Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Les 27 réunis à Copenhague pour parler défense, défense et défense.
- Shutdown américain, que se passe t’il et quelles conséquences pour l’Europe
- l’Europe bétonnée, enquête du monde et d’une dizaine de médias sur la disparition des espaces naturels en Europe
On commence ce journal à Copenhague, au Danemark qui accueille depuis mercredi les dirigeants des 27 pour discuter du renforcement de leur défense. Une source d’inquiétude pour le royaume notamment, dont l’espace aérien a été violé plusieurs fois ces derniers jours.
Oui, et pour parler sécurité, la sécurité est de mise : des milliers de policiers ont été déployés dans la capitale, avec des renforts allemands, polonais, français et même ukrainiens. Les 27 se sont d’abord réunis pour un sommet informel du Conseil européen ; ils sont aujourd’hui 40, rejoints par d’autres chefs d’Etat et de gouvernement du continent pour participer à un sommet de la Communauté politique européenne à discuter d’un projet de défense autonome d’ici à 2030.
Outre la guerre en Ukraine, cette priorité sécuritaire s’est une nouvelle fois imposée avec plusieurs passages récents de drones dans le ciel européen et en particulier du ciel danois ces dernières semaines, des survols qui ont accru les inquiétudes au sein du pays, qui a interdit les vols de drones civils depuis le début de la semaine. Le projet d’un mur “anti-drone” installé aux frontières de l’Europe est d’ailleurs en discussion - il permettrait de détecter, voire de détruire les objets intrus violant l’espace aérien européen.
Et concrètement, quels étaient les objets à l’ordre du jour du sommet des 27 ?
La Commission européenne a déjà provisionné 150 milliards d'euros de prêts, dont 100 milliards pour les pays dits de “la ligne de front”, proches de la Russie pour renforcer les capacités de défense des pays membres. Un nouveau texte est en train d’être discuté - le programme européen pour l’industrie de la défense - qui comme son nom l’indique vise à renforcer la production industrielle dans le domaine. Dans le projet de budget 2028-2034, 131 milliards d'euros devraient être accordés à la défense.
Ce n’est pas tout, les Européens souhaitent aussi répondre aux besoins budgétaires de l’Ukraine, qui aura besoin de plusieurs dizaines de milliards d’euros pour continuer à se défendre en 2026. Vendredi dernier, la Commission proposait de transférer à l’Ukraine une majeure partie des avoirs russes gelés, au sein de l’UE, sous la forme d’un prêt. Mais les sort de ces 170 milliards d’euros russes suscite de nombreux débats au sein des 27 dont certains sont rétifs à l’usage de ces fonds. Ursula von der Leyen évoquait tout de même mercredi d’un “consensus grandissant” lors du sommet, mais la Belgique et le Luxembourg continuent d’exprimer leur opposition.
Le conseil a également abordé la question de la protection de l’industrie européenne face aux tarifs américains et chinois.
Oui, Emmanuel Macron considère, je cite, que l’Europe est le “seul endroit où nous ne protégeons pas nos acteurs nationaux”. Il a demandé à Bruxelles d’aller plus loin que les taxes imposées sur les véhicules électriques chinois et les droits de douane sur l’acier, qui doivent être introduits à la fin du mois.
Pour rappel, la Chine représentait environ un tiers de la production manufacturière en 2023, deux fois plus que les Etats-Unis, huit fois plus que l’Allemagne, la plus grande puissance industrielle de l’UE.
On continue ce journal aux Etats Unis, qui viennent de basculer dans le “shutdown”, une expression qui désigne la mise à l’arrêt du gouvernement fédéral après l’échec du vote d’un projet de loi visant à prolonger son financement.
Oui, face aux absences de concessions des républicains, sur le financement de l’assurance santé “Obama care” notamment, les démocrates ont refusé de voter le budget, plongeant le pays dans une paralysie budgétaire et provoquant la fermeture immédiate des services dits “non essentiels” du gouvernement. Quelque 750 000 fonctionnaires devraient se retrouver au chômage partiel selon une estimation du bureau budgétaire du Congrès publiée mardi.
Le dernier épisode de shutdown, le plus long de l’histoire des Etats-Unis, s’était déjà déroulé sous la présidence de Donald Trump - 35 jours - entre décembre 2018 et janvier 2019. Il concernait le financement du mur à la frontière avec le Mexique.
Et pour l’Europe, les conséquences pourraient être sensibles.
Oui, la fermeture des nombreux services fédéraux impactent directement les entreprises européennes ; que ce soit par l'octroi de prêts, de permis ou la diffusion d’informations essentielles aux stratégies des industires européennes. Une baisse de l’activité économique américaine, comme c’est le cas maintenant, implique aussi une baisse des importations - or, les Etats Unis sont la première destination des bien européens.
Selon le média Euronews, les économistes estiment qu’un tel shutdown, s’il dure deux semaines, aura un impact négatif sur le PIB de l’UE de 4 milliards de dollars ; 10 milliards s’il dure aussi longtemps que le précédent.
On termine ce journal… sur du béton, des milliers et des milliers de m² de béton qui recouvrent l’Europe et s’étendent, chaque nouvelle heure qui passe, sur une surface équivalente à celle de 24 terrains de foot. C’est le constat dressé par l’enquête du réseau Arena for Journalism in Europe, en collaboration avec une dizaine de médias internationaux, et intitulée “Comment l’Europe vire du vert au gris”.
Oui, et le résultat est alarmant pour l’avenir écologique, agronomique et biologique de l’Europe. Chaque année, 1500 kilomètres carrés de nature et de terres arables sont effacées par les constructions humaines. Un phénomène appelé artificialisation, dont sont responsables à différentes échelles les entreprises et gouvernements européens.
Dans le classement des contributeurs à l’artificialisation, la France arrive à la troisième position, derrière la Turquie et la Pologne. l’Hexagone pourtant, comme les autres pays de l’UE, est soumis à la loi Climat et résilience votée par l’Union européenne en 2021. Celle-ci implique une artificialisation nette égale à zéro d'ici 2050, un objectif de moins en moins réaliste explique l’enquête.
Les journalistes soulignent par ailleurs que l’Union européenne, bien qu’elle se soit fixé un objectif en matière d’artificialisation, n’y a adjoint aucune mesure juridiquement contraignante.
Non et pourtant les conséquences d’un tel phénomène sont multiples : les écosystèmes sont dégradés, les inondations plus fréquentes, la biodiversité menacée… ce qui implique une intensification des activités agricoles et industrielles sur les terres restantes.
L’Agence européenne pour l’Environnement, l’AEE, a elle aussi comptabilisé l’artificialisation du territoire, mais ses données sont deux fois plus faibles que celles relevées par l’enquête.
Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.