Tous les jours sur euradio, l'équipe de Géopolis part à la rencontre de celles et ceux qui font l’Europe d’aujourd’hui.
Au programme :
- Une vague de mécontentement secoue le monde agricole en Europe.
- L'octroi par l’UE de 87 millions d’euros à l’Égypte
- La mise en échec par la France, l’Allemagne et les Pays-Bas de l’inscription du viol dans la loi européenne.
Ouvrons ce journal en évoquant le mécontentement qui secoue actuellement le monde agricole en Europe.
Oui, la gronde des agriculteurs dans les pays européens se fait entendre depuis déjà un certain temps. En novembre dernier, les agriculteurs français avaient déjà bloqué des routes pour exprimer leurs désaccords envers les politiques agricoles nationales et européennes. Des points de tensions émergent un peu partout sur le continent dans le monde agricole, portant notamment sur l'augmentation des taxes sur les produits phytosanitaires, la fin de l'exonération fiscale sur le gazole des tracteurs, et les inquiétudes quant à l'impact des accords de libre-échange de l'Union européenne sur leurs activités.
Cette vague de mécontentement a rapidement essaimé dans d'autres États membres de l'UE, les agriculteurs pointant, selon les pays, différents griefs
En Pologne, les agriculteurs ont d’ailleurs bloqué début janvier un important poste-frontière avec l'Ukraine, un blocage levé depuis, afin de protester contre l’importation de produits ukrainiens bon marchés inondant, selon les agriculteurs locaux, le marché polonais.
L'Allemagne a également été le théâtre de manifestations massives ces derniers jours en réaction à la proposition gouvernementale de réduire les exonérations fiscales pour le secteur agricole. Les agriculteurs allemands ont notamment convergé vers Berlin bloquant la capitale le lundi 15 janvier, clamant leur refus des changements proposés, en particulier en ce qui concerne les taxes sur le diesel.
Un grand nombre de routes allemandes ont été paralysées pendant des semaines, mais les agriculteurs ont temporairement suspendu leurs manifestations pour négocier avec le gouvernement.
Oui, Joachim Rukwied, président de l'Association des Agriculteurs, a exprimé son soutien aux pourparlers que le gouvernement fédéral a fini par accepter, soulignant tout de même l’impératif d'obtenir des résultats concrets, et ce avant l’approbation de la proposition d'économies du gouvernement. « Nous avons besoin d’un résultat d’ici jeudi 18 janvier au soir », a-t-il ainsi déclaré en guise d’ultimatum.
En parallèle, un accord entre les agriculteurs et le gouvernement a finalement été conclu en Roumanie lundi 15 janvier, après six jours de manifestations.
Oui, le ministre de l'Agriculture, Florin Barbu, a annoncé des concessions significatives, notamment la prise en charge par l'Etat des impôts sur l’alcool jusqu'en 2026 et des réglementations sur les prêts à taux d'intérêt bonifiés. Le gouvernement roumain a également accepté les demandes de compensation des agriculteurs locaux du fait des pertes causées, selon eux, par les importations massives en provenance de l’Ukraine. Pour autant, l’accord signé ne signifie pas forcément la fin des protestations, car d’autres négociations à venir pourraient prolonger la durée de la manifestation, selon un des représentants des agriculteurs.
Poursuivons ce tour de l’actualité en évoquant l'octroi par l’UE de 87 millions d’euros à l’Egypte en ce début d'année 2024, pour renforcer la gestion des migrations.
Ce financement, prévu dans le cadre d'un projet lancé en 2022 et mis en œuvre par l'Organisation Internationale pour les Migrations et Civipol, l'opérateur de coopération technique du ministère français de l'Intérieur, vise à renforcer la capacité opérationnelle de la marine égyptienne et des gardes-frontières pour la surveillance des frontières, ainsi que pour les opérations de recherche et de sauvetage en mer. Les fonds alloués seront principalement consacrés à l'acquisition de nouveaux équipements, notamment des bateaux de recherche et de sauvetage fournis par l'opérateur français Civipol.
Toutefois, certains observateurs doutent du caractère opportun de cet investissement.
En effet, selon le rapport sur les migrations 2023 de l'Agence de l'Union européenne pour l'asile, les départs irréguliers depuis les côtes égyptiennes sont presque inexistants depuis 2016, la majorité des migrants partant de Libye. En outre, l'Égypte, partenaire stratégique de l'UE, fait face à une dure crise économique et politique, avec une population de 107 millions d'habitants confrontée à une instabilité croissante et à des défis en matière de droits humains. L'ONG Human Rights Watch a d’ailleurs récemment appelé l'UE à utiliser son partenariat avec l'Égypte comme levier pour améliorer la situation des droits civils, politiques et économiques dans le pays.
Terminons ce tour de l’actualité en évoquant la mise en échec par la France, l’Allemagne et les Pays-Bas de l’inscription du viol dans la loi européenne.
Oui, la directive de l'Union européenne contre les violences faites aux femmes, proposée en mars 2022, vise à interdire diverses formes de violences faites aux femmes et à établir une définition commune du viol en Europe. L'objectif est d'harmoniser les sanctions pénales parmi les 27 États membres, assurant ainsi une meilleure protection des victimes.
Lors des négociations, qui durent depuis près de deux ans, le Conseil a supprimé l'article 5 de la directive, établissant une définition commune du viol basée sur la notion de consentement.
Oui, et la France, l'Allemagne et les Pays-Bas ont voté contre l'inclusion de cette définition du viol, aux côtés d'autres États membres. Aucun accord n’ayant été trouvé lors des dernières négociations du 13 décembre, le dossier stagne et compromet les espoirs d'une avancée.
Pourquoi ont-ils voté contre ?
Les arguments avancés par la France, l'Allemagne et les Pays-Bas reposent sur l’existence d’un défaut juridiques, estimant que l'UE n'a pas la compétence nécessaire pour criminaliser les actes sexuels non consensuels. Cette opposition, surprenante venant de pays traditionnellement progressistes, suscite des réactions critiques de la part des ONG féministes. Des appels pressants ont été lancés envers la France et l'Allemagne pour qu'elles reconsidèrent leur position et reconnaissent la nécessité d'une définition du viol basée sur le consentement. Les prochaines négociations sont prévues en février ou mars, mais sans la participation de la France et de l'Allemagne, il est peu probable que le Conseil change de position.
Un journal d’Ariane Dana et Joris Schamberger.