Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Ukraine : rencontre à Berlin lundi ; Zelensky renonce à l’OTAN ; frappes meurtrières ce weekend ; avancée à Koupiansk
- Mercosur
- Hongrie : 50 000 manifestants demandent démission de Orban pour maltraitance infantile
On commence ce journal à Berlin, où Volodymyr Zelensky doit rencontrer ce lundi les deux émissaires américains, Jared Kushner et Steve Witkoff. Les discussions, ouvertes ce dimanche, incluent également les dirigeants français, allemand et britanniques.
Oui, avec ces mêmes exigences qui ne quittent jamais la table des négociations : établir des garanties de sécurité pour l’Ukraine, mettre en place un cessez-le-feu et remanier le plan Trump, pour le rendre moins favorable à Moscou, tel qu’il l’était à l’origine. Lors d’une conférence de presse en ligne tenue dimanche, Volodymyr Zelensky a dit ne toujours pas avoir reçu de réponse concernant la version du plan présentée à Washington mercredi dernier.
Quelques heures plus tard, il rappelait qu’il souhaitait convaincre les Etats-Unis de mettre en place un cessez-le-feu, impliquant un gel de la ligne de front, et non céder le Donbass à Moscou comme cela a été proposé ces derniers jours par l’Ukraine.
Mais l’obtention de garanties de sécurité, surtout si elles sont juridiquement contraignantes, est particulièrement difficile à négocier.
Oui, et que ce soit auprès des alliés américains ou européens de l’Ukraine. Le président Volodymyr Zelensky a fait part de ses troubles à ce sujet : “Les Russes auraient dû être condamnés, il y a plus de dix ans, pour leur invasion de [...] l’Ukraine. Cela n’a pas été le cas ; il ne s’est agi que de vaines paroles”.
Or, si l’Allemagne ou la France soutiennent entièrement cette exigence - sans laquelle “il n’y aura pas d’autres discussions” a prévenu l’Elysée - Berlin et Paris ne sont pas capables, à eux seuls, d’en assumer la charge. L’UE, le Royaume-Uni, le Canada ou le Japon attendent que Washington confirme son éventuelle participation militaire pour s’y associer. Alors seulement, ils pourront, ensemble, mettre en œuvre des garanties de sécurités contraignantes à l’encontre de la Russie.
À long terme, l’Ukraine aurait pu bénéficier du soutien militaire de l’OTAN, mais sa demande d’adhésion pourrait être abandonnée.
Oui, alors que la guerre se prolonge et que la Russie a lancé, la semaine dernière, plus de 1500 drones d’attaques et près de 900 bombes guidées vers l’Ukraine selon le président, la question de l’OTAN bloque les négociations : “Certains partenaires de l’Ukraine n’ont pas soutenu cette voie” a expliqué Volodymyr Zelensky. Washington, Bruxelles et Kyiv discutent donc d’une nouvelle voie, qui pourrait prendre la forme d’une clause d’assistance mutuelle, copiée sur l’article 5 de l’OTAN.
Pour l’instant, la participation du président américain à de potentielles garanties de sécurité ne se résume qu’à des propos assez vagues. Même l’article 5 peut, selon lui, “s'interpréter de plusieurs façons”...
On continue ce journal à Bruxelles, où la présidente de la Commission européenne peine à obtenir l’aval des 27 avant la potentielle signature, samedi prochain, du traité commercial du Mercosur.
Oui, Ursula von der Leyen espère conclure le 20 décembre, au Brésil la signature du traité avec l’Amérique latine, dont les négociations ont débuté il y a un quart de siècle. Alors que le moment de vérité approche, impossible d’obtenir l’aval de certains Européens, à commencer par la France qui reprochait à Bruxelles lundi de ne pas trouver son compte “à ce stade, pour protéger les agriculteurs français”.
Si Emmanuel Macron a demandé un report de l’examen de l’accord, la Commission a répliqué qu’elle maintiendrait son agenda pour, je cite, “la signature de cet accord crucial, tant sur le plan économique que diplomatique et géopolitique”. Un bras de fer entre Paris et Bruxelles, incarné par plusieurs manifestations : jeudi, les syndicats agricoles tablent sur 10 000 manifestants à Bruxelles en marge du sommet européen.
A ce stade, il semble improbable qu’Ursula von der Leyen obtienne l’accord des Etats membres.
Oui, l’accord nécessite une majorité qualifiée au Conseil, donc au moins 15 des 27 Etats membres de l’UE. Un vote est prévu cette semaine avant le départ de la Présidente de la Commission pour le Brésil, mais difficile d’en prévoir le résultat : beaucoup craignent que l’intégration des agriculteurs sud-américains au marché européen brise l’équilibre en place.
Pour sortir d’une impasse de longue date, la Commission est passée à l’offensive : ciblant les gouvernements sceptiques et les lobbies agricoles, elle a dévoilé une série de mesures de protection, dont des mesures de sauvegarde d’urgence en cas de trop forte concurrence pour les agriculteurs européens.
La position de certains pays, pas encore dévoilée, pourrait peser sur la balance.
Oui, à commencer par l’Italie. Si la Pologne ou la France semblent fermement ancrés dans leur position, Rome, elle, n’a toujours pas clairement affiché ses envies. Or, son soutien pourrait suffir à obtenir la majorité qualifiée - une position cruciale donc, qui fait craindre des demandes de dernière minute, difficiles à refuser.
On termine ce journal en Hongrie, à Budapest, où ont défilé plus de 50 000 manifestants samedi pour demander la démission de Viktor Orban, le Premier ministre, et de son gouvernement. Une colère massive déclenchée par la révélation de maltraitances dans l’aide sociale à l’enfance du pays.
Oui, un rapport officiel de 2021, diffusé par le chef de file de l’opposition, Péter Magyar, et qui révèle, tenez-vous bien, qu’un mineur sur cinq dans les institutions publiques a été victime de maltraitance. Accusé d’inaction, le gouvernement de Viktor Orban fait déjà l’objet de plusieurs scandales dans le domaine ; ce que ne manque pas de pointer du doigt Péter Magyar, en tête des sondages pour les prochaines élections. Une vidéo, notamment, devenue virale la semaine dernière, montre le responsable par intérim du centre pour jeunes en train de tabasser l’un de ses pensionnaires.
Pire : il remplaçait le directeur de l’établissement, car celui-ci a été placé en garde à vue ; il aurait dirigé un réseau de prostitution et soumis des mineurs à des abus physiques et sexuels. Depuis son arrestation, en plus de celle de quatre autres membres du personnel, le gouvernement a décidé de placer les centres de détention pour mineurs sous supervision policière. Quant au ministère de l’éducation, il a été placé par Viktor Orban sous la tutelle du ministre de l’Intérieur.
Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.