restée plus évasive.
Avec cette annonce, Viktor Orban, coutumier des coups d’éclats, défie ostensiblement la CPI en invitant ouvertement le Premier ministre israélien. En annonçant son souhait de se retirer de la CPI, il crée un précédent. Avant la Hongrie, seul deux pays avaient déjà quitté la CPI : le Burundi et les Philippines.
On continue ce journal en revenant sur l’adoption définitive d’une loi très contestée en Géorgie qui fait réagir la Commission européenne et compromet encore un peu plus son rapprochement avec l’Union européenne.
La récente adoption en Géorgie d’une loi sur les agents de l’étranger suscite de vives réactions au sein de l’Union européenne. Cette législation impose aux ONG recevant plus de 20 % de leurs financements de l’étranger de s’enregistrer comme organisations « portant les intérêts d’une puissance étrangère ». De nombreux observateurs y voient une mesure inspirée du modèle russe visant à limiter les contre-pouvoirs.
La Commission européenne a fermement condamné cette loi.
Dans un communiqué, Bruxelles a qualifié la loi de « fondamentalement incompatible » avec les valeurs européennes de démocratie, d’État de droit et de pluralisme des médias.
Les craintes sont partagées par des analystes et des groupes de défense des droits humains, qui dénoncent un durcissement de la répression contre la société civile et l’opposition. Kaja Kallas, la cheffe de la diplomatie européenne, et Marta Kos, commissaire à l’élargissement, ont alerté sur les conséquences de ce texte, qui pourrait, encore un peu plus, compromettre le processus d’adhésion de la Géorgie à l’UE.
Bien que le pays ait officiellement obtenu le statut de candidat et que l’adhésion soit soutenue par plus de 80 % de la population, son gouvernement tourne le dos à Bruxelles et est accusé d’un virage autoritaire de plus en plus assumé.
Oui, et ce virage autoritaire entraîne une mobilisation importante de la société. Depuis fin 2024, la Géorgie est ainsi secouée par des manifestations quotidiennes, témoignant d’un climat politique de plus en plus tendu. Les responsables politiques issus du parti du Rêve géorgien sont accusés de vouloir s’inspirer de la Russie de Vladimir Poutine.
On clôture ce journal en évoquant la visite du secrétaire américain Marco Rubio au siège de l’OTAN. Il a réagi aux inquiétudes croissantes concernant la position des Etats-Unis au sein de l’Alliance atlantique.
Lors de sa visite à Bruxelles pour une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Alliance atlantique ce 3 et 4 avril, le secrétaire américain Marco Rubio a démenti les inquiétudes sur un possible retrait des États-Unis de l’organisation. Il a affirmé que le président Trump soutenait pleinement l'OTAN et que Washington resterait dans l'Alliance. Marco Rubio a également dénoncé, je cite, l' « hystérie » médiatique autour de cette question. Il a réaffirmé l'engagement américain tout en insistant sur la nécessité pour les membres de l'OTAN, notamment en Europe, d'augmenter considérablement leurs dépenses de défense, visant un minimum de 5 % de leur PIB.
L'OTAN se trouve à un tournant, à un moment où les Européens sont contraints de réfléchir à réduire leur dépendance vis-à-vis des États-Unis.
L'idée d'une « européanisation » de l'Alliance gagne du terrain, notamment après le revirement de l'administration Trump concernant son soutien à l’Europe. De plus, le secrétaire de la défense américain avait déjà averti le vieux continent. Il avait insisté, le 12 février, sur le besoin d'un meilleur « partage du fardeau » au sein de l'Alliance, soulignant que la relation déséquilibrée entre l'Europe et les États-Unis n'était plus tenable.
Un journal de Gaspard Timmermans, Paul Thorineau et Robin Job.