En Italie, Just Eat a récemment décidé de régulariser ses coursiers. La plateforme de livraison de repas a en effet signé un contrat avec les partenaires sociaux qui intègre le métier de livreur au sein de la convention collective pour le secteur de la logistique et des transports. Cela veut dire que les coursiers de Just Eat se verront reconnaître les garanties associées au contrat de salariés, telles que, entre autres, les congés payés ou les congés de maternité et paternité.
Les coursiers italiens et nantais contre la précarité de leur statut
Lorenzo est membre de Riders Union Bologna, un groupe informel de livreurs luttant pour une pleine reconnaissance de leurs droits. Il commente ainsi la décision de Just Eat :”C’est une décision historique. Une grande multinationale du secteur de la livraison des repas envisage un plan de recrutement à travers des vrais contrats de travail, en se référant à la convention collective déjà existante dans le secteur. Le problème, c’est que ce contrat présente des dérogations, notamment sur le salaire horaire et le dispositif du travail occasionnel.”
De plus, les collectifs mineurs de coursiers en Italie, comme Riders Union, ont été exclus de la signature du contrat. Pourtant, ce sont leurs initiatives, comme les journées de grève, qui ont mis la pression sur Just Eat. Leur association est aussi un espace d’écoute, comme Lorenzo l’explique : “Notre assemblée réunit des coursiers de toutes les plateformes qui travaillent à Bologne. On discute des différents problèmes liés au travail, on crée des espaces d’entraide, comme des ateliers collaboratifs où réparer son vélo à bas prix ou des points de conseil juridique où demander du soutien.”
Les coursiers italiens ne sont pas les seuls à se réunir pour faire face à leur situation précaire. A Nantes, l’association Les Coursiers Nantais est née en 2017 et s’est ensuite transformée en coopérative, dont François est aujourd’hui le gérant. Il raconte : “La volonté, c’était de prendre le modèle de Deliveroo ou Uber Eats et d’en faire totalement l’inverse : tout le monde, chez nous, est salarié, avec possibilité de devenir associé au bout d’un an d’ancienneté, et le matériel est entièrement fourni. Les planning sont fixes, sans heures vides où on attend des livraisons sans être payés.”
Le but commun de ces deux associations, c’est de rendre le travail des coursiers moins précaire. Au sein de l’Union européenne, 24 millions de personnes ont déjà travaillé par l’intermédiaire d’une plateforme numérique. La Commission européenne a en effet lancé des consultations pour réguler le travail par le biais de ces plateformes. Protection sociale des travailleurs, gestion des algorithmes… Les points que la Commission européenne et les partenaires sociaux devront traiter au sein de ces consultations sont encore nombreux et délicats.