Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme :
- Le pacte de stabilité et de croissance
- Un accord sur le pacte asile et migration
- Le licenciement des dirigeants des médias publiques polonais
Bonjour Joris, démarrons ce journal en évoquant le pacte de stabilité et de croissance, la règle européenne qui, depuis 1997, tentent de contenir l’endettement des pays membres. La France et l’Allemagne, qui s’opposaient sur ce texte, sont enfin parvenues à un accord le 20 décembre.
Oui, cela faisait deux ans que les deux États n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur la question. Pour rappel, le Pacte de stabilité et de croissance imposait aux États membres de limiter leur déficit public à 3 % de leur PIB. La dette quant à elle ne pouvait pas dépasser les 60 %. Des restrictions qui ont été suspendues à la suite de la crise du Covid-19 et qui seront à nouveau appliquées à partir du 1er janvier.
Pourquoi la réforme du Pacte a pris autant de temps ?
D’un côté la France, et dans son sillon les pays du sud souvent très endettés, souhaitait assouplir davantage ce pacte. De l’autre, l’Allemagne, et plus globalement les pays du nord souvent appelés les “frugaux”, souhaitait un accord certes plus souple que l’original, mais tout de même beaucoup plus contraignant que celui envisagé par les pays du sud.
Et ces désaccords avaient tendance à inquiéter de nombreux observateurs.
Sans accord préalable, les anciennes règles auraient par défaut fait leur retour le 1er janvier, alors que la plupart s’accordent pour dire qu’elles ne sont plus du tout adaptées au contexte actuel. On leur reproche notamment d’être tout simplement inapplicable alors que la crise inflationniste continue de mettre à mal l’économie des 27.
A quel accord sont finalement arrivés les ministres de l’économie européens ?
Les fameux 3% de déficit et 60% de dettes restent inchangés mais leur application est beaucoup moins rigide, grâce à un principe d’analyse de la soutenabilité de la dette. Ces analyses visent à surveiller les plans de réformes et d’investissements des pays sur 4 à 7 ans.
Plus que de rester impérativement sous ces seuils, le but est donc maintenant de chercher à s’en approcher pour éviter les sanctions de l’Union européenne. On n’analyse plus seulement les chiffres bruts, mais également la trajectoire que suit l’économie.
Cet accord a donc été trouvé dans l’urgence. Quelles ont été les réactions à la suite de son annonce ?
Le ministre de l’économie français, Bruno Le Maire s’est félicité sur X d’un accord, je cite, “historique” auquel sont parvenus les 27. En revanche, selon le chercheur Andreas Eisl, interrogé par Ouest France, cet accord n’atteint pas tous ses objectifs. Les règles n’ont pas réellement été simplifiées selon le politologue. De même, il reproche un texte qui ne prend pas en compte les investissements dans le cadre de la transition écologique.
Des éléments qui pourraient néanmoins évoluer, le texte devant être présenté au Parlement dans le courant de l’année 2024, pour une adoption espérée avant les élections européennes.
Continuons ce journal en évoquant une autre arlésienne de la législation européenne : le pacte sur la migration et l’asile.
Au terme de discussions qui se sont étalées sur plusieurs années, les institutions européennes sont finalement parvenues à un accord le 19 décembre. L’objectif de ce pacte est la mise en place d’une réponse collective des 27 à la crise migratoire. En revanche, si 10 sujets étaient à traiter dans le cadre de ce texte, ce ne sont finalement que la moitié des dossiers qui ont été adoptés. La réforme se trouve donc moins conséquente qu’escomptée.
Et ces dossiers, quels sont-ils ?
Tout d’abord, dès leur arrivées sur le sol, les ressortissants seront soumis à un prélèvement biométrique, dont les données seront conservées sur une base de données à laquelle aura accès Europol. Le pays d’origine fera également l’objet de vérifications, pouvant amener à un refoulement si la personne n’est pas “persécutée” ou ne provient pas d’un pays en guerre.
Ce texte permettra également aux États membres en difficulté dans leur gestion des arrivées de demander de l’aide aux pays moins touchés, qui pourra passer par des soutiens matériels ou financiers. Ce mécanisme de solidarité a d’ailleurs fait l’objet de vives critiques de la part de la Hongrie qui refuse corps et âme de soutenir les autres États sur la crise migratoire.
Ce texte a également été dénoncé par plusieurs ONG.
Oui, un collectif regroupant une quinzaine d’ONG dénonce un texte qui, je cite, “causera plus de morts en mer”. L’eurodéputé Damien Carême dénonce quant à lui un texte qui irait à l’encontre des valeurs de l’Europe.
Concluons ce journal en Pologne, où le nouveau gouvernement emmené par Donald Tusk a procédé au licenciement des dirigeants des médias d’État.
Les médias publiques étaient régulièrement accusés d’être le relais du parti Droit et Justice, et du précédent Premier ministre Mateusz Morawiecki. Le PiS a longtemps été critiqué pour sa mainmise sur le monde médiatique polonais. On pense notamment au rachat en 2020 du géant des médias Polska Press par la société PKN Orlen, une société dirigée par des proches de PiS.
Chiffre évocateur de la dégradation de l’indépendance de la presse ces dernières années, alors que la Pologne était 18e de classement de Reporter Sans Frontières en 2015, elle n’est aujourd’hui qu’à la 57e place.
Ces licenciements, s’ils étaient attendus, ont toutefois provoqué la colère du PiS.
Oui, des membres du parti conservateur et eurosceptique ont d’ailleurs occupé le siège de la chaîne de télévision publique TVP dans la nuit du 19 au 20 décembre. Mateusz Morawiecki a dénoncé sur le réseau social X, des actions, je cite “illégales” du gouvernement. Des manifestations ont d’ailleurs été annoncées dans la soirée.
Ces événements sont une nouvelle preuve de la volonté de tourner le plus vite possible la page du gouvernement Morawiecki.
Le nouveau gouvernement en place depuis quelques jours à peine a fait de la restauration de la pluralité des médias une de ses priorités. La nouvelle coalition au pouvoir a d’ailleurs fait voter une résolution appelant au retour de l’ordre légal, de l’impartialité et de la crédibilité des médias.
Un journal de Joris Schamberger et Thomas Kox