Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Friedrich Merz dénonce Israël.
- L'Union européenne défend la Pride hongroise.
- L’UE rétablit les quotas agricoles ukrainiens
Bonjour Assia, on commence ce journal en Allemagne, où le chancelier Friedrich Merz semble opérer un profond changement de ton dans son attitude envers Israël. Lors d’une interview accordée au radiodiffuseur public allemand WDR, le lundi 26 mai, il a déclaré, je cite : « Lorsqu’une ligne est franchie, lorsque le droit international est réellement violé, même le chancelier allemand doit s’exprimer. »
En effet, l’Allemagne a traditionnellement été, pour les raisons historiques que l’on sait, l’un des plus fervents soutiens d’Israël en Europe. Le 7 octobre 2023, le chancelier de l’époque, Olaf Scholz, avait exprimé, je cite, un « soutien inconditionnel » à Israël. Et en janvier de cette année, après son élection mais avant sa prise de fonction, Friedrich Merz, avait invité le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, ignorant le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale.
Mais cette attitude semble avoir changé, alors que la crise de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza a atteint un niveau particulièrement critique.
Oui, selon le chancelier, les actions du gouvernement israélien à Gaza, je cite, « ne peuvent plus être justifiées ». Il poursuit : « Ce que fait actuellement l’armée israélienne dans la bande de Gaza, je ne comprends plus quel est son objectif. Nous devons le dire plus clairement maintenant. La manière dont les civils sont ciblés ne peut plus être considérée comme un combat contre le terrorisme du Hamas. »
Et le même jour à Jérusalem, des émeutes ont éclaté lors de la célébration de la Journée de Jérusalem par Israël.
Le 26 mai, les Israéliens commémorent la conquête de Jérusalem-Est palestinienne par l’armée israélienne durant la guerre des Six Jours de 1967. Cette journée célèbre la réunification de Jérusalem, mais ces dernières années, elle a évolué en un événement marqué par des discours de haine à l’égard des Palestiniens.
Et cette année n’a pas fait exception. La journée a commencé par une attaque contre le siège de l’organisation onusienne UNRWA à Jérusalem-Est. Selon les émeutiers, l’organisation - qui vient en aide aux réfugiés palestiniens - coopérerait avec le Hamas, bien que les preuves de ces allégations n’aient jamais été apportées.
Oui Isaline, selon Roland Friedrich, coordinateur de l’UNRWA en Cisjordanie, environ 12 manifestants israéliens ont pénétré de force dans le bâtiment. Heureusement, le bâtiment était vide depuis plusieurs mois, le personnel ayant été invité à ne plus y travailler en raison du manque de sécurité.
Et dans la vieille ville de Jérusalem, les émeutes ont continué. Des dizaines de milliers d’Israéliens ont défilé dans le centre-ville. Parmi eux, de jeunes Juifs israéliens ont traversé les quartiers musulmans aux cris « mort aux Arabes »
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent ces groupes visant directement des civils et commerçants palestiniens, en les insultant, en leur crachant dessus, et certains allant jusqu’à les frapper. Les forces de police, pourtant présentes sur place,auraient brillé par leur passivité.
On continue ce journal en revenant sur une déclaration officielle du gouvernement néerlandais, signée par 16 autres États membres de l’Union européenne. Une déclaration qui condamne les propositions de loi hongroises visant à interdire la Budapest Pride prévue en juin.
Publiée le mardi 27 mai sur X, la déclaration a été signée par des pays comme l’Autriche, la Belgique, la France et l’Allemagne. On peut y lire : « Nous sommes profondément préoccupés par ces évolutions, qui vont à l’encontre des valeurs fondamentales de dignité humaine, de liberté, d’égalité et de respect des droits de l’homme. »
Ce message a été publié peu après des rumeurs selon lesquelles Ursula von der Leyen aurait conseillé à ses commissaires de ne pas assister à la Pride, ce qu’elle dément. Son porte-parole a affirmé qu’une nouvelle stratégie LGBTQI sera présentée cette année.
La lettre néerlandaise réagit directement aux lois proposées par Viktor Orbán et adoptées les 18 mars et 14 avril, justifiées par des propos du gouvernement hongrois liant visibilité LGBTQ+ et danger pour les enfants.
Cette évolution accentue les tensions déjà vives entre l’UE et la Hongrie. La Hongrie dont l’attitude semble mettre à rude épreuve la patience de ses partenaires européens.
En effet. La ministre suédoise des Affaires européennes, Jessica Rosencrantz, a déclaré dans une interview accordée à Politico que la patience de l’Union envers la Hongrie arrivait à bout.
On conclut ce journal Assia en revenant sur la décision prise par les Etats membres de l’Union européenne ce jeudi 23 mai. Une décision qui vise à rétablir les quotas sur les produits agricoles ukrainiens.
En effet, ce jeudi 23 mai 2025, les États membres se sont accordés pour rétablir à partir du 6 juin, des quotas et des droits de douane sur plusieurs produits agricoles ukrainiens comme le maïs, le poulet ou le colza. Une décision qui met fin à une exemption instaurée en 2022 pour soutenir Kiev après l’invasion russe il y a 3 ans. L’Ukraine avait exhorté l’UE de maintenir ses avantages commerciaux mais aucun compromis n’ayant été trouvé entre Kiev et Bruxelles sur la suite de l’accord agricole, le régime actuel expirera bien le 5 juin.
Ces “mesures commerciales autonomes” (ou MCA) visaient à faciliter l’exportation de produits ukrainiens vers l’Union européenne.
Oui, effectivement, mais l’afflux de denrées à bas prix a provoqué la colère des agriculteurs d’Europe centrale, notamment en Pologne, en Slovaquie et en Hongrie. Face à cette pression, Bruxelles a proposé un retour transitoire aux quotas d’avant 2022 avec un prorata pour la période de juin à décembre 2025. “Notre objectif est de réaliser des progrès significatifs et de parvenir à un résultat équilibré et viable dès que possible” a déclaré la Commission européenne.
Côté ukrainien, le choc est rude. Selon Dmitry Natalukha, président de la commission des affaires économiques du parlement, “cette décision pourrait coûter à Kiev plus de 3 milliards d’euros, soit environ 70% de la croissance économique totale prévue du pays pour l’année”. Rappelons que le PIB ukrainien avait chuté de près de 50 % avec l’invasion russe, remontant très timidement depuis lors.
Un journal de Thomas-Jan Meekers, Assia Patel et Isaline Feller