En Europe, la Suède fait figure d'exception en ces temps de crise sanitaire. Pas de confinement, écoles et commerces ouverts et presque pas d’amendes. Julia Natri, Suédoise et ancienne journaliste de l’académie Euradio, nous explique la situation.
"Ici, en Suède, le gouvernement laisse l'agence de santé publique prendre les décisions. Ce groupe d'épidémiologistes est représenté par Anders Tegnell, qui prend la parole en public."
"Les décisions sont les suivantes : il y a eu interdiction des rassemblements de plus de cinquante personnes. Dans les restaurants et les bars, le service se fait à table et il y a des distances entre les tables. Et dans les transports publics on ne monte pas par l'avant pour ne pas contaminer le chauffeur. Mais si on compare au reste de l'Europe, il n'y a pas de confinement strict."
Des décisions gouvernementales qui se tournent vers un objectif : l’immunité collective. Un choix qui met la Suède, plus touchée que ses voisins scandinaves, sous le feu des critiques. Mais alors même que les mesures sanitaires sont de moins en moins respectées, une grande partie de la population supporte les choix du gouvernement.
"Je remarque qu'il y a un relâchement général. On respecte de moins en moins les distances, très peu de gens portent des masques. Hier j'étais dans un restaurant, c'était bondé. Je n'ai pas l'impression que les Suédois se restreignent beaucoup."
"Les Suédois se rangent derrière leurs leaders. Quand les chefs politiques décident quelque chose les gens se disent : bon c'est la voie qu'on a choisie, ce sont les décisions qu'on a prises, on s'y tient et on suit. Est-ce la bonne manière de gérer la crise ? Je ne peux pas répondre. Mais je pense que maintenant que le gouvernement a choisi cette direction ils vont continuer dans la même lignée, bien qu'il y ait des critiques de toutes parts."
"Cette semaine, on a eu beaucoup de chiffres. Quand on compare avec la Finlande, pays semblable à la Suède, on est sept fois plus touché en nombre de morts par habitant ; on a aussi sept fois plus de patients en soins intensifs. Donc oui, la Suède est beaucoup plus touchée. Est-ce que ça vient de la manière dont nous gérons la crise? On ne le sait pas, peut-être. Mais ça on va s'en rendre compte dans quelques mois, voire dans quelques années."
Pour le moment l’Organisation mondiale de la santé affirme que rien ne prouve l’efficacité de l’immunité collective. De plus cette stratégie pose des questions éthiques, car nous ne sommes pas tous égaux face à la dangerosité de ce virus.