Tous les jours sur euradio, l'équipe de Géopolis part à la rencontre de celles et ceux qui font l’Europe d’aujourd’hui.
Au programme du jour :
- Frontex publie les chiffres de l'immigration irrégulière
- Des difficultés entre le président et le Premier ministre en Pologne
- Une année record en terme de saisies de drogues au port d'Anvers en Belgique
Bonjour Joris, ouvrons ce journal en évoquant les chiffres de l’immigration irrégulière publiés par Frontex. Des chiffres en forte hausse en 2023.
Oui, le 16 janvier l’agence de protection des frontières et des côtes européennes a publié son rapport annuel du nombre d’entrées irrégulières sur le continent. Et ces chiffres sont en nette hausse par rapport à 2022. Environ 380 000 entrées ont été enregistrées, soit une augmentation de 50 000 personnes en un an. Des chiffres jamais vus depuis 2016.
Et la Mer Méditerranée s’impose plus que jamais comme la route privilégiée pour les personnes qui cherchent à entrer sur le continent.
Au total ce sont 157 000 personnes qui sont passées par la route de la Méditerranée centrale, soit une augmentation de presque 50% par rapport à l’année dernière. Parmi les épisodes difficiles de l’année sur cette route qui relie la Tunisie et la Libye aux îles italiennes et à Malte : l’arrivée soudaine de 11 000 personnes sur la petite île de Lampedusa.
Un choc pour ce territoire italien peuplé de seulement 6000 habitants, mais qui est est le territoire européen le plus proche de la Tunisie.
D’autres routes ont également été beaucoup plus fréquentées.
Oui, la route de l’ouest, qui relie le Maroc et l’Espagne a notamment connu une augmentation de 12% de sa fréquentation. Mais la progression la plus nette est de loin la route atlantique. Probablement la plus dangereuse de toutes, la faute au fort courant océanique auquel doivent résister les embarcations de fortunes qui cherchent à débarquer sur les îles Canaries.
Pourtant, ce chemin très dangereux a vu sa fréquentation augmenter de 161% pour atteindre les 40 000 arrivées sur les îles espagnoles en 2023.
Et la tendance devrait rester à la hausse en 2024.
C’est en tout cas ce qu’anticipe le centre international du développement des politiques migratoires. La faute en partie à un effet que le directeur général de ce think tank appelle l’effet de “la fermeture de la boutique”. L’année 2024 va être une année électorale dans de nombreux pays. L’immigration va donc être un des sujets centraux des débats. Et c’est sans compter les procédures déjà engagées, comme par exemple la loi immigration en France.
La crainte est donc que toutes ces annonces incitent encore plus de personnes à quitter leur domicile en 2024 pour arriver avant le vote de potentielles nouvelles lois restrictives. Le think tank appelle donc urgemment l’Union européenne à développer de nouvelles routes légales, afin d’éviter un nouveau désastre humanitaire en mer.
On poursuit ce journal en Pologne, où la relation entre le président Andrzej Duda et son Premier ministre Donald Tusk est particulièrement difficile
On pouvait s’y attendre, le Premier ministre fraîchement élu à la tête du coalition centriste Donald Tusk s’engage dans une politique en rupture totale avec celle de son prédécesseur Mateusz Morawiecki. Cependant, la nouvelle équipe gouvernementale doit composer avec l’opposition du Président de la République encore en poste jusqu’en 2025 et affilié au PiS, le parti auquel appartient l’ancien Premier ministre. Un bras de fer est donc engagé entre le nouveau chef du gouvernement et le président, qui bénéficie d’un droit de véto sur certaines lois.
Et dernier épisode de cette brouille : la grâce par le Président Duda de deux hommes, dont l’ancien ministre de l’intérieur Mariusz Kaminski, condamnés pour abus de pouvoir.
C’est la deuxième fois que ces deux membres du PiS sont graciés par le Président, après un premier épisode en 2015. La procédure judiciaire à leur encontre a repris dès l’arrivée de Donald Tusk au poste de Premier ministre. S’en est suivi une condamnation à deux ans de prison, à laquelle s’est opposé le Président Duda.
Et cela a d’ailleurs donné lieu à une scène rocambolesque dans laquelle les deux hommes s’étaient réfugiés directement dans le palais présidentiel.
Oui, la police a donc effectué une descente directement dans le bâtiment présidentiel. Le Président a donc demandé le 15 janvier à Donald Tusk et ses ministres de, je cite, “cesser de transgresser la loi”.
Une citation qui fait autant référence à cet épisode judiciaire qu'au licenciement de plusieurs patrons de grands médias nationaux. La coalition au pouvoir ayant écarté un grand nombre de personnes placé dans des postes à responsabilités dans la presse et à la télévision par le PiS.
Concluons ce tour de l’actualité en se rendant à Anvers, en Belgique. Ce grand port connu pour être la principale porte d’entrée de la cocaïne sur le continent a connu une année record en 2023 en termes de saisies.
Oui, lors d’une conférence de presse, le ministre des finances belge Vincent Van Peteghem a déclaré qu’environ 116 tonnes de cocaïnes avaient été saisies dans la ville flamande. Une augmentation de 5% par rapport à l’année 2022, pourtant déjà détentrice du record.
Les violences liées au trafic continuent également d’augmenter.
Oui la ville d’Anvers est maintenant habituée au son des coups de feu en provenance du port. Les règlements de compte y sont fréquents, d’autant que la production de cocaïne ne cesse d’augmenter en Amérique latine, preuve d’un marché de plus en plus conséquent.
Mardi 16 janvier, les autorités ont annoncé l’arrestation de 22 personnes dont 3 policiers qui étaient impliqués dans un vaste réseau de trafiquants.
Anvers n’est d’ailleurs pas la seule ville touchée par le trafic de cocaïne.
Non, c’est également le cas de Rotterdam, autre port très important d’Europe, dans lequel transite quotidiennement une importante quantité de poudre blanche. Les autorités avaient d’ailleurs effectué la plus importante saisie jamais enregistrée aux Pays-Bas au mois d'août, avec 8000 kilos interceptés d’un coup.
Les trafiquants latino-américains passent également beaucoup par l’Espagne, troisième pays interceptant le plus cette drogue dans ses ports en Europe.
Un journal de Joris Schamberger et Ariane Dana