Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme :
- La présidence azerbaïdjanaise de la COP 29
- Manifestations d'agriculteurs en Allemagne
- Marées blanches sur les plages galiciennes
Bonjour Joris, démarrons ce journal en évoquant la présidence de la prochaine COP, attribuée à l’Azerbaïdjan, une annonce qui déclenche une importante polémique
Cette responsabilité était disputée avec d’autres pays, notamment l’Arménie, qui a finalement décidé de se retirer pour laisser le champ libre à Bakou. Pour rappel, les présidences de ces sommets pour le climat tournent en fonction des régions. Concernant la COP 28 il fallait par exemple que ce soit un pays asiatique qui soit désigné. Pour la COP 29, c’était au tour de l’Europe de l’Est et du Caucase, et c’est donc l’Azerbaïdjan qui a été choisi.
Et près d’un an avant le lancement du sommet, le choix du pays hôte fait déjà grincer des dents. L’Azerbaïdjan étant, pour rappel, un des principaux producteurs de pétrole de la région.
Oui, symboliquement le choix de l’Azerbaïdjan a été remis en question par les défenseurs du climat, pour des raisons similaires aux contestations quant à la nomination des Emirats Arabes Unis l’an dernier. Comme les Emirats, l’Azerbaïdjan a une économie très dépendante des exportations de pétrole et procède à des extractions massives de matières fossiles extrêmement polluantes. Et pour noircir encore le tableau l’actuel ministre de l’écologie Mukhtar Babayev, choisi comme président de la future COP, par le pays hôte est un vétéran du commerce de l’or noir,
Le choix de ce futur président de la COP est d’ailleurs pointé du doigt par les défenseurs de l’environnement.
Ce qui fait polémique, ce n’est pas tant son poste actuel de ministre dans un gouvernement plusieurs fois accusé de dérives autoritaires, que les expériences passées de Mukhtar Babayev. Le nouveau président de la COP a ainsi passé 16 ans dans l’industrie pétrolière avant de s’engager en politique.
D’autant que le bilan écologique azerbaïdjanais est loin d’être reluisant ces dernières années.
Les exportations de gaz notamment sont en forte hausse depuis des années, au point même de supplanter le pétrole. L’Azerbaïdjan est par exemple une des nouvelles sources d’approvisionnement de l’Europe après la perte du gaz russe. Plus globalement, les hydrocarbures représentent environ 50% du PIB du pays, qui est donc fortement dépendant de ces industries polluantes.
Et Bakou ne semble pas parti pour faire machine arrière sur les énergies fossiles.
Non, c’est même l’inverse. Selon le Guardian, l’Azerbaïdjan devrait augmenter ses extractions de gaz d’environ un tiers sur les 10 prochaines années. Cela correspond à une augmentation annuelle d’environ 12 milliards de mètres cubes, à ajouter aux 37 milliards que le pays extrait déjà tous les ans.
Ces extractions provoqueraient une augmentation dramatique des émissions de CO2, qui correspondraient au double de celles produites par un pays comme le Royaume-Uni en un an, pour un pays pourtant 6 fois moins peuplé.
Poursuivons ce journal en Allemagne où la gronde des agriculteurs se fait de plus en plus entendre ces derniers jours.
Plusieurs milliers d’agriculteurs ont lancé une grande opération de ralentissement sur les routes allemandes cette semaine. La quasi-totalité des Lander allemands sont concernés par ces blocages qui vont jusqu’à des barrages sur les entrées d’autoroutes dans le nord-est du pays. Le centre de Berlin était également occupé par des tracteurs lundi 8 janvier.
Pourquoi cette soudaine colère des agriculteurs allemands ?
Lors de la laborieuse adoption du budget par le gouvernement d’Olaf Schulz, le secteur agricole a vu plusieurs de ses subventions disparaître. De nombreuses discussions s’en étaient suivies jusqu’à arriver à un compromis et à des concessions de la part de l’État. Notamment sur le point le plus polémique : la suppression des aides sur le carburant. A l’origine cette suppression devait prendre effet directement, mais elle sera finalement progressive jusqu’à 2026.
Ce compromis est jugé insuffisant par la profession, dont le dialogue avec le gouvernement semble totalement rompu pour le moment.
Oui, le ministre des finances Christian Lindner juge ces actions “disproportionnées” et estime que le secteur est déjà “hautement subventionné”. Les autorités craignent également des dérives orchestrées par des groupuscules d’extrême droite qui se seraient jointes au mouvement. De l’autre côté, le président de la fédération allemande des agriculteurs a déclaré qu’il ne “voulait pas de l’extrême droite dans ces manifestations”.
Concluons ce journal sur les plages galiciennes, en Espagne, où des milliers de billes de plastiques s’échouent régulièrement depuis quelques semaines.
On connaissait déjà les marées noires, mais c’est ici de “marées blanches” dont les plages du nord-ouest espagnol sont victimes. Ces petites billes plastiques appelées “los pellets” proviendraient de conteneurs passés par dessus le bord d’un navire qui longeait les côtes portugaises début décembre. Des granulés ont été retrouvés sur une vingtaine de plages espagnoles, sur un rayon d’environ 80 kilomètres.
Greenpeace Espagne déplore ici un désastre écologique.
Même si plusieurs opérations de nettoyages des plages ont été mises en place par des groupes de volontaires, la situation est particulièrement déplorable pour la faune sous-marine. Ces pellets sont particulièrement nocifs pour les poissons, qui peuvent les ingérer sans s’en rendre compte. De même, ils se dissolvent facilement et peuvent donc se retrouver rapidement dans l’organisme humain.
Malgré les alertes des défenseurs de l’environnement, le gouvernement espagnol refuse de prendre en charge cet accident.
Le gouvernement galicien et l’État fédéral s’accusent mutuellement de ne pas avoir pris en charge la situation rapidement. La Galice cherche donc à faire passer le niveau d’alerte à la contamination maritime au niveau 2, ce qui forcerait le gouvernement à prendre en charge cette crise au niveau fédéral.
Un journal de Ariane Dana et Joris Schamberger