Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme :
- Les 27 se mettent d'accord sur l'AI act
- Une nouvelle Première ministre élue en Irlande du Nord
- Querelle diplomatique entre Israël et la Belgique après le bombardement d'une agence de développement belge à Gaza
Bonjour Joris, démarrons ce journal en évoquant l’AI act, le projet de législation européenne de l’intelligence artificielle, qui a connu une grande avancée vendredi 2 février.
Les ambassadeurs des 27 États membres de l’UE se sont mis d’accord sur un cadre réglementaire sur l’IA. Un texte d’ampleur historique, puisqu’il s’agirait du premier paquet de lois complet à réellement s’attarder sur la question. Mais également un texte dont l’élaboration aura été particulièrement sinueuse, puisque proposé en 2021 et maintes fois débattu et repoussé depuis.
Sur quels éléments les États membres ont eu du mal à se mettre d’accord ?
Principalement, les États membres ont eu du mal à s’accorder sur la souplesse à accorder ou non aux développeurs d’IA. Les trois économies les plus fortes de l’UE, l’Allemagne, l’Italie et la France demandaient un texte peu restrictif, pour inciter au développement de ces nouveaux outils. D’un autre côté, le Parlement européen exigeait un cadre particulièrement strict, notamment pour les outils les plus puissants.
Finalement, quels compromis ont trouvé les États membres ?
Le texte final est très proche des exigences strictes du Parlement. La France, l’Allemagne et l’Italie demandaient notamment à ce que les modèles de fondation, à savoir les IA génératives comme Chat GPT, suivent un code de conduite non restrictif, contrairement à ce qui est inscrit dans le texte. Or, Berlin et Rome se sont retirées de cette entente tripartite, forçant Paris à également accepter le texte.
Quelques détails du texte peuvent en revanche toujours évoluer.
Tout à fait, la Slovaquie a notamment demandé à ce que l’UE soit habilitée à réglementer l’IA utilisée dans un cadre non professionnel. L’Autriche trouve également que le texte pourrait aller plus loin sur la protection des données et des droits des consommateurs. Mais ces inquiétudes ne devraient pas entraver le processus législatif du texte. En revanche, elles pourraient influencer la manière dont il sera mis en œuvre une fois entré en vigueur.
Prochaine étape du processus : le vote au Parlement européen.
Ce sera d’abord aux commissions des libertés civiles et du marché intérieur d’approuver ce texte avant que celui-ci ne soit débattu en plénière à Strasbourg dans le courant du mois d’avril. Le texte entrera par la suite en vigueur de manière progressive, au cours des deux prochaines années.
Poursuivons ce journal en Irlande du Nord, où pour la première fois depuis la création de l’Assemblée locale, une membre du parti nationaliste Sinn Fein a été nommée Première ministre.
Après deux ans de blocage de l’Assemblée locale, les députés nord-irlandais ont enfin pu élire leur Première ministre. Le Parti Démocratique Unioniste, qui s’était retiré de l’institution, officiellement pour protester contre les contrôles douaniers sur les produits britanniques mis en place après le Brexit, a finalement repris place dans le parlement de Belfast. Cette assemblée organisée à la suite des accords du vendredi saint de 1998 et des violents troubles qui ont frappé l’État pendant une trentaine d'années, ne peut fonctionner qu’en présence des forces politiques principales du territoire, les unionistes qui souhaitent le maintien de la région dans le giron de Londres et les nationalistes qui souhaitent à l’inverse la réunification avec la République d’Irlande.
C’est finalement la vice-présidente du parti autonomiste du Sinn Fein, Michelle O’Neill, qui devient Première ministre.
Particulièrement appréciée de la jeunesse et aux idées marquées à gauche, Michelle O’Neill marque une véritable rupture avec ses prédécesseurs. Ce qui ressort de sa nomination, c’est notamment un discours d’unité. Elle souhaite notamment mettre en place un débat sur l’identité britannique et irlandaise, en insistant sur l’inclusivité de ce dernier.
Elle se démarque également de par ses positions sur l’avortement et les droits des LGBT. Elle avait par exemple, lorsqu’elle était ministre de la santé en 2016, mis fin à l’interdiction pour les homosexuels de donner leur sang.
Avec cette victoire du Sinn Fein, la question d’un référendum sur l’unification de l’Irlande revient également sur la table.
Oui, lors d’une interview sur la chaîne Skynews, à la question “anticipez-vous un référendum dans les 10 prochaines années”, la réponse de la Première ministre a été un grand oui. Une perspective dont ne s’inquiète en revanche pas vraiment le Parlement britannique pour qui ce scénario est peu probable. Dans un document officiel publié dans le week-end, il explique notamment que la présence de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni est "assurée pour les décennies qui viennent”.
Concluons ce tour de l’actualité en évoquant les tensions diplomatiques entre la Belgique et Israël.
Le premier février, un bâtiment dans lequel siégeait l’agence de développement belge Enabel installé à Gaza, ainsi que l’ONG Handicap International, a été détruit à la suite d’un bombardement. Aucun mort n’est à déplorer, les employés étant absents du bâtiment au moment de sa destruction. En revanche, ces personnes ont été rapatriées à la suite de cet événement.
Dans la foulée, la ministre des affaires étrangères belge, Hadja Lahbib, a convoqué l’ambassadrice israélienne pour exiger des explications.
La ministre affirme que Tel Aviv savait pertinemment que Enabel était installée dans ce bâtiment. Elle dénonce également le fait qu’Israël bombarde indifféremment bâtiments civils et militaires, ce qui est contraire au droit international.
L’ambassadrice israélienne Idit Rosenzweig-Abu a expliqué avoir demandé plus d’informations à l’armée de Tsahal. Une enquête serait donc en cours, notamment pour savoir si cette destruction était intentionnelle ou non.
Cette querelle survient alors qu’une trêve est en cours de négociations entre Israël et le Hamas.
Oui, cette pause du conflit de six semaines aurait déjà été acceptée côté israélien selon les médiateurs Qataris. Reste maintenant au Hamas à donner son accord pour cette trêve. Le Qatar est optimiste quant à une avancée dans les deux prochaines semaines, mais les signaux contradictoires envoyés par le Hamas laissent penser que les négociations pourraient être encore longues.
Un journal de Joris Schamberger et Ulrich Huygevelde