Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction Euradio à Bruxelles. Avec Giona Melotto, Margot Klein, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme:
- La Géorgie prépare ses élections législatives alors que Bruxelles accuse le pays de recul démocratique.
- Ursula Von der Leyen attaque Viktor Orban lors d'un débat houleux au Parlement à Strasbourg.
- En Slovaquie, le premier ministre Robert Fico affirme que l'Ukraine ne rejoindra pas l'OTAN tant qu'il sera au pouvoir et accuse les médias d'opposition de son pays.
Bonjour, ouvrons ce journal en Géorgie, où ce pays du Caucase prépare les prochaines élections législatives. Des élections qui s’annoncent déterminantes pour la région et pour les relations entre la Géorgie et l’Union européenne.
Le scrutin se déroulera le 26 octobre dans le pays. Le parti au pouvoir depuis 12 ans, le Rêve Géorgien, est en tête des sondages pour le moment. Celui-ci est fortement critiqué par Bruxelles pour ses politiques jugées autoritaires. Dans une résolution adoptée ce mercredi 9 octobre, le Parlement européen a d’ailleurs encore dénoncé le recul démocratique de la Géorgie.
Pourtant, 80% des Géorgiens souhaitent rejoindre l’UE, selon les sondages. Une volonté de rapprochement avec Bruxelles qui mobilise la société géorgienne, comme l’ont illustré de nombreuses manifestations dans le pays suite au vote par le parlement à Tbilissi de lois inspirées du modèle russe et jugées liberticides.
La Géorgie, qui était devenue candidate officielle à l’Union européenne en 2023, s’est vue retirer ce statut en juillet de cette année : Bruxelles a en effet gelé le processus, suite à une loi sur “l'influence étrangère” jugée incompatible avec le droit européen. Le parti du “Rêve Géorgien” a été fondé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili, qui aurait de nombreux liens avec Moscou. Depuis l’arrivée au pouvoir du Rêve Géorgien, la Géorgie a notamment repris d’importants rapports commerciaux avec la Russie même si elle n’entretient pas de liens diplomatiques avec son grand voisin.
Mr. Ivanichvili affiche pourtant une position pro-Europe et a continué les négociations avec l’Union européenne depuis son arrivée au pouvoir.
En effet, le fondateur du “Rêve Géorgien” fait campagne pour un renforcement des liens avec l’Union européenne. En même temps, il n'a cessé d’insister sur la souveraineté de la Géorgie, affichant des positions anti-occidentales notamment sur la guerre en Ukraine.
Les enjeux des élections du 26 octobre prochain sont donc très importants pour les futures relations entre l’Union européenne et la Géorgie. Bruxelles craint que le pays ex-soviétique, dont 20% du territoire de fait sous contrôle russe depuis la chute de l’URSS, ne se tourne encore davantage vers Vladimir Poutine dans le cas où le parti du Rêve Géorgien l’emporterait.
La classe politique est particulièrement polarisée et le leader du principal parti d’opposition : le Mouvement National Uni, et ex-président pro-occidental Mikheïl Saakachvili est d’ailleurs emprisonné. La présidente Salomé Zourabichvili, opposante au Rêve Géorgien, a de son côté gagné en popularité dans le camp pro-europe et espère unir les partis d’opposition afin de l’emporter sur le Rêve Géorgien.
Le parti du rêve géorgien tente d'ailleurs de destituer la présidente dont le mandat se termine pourtant prochainement.
Continuons notre tour de l’actualité en évoquant un débat houleux entre Viktor Orban et Ursula von der Leyen au parlement européen à Strasbourg, où la présidente de la Commission Ursula Von der Leyen a vivement attaqué le premier ministre hongrois lors d’un débat.
Lors d’un débat ce mercredi, les deux dirigeants ont exposé leur vision radicalement différente sur l’avenir de l’Europe. Le premier ministre hongrois a été fortement critiqué par ses homologues suite à sa visite à Moscou en juillet, qu’il avait effectuée alors qu’il assure la présidence tournante du Conseil de l’UE. C’est dans ce cadre que Viktor Orban s’est exprimé à Strasbourg les 8 et 9 octobre.
Le premier ministre nationaliste hongrois a en effet affirmé que “L’Europe doit changer”, une déclaration qui lui a valu des critiques d’autoritarianisme et de propagande de la part des députés présents. Le dirigeant hongrois entend par “changement” une régulation bien plus stricte de l’immigration et une stratégie différente de l’Europe en Ukraine, qui passerait par un dialogue avec le Kremlin, ce que Bruxelles refuse.
Sur la question de l’Ukraine, Ursula von der Leyen est très claire: “nous devons continuer à renforcer la résistance de l'Ukraine avec un soutien politique, financier et militaire".
La Présidente de la Commission a continué, en comparant les révolutions hongroises de 1956 à la résistance ukrainienne. Une analogie que Viktor Orban n’a pas appréciée.
La Hongrie, qui est le pays le plus corrompu de l’Union européenne selon le classement de l’ONG Transparency International, a également été critiquée par Mme Von der Leyen pour ses paradoxes. La présidente de la Commission a en effet accusé la Hongrie de laisser des ressortissants russes entrer en Hongrie sans contrôles supplémentaires, ainsi que d’autoriser la police chinoise à opérer sur son territoire.
Passons désormais au dernier sujet du jour. Le premier ministre slovaque Robert Fico a récemment fait parler de lui en affirmant que l’Ukraine ne rejoindrait pas l’OTAN tant qu’il serait au pouvoir.
Une adhésion à l’OTAN nécessite un vote unanime de la part des pays membres, ce qui risque d’être difficile pour l’Ukraine tant que plusieurs pays membres de l’alliance atlantique se montrent réticents. Le premier ministre slovaque est en effet connu pour ses positions pro-russes, et a notamment déclaré vouloir continuer à entretenir des relations commerciales et diplomatiques avec la Russie si la guerre se termine durant son mandat.
Ses positions pro-russes s’ajoutent à des attaques en règle des médias d’opposition dans son pays qui suscitent des crispations
Oui, ce mardi 8 octobre, Robert Fico a fait réagir ses opposants en insultant des journalistes, et en menaçant d’imposer des restrictions sur les médias slovaques. Il a en effet évoqué la possible création d’une “autorité nationale des médias”. Ses opposants dénoncent une censure gouvernementale, digne, je cite, d’une politique autoritaire de la Corée du Nord. Ce n’est pas la première fois que Robert Fico s’en prend aux médias; Un communiqué de différents organismes qui observent la liberté de la presse dans le monde avait déjà alerté plus tôt cette année sur le remplacement de la chaîne publique RTVS par la chaîne STaR, média contrôlé par le gouvernement.
Un journal de Giona Melotto et Margot Klein.