Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Gaza au bord de l’effondrement : des Etats démocratiques face au risque de complicité
- Trump et Poutine parlent, l’Ukraine attend
- Budapest claque la porte à la justice internationale
Bonjour Assia, on ouvre ce journal en revenant sur le massacre à huis clos en cours à Gaza. Ce mardi 20 mai, le secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires, Tom Fletcher a déclaré que 14 000 bébés palestiniens “pourraient mourir à Gaza dans les prochaines 48 heures” sans aide humanitaire.
Oui depuis le 2 mars dernier, le gouvernement israélien bloque l’aide humanitaire à l’enclave où deux millions de personnes sont affamées. Lundi 29 mai, Benyamin Nétanyahou a par ailleurs déclaré que je cite les « plus grands amis d’Israël dans le monde » lui avaient dit : « Nous ne pouvons pas accepter les images de faim..). Nous ne pourrons pas vous soutenir. ». Ce mardi 20 mai, ce sont donc 93 camions d’aide humanitaire qui ont pu entrer dans l’enclave, selon le gouvernement israélien.
Néanmoins, Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, a évoqué des complications dans la prise en charge de l’aide notamment en raison de « problèmes de sécurité”.
Et depuis lundi on assiste à un durcissement de ton de la part des grandes puissances occidentales, un durcissement très net qui intervient après 19 mois de guerre. “Nous ne resterons pas les bras croisés pendant que le gouvernement Netanyahou poursuit ses actions scandaleuses” ont notamment déclaré Keir Starmer, Mark Carney et Emmanuel Macron dans une déclaration conjointe publiée ce lundi 19 mai.
Et cette déclaration intervient alors qu’Israël a entamé une nouvelle offensive dans l’enclave avec l’objectif affiché d’en prendre le contrôle total. Depuis dimanche 18 mai, l’armée israélienne a lancé l'opération “Chariots de Gédéon”, une mise en application du projet d’annexion de Gaza annoncé par le cabinet israélien dans la semaine du 5 mai.
Et ce mardi 20 mai la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a annoncé le réexamen de l’accord d’association UE-Israël, alors que l’Union européenne est toujours le premier partenaire commercial de l’État hébreu.
Oui, cette demande initiée par les Pays-Bas concerne principalement l'article 2 de cet accord qui stipule que les signataires s’obligent au « respect des droits de l’homme et des principes démocratiques ». Pour rappel, la procédure avait déjà été demandée par l’Espagne et l'Irlande en février 2024 sans réponse de la Commission.
Outre-Atlantique, les Britanniques ont annoncé de leur côté qu’ils suspendaient les négociations avec Israël pour un accord de libre échange. Cependant, le Royaume-Uni continue d’exporter du matériel militaire vers Israël, en particulier des pièces de fabrication du F-35.
Si les démocraties occidentales semblent enfin répondre fermement à la situation, bien que la Cour Internationale de justice avait déjà déclaré il y a 15 mois, que Gaza était au bord du génocide, c’est notamment qu’ils sont aujourd’hui face au risque de leur complicité.
Oui, dans deux courriers du 12 mai dernier, l’association Juristes pour le respect du droit international (Jurdi) a “mis en demeure” l’Union européenne pour « manquement » à son « obligation d’agir face au risque avéré de génocide à Gaza » Jurdi a annoncé qu’elle saisira la Cour européenne de justice, au Luxembourg si l’Union ne prend pas des actes concrets.
Pour rappel, des Etats comme la France qui est signataire du Statut de Rome, a laissé le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, sous mandat d'arrêt de la Cour Pénale Internationale, survoler son espace aérien le 6 avril dernier bien que le traité stipule que les parties ont l’obligation de coopérer pleinement avec la CPI dans ses enquêtes et poursuites. `
On continue ce journal Assia en revenant sur deux heures d’échanges téléphoniques et de déclarations optimistes sur l’Ukraine. Une conversation largement annoncée sans conséquences concrètes pour l’instant.
En effet, ce lundi 19 mai, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont entretenus lors d'un appel téléphonique de deux heures. Un appel qui n’a abouti ni à un cessez-le-feu, ni à une inflexion de la position russe.
Selon la Maison Blanche, Donald Trump a encouragé Vladimir Poutine à accepter un cessez-le-feu temporaire et des négociations directes afin, je cite, de “mettre fin à un bain de sang”. Mais aucune contrainte n’a été formulée. Et côté russe, le Kremlin s’est dit “ouvert” à une discussion mais n’a, une fois encore, pris aucun engagement concret.
En effet, Moscou a salué la position des Etats-Unis et, je cite, “l’absence de pression” dans l’échange. Seule piste d’ouverture, la Russie de Vladimir Poutine s’est dite prête à collaborer avec l’Ukraine sur un “mémorandum” qui comprendrait un calendrier et une possibilité de cessez-le-feu, je cite, “pour un temps déterminé”. Une étape de plus qui semble confirmer que Vladimir Poutine ne fait que jouer la montre.
En Europe, la prudence américaine inquiète. Plusieurs dirigeants européens espéraient une ligne beaucoup plus ferme.
Oui, effectivement. Alors que les Européens de leur côté ordonnent un 17e paquet de sanctions contre la flotte fantôme russe, le président américain choisit l'ambiguïté.
Volodymyr Zelensky, qui s’est entretenu avec Donald Trump avant son appel avec le président russe, appelle à, je cite, “des garanties claires de sécurité”, alors que la crainte de retrait des Etats-Unis dans les négociations pèsent tous les jours un peu plus.
On conclut ce journal Assia, en revenant sur une décision lourde de conséquences prise à Budapest ce mardi 20 mai. Le Parlement hongrois a validé le retrait de la Hongrie de la Cour pénale internationale (CPI), une instance pourtant créée avec sa participation il y a plus de 20 ans.
Oui en effet, et ce retrait hongrois n’est pas anodin. Il intervient un mois après la visite de Benyamin Netanyahou en Hongrie, pourtant visé par un mandat de la CPI pour crimes de guerre.
Viktor Orban, fidèle à son allié israélien, avait refusé d'exécuter ce mandat d’arrêt, dénonçant des institutions internationales “politisées” et affirmant que la CPI n’est plus, je cite, “impartiale”.
Oui, et c’est un revers de taille pour le droit international.
Oui effectivement, puisque la Hongrie devient ainsi le premier État membre de l’UE à se retirer de la CPI, après le Burundi et les Philippines. Une décision dont les Nations unies doivent être sous peu notifiées pour pouvoir déclencher la procédure de retrait de la Cour pénale internationale.
Une décision qui affaiblit un peu plus l’édifice multilatéral, à l’heure où les procédures contre Benyamin Netanyahou et Vladimir Poutine peinent déjà à s’imposer.
Reste donc à voir si ce départ, effectif dans un an, influencera d’autres pays. En attendant, la CPI pourrait ouvrir une procédure de “non-coopération” contre la Hongrie pour ne pas avoir arrêté le premier ministre israélien.
Un journal d’Assia Patel et Isaline Feller